Présentation de la Course
Ce dimanche 16 avril aura lieu la 57e édition de l’Amstel Gold Race. La période des flandriennes ayant touché à sa fin, la course néerlandaise va ouvrir le bal du triptyque Ardennais : une semaine de course entre Pays – Bas et Belgique avec en point d’orgue Liège – Bastogne – Liège une semaine plus tard. La Preview de l’Amstel Gold Race 2023.
Après une édition 2021 particulière sur circuit, 2022 a vu le retour d’un parcours plus “classique” de l’Amstel Gold Race. Quelques changements sur cette édition 2023, majoritairement sur les 90 premiers kilomètres de course, qui devraient avoir une faible incidence sur le scénario de la course.
Nous allons donc retrouver ce qui fait la particularité de cette course, des routes étroites où le positionnement sera primordial et des successions de côtes qui viendront mettre à mal les jambes des coureurs. 253 kilomètres pour près de 3 300 m de dénivelé positif et 33 côtes répertoriées. Les puncheurs / grimpeurs vont pouvoir entrer en scène.
Le Parcours
Un parcours vallonné que l’on peut décomposer en 4 temps. Une première partie de 70 km, comportant les principales modifications en rapport à l’édition 2022. 6 côtes répertoriées sur cette première partie de course.
Côte | Distance (pente moyenne) | Placement |
Maasberg | 500 m (4.5 %) | km 12.3 |
Adsteeg | 500 m (4.8 %) | km 32.1 |
Bergseweg | 2 300 m (3.6 %) | km 49.1 |
Korenweg | 1 500 m (3.2 %) | km 51.6 |
Nijswillerweg | 1 000 m (3.5 %) | km 57 |
Rijksweg | 2 000 m (4 %) | km 67 |
La seconde partie du parcours est aussi la plus longue. C’est la boucle qui comportera le plus de côtes, avec pas moins de 15 ascensions répertoriées le long de ces 100 kilomètres. Cette boucle verra aussi le premier passage au sommet du Cauberg ainsi que le premier passage sur la ligne, à un peu moins de 80 km de l’arrivée.
Côte | Distance (pente moyenne) | Placement |
Wolfsberg | 1 100 m (2.6 %) | km 86.3 |
Loorberg | 1 400 m (5.2 %) | km 89.5 |
Schweibergerweg | 2 300 m (4.5 %) | km 102 |
Camerig | 3 700 m (4 %) | km 109.6 |
Drielandenpunt | 2 400 m (5.3 %) | km 120.1 |
Gemmenich | 800 m (6.6 %) | km 123.1 |
Epenerbaan | 1 400 m (5.4 %) | km 128.5 |
Eperheide | 2 300 m (4.6 %) | km 135.7 |
Gulpenerberg | 400 m (11 %) | km 143.7 |
Plettenberg | 1 000 m (4.3 %) | km 147.5 |
Eyserweg | 1 700 m (5.1 %) | km 151.1 |
St.Remigiusstraat | 1 000 m (7.7 %) | km 154.5 |
Vrakelberg | 500 m (8.8 %) | km 160 |
Sibbergrubbe | 1 500 m (4.6 %) | km 168 |
Cauberg | 800 m (7.5 %) | km 171.5 |
Après avoir passé une première fois la ligne d’arrivée, il restera encore près de 80 kilomètres à parcourir. Les coureurs entreront alors sur le troisième circuit qui marque l’entrée dans la partie décisive de l’épreuve. 10 côtes répertoriées sur cette section de 62 kilomètres.

Côte | Distance (pente moyenne) | Placement |
Geulhemmerberg | 900 m (6.2 %) | km 176 |
Keederberg | 1 600 m (4 %) | km 184 |
Bemelerberg | 900 m (5 %) | km 188.5 |
Loorberg | 1 400 m (5.2 %) | km 202.1 |
Gulperberg | 1 000 m (5.2 %) | km 208.7 |
Kruisberg | 700 m (8.4 %) | km 213.4 |
Eyserbosweg | 900 m (9.1 %) | km 215.6 |
Fromberg | 1 200 m (4.6 %) | km 220 |
Keutenberg | 1 600 m (5.3 %) | km 225.3 |
Cauberg | 800 m (7.4 %) | km 234.1 |
Cette portion est la portion clé de la course, là où les mouvements décisifs devraient se faire. Attention en particulier à l’enchaînement de côtes entre le Gulperberg (à 45 km de l’arrivée) et le dernier passage du Cauberg (à 19.5 km de l’arrivée).
Les routes seront étroites et les côtes raides, le Kruisberg et le Eyserbosweg en particulier.




Même en dehors des côtes elles-mêmes les routes resteront souvent étroites, ce qui n’aidera pas à chasser. Il faut tout de même noter qu’à compter de ce moment là, le peloton sera extrêmement réduit. Placé à moins de 30 km de l’arrivée, le Keutenberg sera aussi un beau terrain de jeu pour ceux désirant faire exploser la course.


Lieu d’arrivée de la course au début des années 2000, le Cauberg a perdu son statut de juge de paix au fur et à mesure, jusqu’à son retrait du final de la course en 2017. Depuis cette date, le dernier passage au sommet du Cauberg est situé à 19 kilomètres de l’arrivée.


Un nouveau passage sur la ligne à 16 kilomètres de l’arrivée marquera l’entrée sur le circuit final. Il restera deux côtes à franchir.

Côte | Distance (pente moyenne) | Placement |
Geulhemmerberg | 900 m (6.2 %) | km 238.5 |
Bemelerberg | 900 m (5 %) | km 248.4 |
L’arrivée reste la même au terme d’une ligne droite longue de près d’une kilomètre à Berg en Terblijt.
Météo
Peu de soleil et des températures autour des 12°. Il y a aussi des risques de pluie dans l’après-midi.
Vent en provenance du Nord à une vitesse de 15 km/h.
Le Scenario
La présence de Pogacar va de nouveau conditionner le scenario de course. Le fait qu’il s’aligne sur cette course va forcer ses adversaires à anticiper l’attaque de Tadej. UAE devrait travailler à 100 % pour son leader afin de contrôler l’échappée, jusqu’à ce que Pogacar enclenche. Les côtes ne sont jamais bien longues, mais certaines sont plutôt pentues et vont permettre au slovène de faire des différences. Il ne s’isolera peut-être pas dès le premier coup, mais la répétition des efforts entre le Gulperberg et la dernière ascension du Cauberg devrait avoir raison de ses adversaires dans le final.
Selon le vent de Nord annoncé, il devrait souffler de dos dans la montée du Keutenberg à un peu moins de 30 km de l’arrivée. C’est l’ascension la plus longue dans