Championnats du Monde ITT 2023 Preview

Situé à une quarantaine de kilomètres au nord-Est de Glasgow, le championnat du monde du c.l.m aura lieu à Stirling. Un parcours d’une longueur plus proche de ce qu’on peut attendre pour un championnat du Monde, en comparaison des 34 km de l’année dernière. Championnats du Monde ITT 2023 Preview.


Le Parcours

Il n’y aura rien à signaler sur les 7.6 premiers kilomètres du parcours où les coureurs pourront faire parler leur puissance. Premier virage donc au km 7.6 sur la droite qui va déboucher sur une nouvelle ligne droite longue de 3.5 km avant un virage sur la gauche, au kilomètre 11.1.

Les 7 kilomètres qui suivront seront un peu plus vallonnée, pas beaucoup de pourcentages mais les courtes côtes et descentes vont s’enchaîner jusqu’à la sortie de Thornhill au km 17.8.

Au kilomètre 12, une courbe sur la droite qui se referme sera à noter. Dans Thornhill, il y aura un virage à gauche à négocier au kilomètre 17.6 qui va déboucher sur une courte descente de 500 m ondulante, avec la présence notable de mobilier urbain qui va réduire la chaussée.

Les coureurs vont enchaîner sur une portion de 3.4 km sans difficultés jusqu’à un virage serré sur la droite au kilomètre 21.5. Rien à signaler sur le kilomètre suivant, jusqu’à ce que les coureurs doivent négocier un S avec un second virage qui referme sur la gauche. Il y aura un rond point 300 m plus loin, au kilomètre 22.9.

km 18.1 à 22.9

Les 3.3 km qui suivront la sortie de ce rond-point seront en ligne droite et plats. Une portion vallonnée va suivre sur les 4.5 km suivant.

La route va tout d’abord commencer à s’élever au kilomètre 26.3 avant que les coureurs ne doivent négocier un virage serré à 180° au kilomètre 26.8. Le parcours va rester vallonné sur les 2.7 km suivant jusqu’au centre de Kippen au kilomètre 29.5 où les coureurs atteindront le sommet de la côte. Les coureurs prendront alors à gauche pour aborder la descente longue d’un kilomètre, légèrement ondulante.

Au kilomètre 31, les coureurs reviendront au rond-point traversé quelques minutes auparavant, rond-point qui va déboucher sur une ligne droite de 3.3 km avant un virage sur la droite au kilomètre 34.3.

La route va commencer à légèrement s’élever au kilomètre 34.8 avec une courbe sur la gauche qui va emmener les coureurs jusqu’à Gargunnock où une côte de 500 m à 5 % les attend.

km 30.6 à 36.4
Côte de Gargunnock

Suivra ensuite une descente de 1.2 km avec une courbe sur la gauche à négocier au kilomètre 37.5 à la fin de cette descente. Virage à 90° sur la droite au kilomètre 37.9 qui va déboucher sur une ligne droite de 2.1 km. Les coureurs vont alors bifurquer légèrement sur la droite et aborder une portion légèrement vallonnée et plus ondulante sur 2.6 km.

km 36.4 à 42.7

La route va s’élever au kilomètre 42.7 et rester vallonnée jusqu’avant l’entrée de Cambusbarron au kilomètre 44.2. Les coureurs bifurqueront sur la gauche et vont parcourir 1.3 kilomètres avant le virage suivant à un rond-point. Les ronds-points vont s’enchaîner sur le kilomètre qui va suivre, il y en aura 3 autres à négocier. A la sortie du dernier rond-point, les coureurs vont emprunter une ligne droite de 400 m pour aller chercher le pied de la dernière côte.

km 42.7 à 47
Côte de Cambusbarron

La montée vers le chateau est longue de 800 m à 6.2 % de moyenne. La partie centrale sera la plus pentue avec des rampes atteignant les 11% entre 600 et 400 m de l’arrivée. La côte est pavée dans sa dernière partie et particulièrement difficile à gérer en fin de parcours, comme nous avons pu le voir sur la course u23.


Météo

Entre 15h et 17h les conditions météo devraient être assez identiques pour les coureurs. Un vent en provenance du sud-ouest soufflant à un peu moins de 20km/h sur l’ensemble du parcours. Un vent plutôt de 3/4 face sur les 26 premiers kilomètres avant de devenir plutôt favorable dans sa seconde moitié.


Les Prétendants

Evenepoel est très certainement le grand favori pour cette épreuve chronométrée. Le jeune belge est un des tout meilleurs rouleurs au Monde, il l’a prouvé à maintes reprises. 3 victoires cette années, deux fois second en Suisse et 4e de ses championnats nationaux (à cause d’une chute).

Modèle d’aérodynamisme, Remco trouvera un parcours tout à fait à sa convenance avec de longs bouts droits sur lesquels il pourra faire parler sa puissance. Les quelques côtes sur la seconde moitié du parcours ne seront pas non plus un problème pour lui.

Pour revenir sur ses performances cette année, en mettant à part les championnats de Belgique, on peut s’interroger sur ses performances lors des 2 chronos du Tour de Suisse. Il est évident qu’il n’était pas à 100 % lors de cette épreuve, pourtant sur l’exercice solitaire il est assez étonnant de ne pas le voir rouler (sans jeux de mots) sur la concurrence. Le voir être battu par Küng n’est pas affolant, cela a déjà été le cas par le passé, notamment lors des derniers championnats du Monde. Mais le voir derrière Ayuso sur le second chrono était plus surprenant, même si l’espagnol a fait de gros progrès, il est tout de même dans une autre catégorie que ce qui se fait de mieux dans l’exercice.

S’il était assez évident que le parcours de la course en ligne n’était pas adapté à ses qualités, sa forme peut malgré tout poser question. Il s’est souvent retrouvé dans les seconds groupes lorsque les cassures avaient lieu, et il se retrouve hors jeu finalement assez loin de l’arrivée. On le sait cependant, le c.l.m est son gros objectif sur ses championnats, et Remco passe très rarement à côté de ses objectifs. Avec la Vuelta dans le collimateur, on peut imaginer que son pic de forme soit programmé un peu plus tard fin août / début septembre, ce qui pourrait être une des raisons à sa contre performance sur l’épreuve en ligne. Le fait d’avoir dû quitter le Giro l’a forcé à revoir ses plans pour la fin de saison, il est possible que sa condition pour ces championnats du Monde ne soit pas celle qu’il aurait voulu au moment de préparer sa saison.

En prenant cela en compte, pourrait-il se retrouver un peu court sur un chrono aussi long ? La distance ne devrait en théorie pas lui poser de problème, mais le doute reste permis malgré tout avec ce que nous avons pu voir. Remco n’en reste pas moins un spécialiste de la discipline, et les statistiques parlent pour lui : depuis 2022, il n’est jamais sorti du top 3 des chronos auxquels il a pris part (mis à part sa 4e place sur les championnats de Belgique 2023).

Sauf catastrophe, il est quasiment certain que le jeune belge terminera sur le podium, vraisemblablement entre la 1ère et la 2ème place.

La Belgique a la chance de compter dans ses rangs un second spécialiste en Van Aert. Second de l’épreuve en ligne dimanche, Wout est en excellente forme. Pourtant cette année il n’a pas semblé impérial, loin de là. Tout d’abord, il a décidé de faire le chrono de Tirreno totalement en dedans, prenant la 45e place au final. Un évènement pour celui qui n’avait jamais quitté le top 5 de ses chronos depuis 2018 ! 3e et 5e des chronos en Suisse, il n’y avait pas été impressionant non plus.

3e du chrono du Tour, il fini certes loin de Vingegaard et Pogacar, mais c’est le peu d’avance qu’il avait sur Bilbao et Yates qui laisse penser que sa prestation n’était pas si incroyable. Certes, le parcours était particulier, mais normalement rien qui aurait dû l’empêcher de finir avec plus d’avance sur ses concurrents directs. Dans l’ensemble, c’est toute sa saison de chrono qui ne laisse pas un souvenir impérissable en comparaison de ce qu’il avait pu montrer par le passé.

Si on se base sur ses prestations récentes, et non pas sur les qualités qu’on lui connaît habituellement, il est un cran en dessous dans la hiérarchie des favoris par rapport à son compatriote.

Ancien double champion du Monde de l’exercice, Ganna a dû laisser sa couronne à Foss l’année passée, terminant à près d’une minute du norvégien. De manière générale, ses chronos de 2022 étaient moins impressionnants que ceux des deux précédentes saisons. L’italien semblait moins voler au-dessus de la concurrence et était régulièrement battu.

Des résultats qui pouvaient s’expliquer par une saison où il commençait à vouloir devenir un coureur plus polyvalent, mais aussi et surtout des résultats impactés par sa préparation physique et mentale pour le record de l’heure.

Niveau transition et polyvalence, 2023 aura été une saison réussie avec plusieurs podium sur les CG de courses d’une semaine et une victoire au général du Tour de Wallonie, ainsi qu’une seconde place sur Milan – Sanremo et une 6e place sur Paris – Roubaix.

Quid de ses performances contre-la-montre ? Il termine sur le podium des 5 chronos auxquels il prend part cette année, avec 3 victoire à la clef. Dernièrement, il s’impose devant la jeune pépite Tarling sur le Tour de Wallonie pour 8 secondes. Si sa prestation a pu soulever quelques interrogations, Ganna n’étant pas aussi dominateur qu’attendu, Pippo et Cioni ont déclaré que l’italien avait en effet connu quelques soucis ce jour-là. Des soucis qui n’étaient pas d’ordre physique mais liés au matériel qui ont pu être résolus ensuite.

Avant l’épreuve chronométrée sur route, Ganna s’est aligné sur la piste où il est allé chercher l’argent dans la poursuite par équipe et l’or en individuel (course à laquelle il ne devait pas prendre part jusqu’à la veille des qualifications). Il a lui-même dit dimanche que ses jambes n’étaient pourtant pas aussi bonnes qu’il l’espérait, dû à la fatigue de la poursuite par équipe la veille. De plus, Pippo préparait la Vuelta avant de venir à Glasgow, il n’a donc pas pu préparer correctement les épreuves sur piste. Cela pourrait expliquer des performances qui ont semblé un brin en dessous des attentes (notamment sur la poursuite par équipe).

Ganna aura fort à faire face au grand favori Evenepoel qui l’a déjà battu plus tôt cette année sur le chrono d’ouverture du Giro. Après la reconnaissance du parcours, Pippo semblait plutôt satisfait du tracé où il estime qu’il sera possible de développer pas mal de puissance sur ce tracé.

Il est clair depuis 2020 que Pogacar est non seulement un coureur de classement général hors pair (Jonas mis à part) mais aussi un excellent rouleur, se situant dans le haut du panier pas si loin des spécialistes.

Une petite statistique intéressante le concernant : depuis 2020, il n’est sorti que 3 fois du top 5 des chronos auxquels il a prit part, dont deux fois lors des Championnats du Monde, en 2 tentatives. De manière générale, il n’avait jamais réellement performé sur les Championnats du Monde sur route jusqu’à cette année et sa 3e place.

Il a prit part au chrono des Championnats du Monde en 2021 (10e) et en 2022 (6e). Peut-il améliorer de nouveau sa performance pour sa 3e participation ? Cette année, le matériel UAE semble de bien meilleure facture que les précédentes saisons, les performances globales des coureurs montrent cela. De plus, la performance de Tadej sur le chrono du Tour (éclipsée par celle stratosphérique de Vingegaard) tend à montrer qu’il est tout à fait capable de se hisser au niveau des meilleurs.

La forme affichée dimanche dernier sur la course en ligne montre aussi que la condition physique est excellente. Des efforts qui pourraient cependant peser dans les jambes lors du chrono, il a dit en interview mercredi qu’il le sentait encore dans les jambes. Le slovène aurait certainement préféré un parcours plus vallonné afin de pouvoir équilibrer un peu plus la balance face aux purs spécialistes.

2″95, c’est le temps qui a séparé Küng de l’or mondial l’année passée à Wollongong. Le Suisse a cette capacité à être très régulier ces dernières années sur les chronos, mais tombe aussi régulièrement sur plus fort que lui lors des grandes échéances.

Il n’empêche, Stefan est un des tout meilleurs rouleur au monde, il l’a encore prouvé cette année en battant Evenepoel et Van Aert sur le chrono du Tour de Suisse ou encore en s’imposant sur celui du Tour d’Algarve en battant Ganna. Dans un grand jour, il est tout à fait capable de rivaliser avec ces hommes là. A l’inverse, on peut aussi citer ses 2 chronos sur le Giro qui auront été plutôt décevant dans l’ensemble.

Sa forme semble très bonne, en témoigne son étonnante 5e place lors de l’épreuve en ligne le week-end dernier. Nul doute qu’il mise beaucoup plus sur l’épreuve chronométrée qui reste sa spécialité. En espérant que les efforts fournis ne pèseront pas trop dans les jambes vendredi.

Assez peu de dénivelé et de bons bouts droit, le parcours de ces championnats du Monde semble lui convenir. Cependant, mis à part ses deux victoires sur le chrono de Nations en 2022 et 2021 (où l’adversité était moindre), Küng ne s’est jamais imposé sur un chrono de plus de 40 km. Un des grands prétendants au podium, mais il lui faudra ce petit plus qui lui a manqué notamment l’année dernière pour décrocher l’or.

Loin d’être au niveau auquel on pouvait l’attendre sur les chronos cette année, Bissegger n’est pas non plus connu pour être le plus performant sur les efforts longs.

Alors que nous avons longtemps attendu que Bjerg confirme ses 3 titres de champion du Monde du chrono U23, le déclic est enfin arrivé, et avec la manière. Le danois s’est en effet adjugé le chrono du Dauphiné devant son compatriote Vingegaard.

S’il a signé plusieurs top 10 cette année et les années précédentes, aucune autres de ses performances n’approche ce qu’il à montré ce jour-là. Cette performance coïncide avec le saut de qualité observé chez quelques coureurs du team UAE dans l’exercice, certainement dû à l’amélioration du matériel.

Difficile d’en faire un clair favori malgré tout, il n’a pas assez de référence concrète sur de si longues distances chez les élites pour cela. En revanche, il pourrait très bien être l’une des surprises de ce mondial.

Asgreen présente peut-être plus de garanties. Plusieurs fois champion national, il avait échoué au pied du podium lors des Mondiaux 2021 sur une distance assez proche de celle qu’il y aura à parcourir vendredi. Il a terminé le Tour en excellente forme, mais on l’a vu très vite mettre les warnings lors de l’épreuve en ligne des mondiaux, sur un parcours qui pouvait lui convenir sur le papier.

Quoi qu’il en soit, Kasper apparaît tout de même un ton en dessous des hommes cités plus haut. S’il devrait avoir les qualités pour accrocher le top 10, un top 5 serait déjà un résultat excellent.

La révélation de cette épreuve chronométrée pourrait très bien être le jeune Tarling. Âgé de seulement 19 ans, le britannique a choisi de s’aligner face aux “grands” lui qui avait la possibilité de prendre part à l’épreuve chez les U23.

Champion du Monde chez les juniors, Josh n’aura pas tardé à impressionner dès sa première année chez les pros : 2e du chrono de Bessèges, 2e du chrono du Tour de Wallonie à 8 petites secondes de Ganna et surtout champion national élite de l’exercice, rejetant Wright à plus d’une minute.

Si la question de la distance peut légitimement se poser, soyez rassurés. Le chrono national de Grande Bretagne était supérieur à 40 km, mais c’est surtout une autre performance réalisée début juin qui retient l’attention. Lors d’une épreuve chronométrée de 50 miles (soit 80 km), Tarling a remporté la victoire en couvrant cette distance en 1h35, à un peu plus de 50 km/h de moyenne. Sur route.

S’il ne devient pas champion du Monde cette année, il y a fort à penser que cela ne sera qu’une question de temps tant nous avons à faire à un monstre dans l’exercice. Un des plus grands, si ce n’est le plus grand prospect de la discipline.


Mes Choix

Je fais de Ganna mon favori à la victoire. Ces championnats du Monde sont un des grands objectifs de sa saison, le dernier pour être exact. Un parcours qui lui conviendra à merveille, où il pourra faire parler sa puissance. Il a paru déterminé et assez content de ce parcours après la reconnaissance. Bien qu’il ne soit pas au sommet de sa forme, Evenepoel devrait malgré tout être dans le match pour la première place, je le vois tout de même finir légèrement derrière Ganna. Enfin, petite surprise sur le podium avec la présence du jeune Tarling.


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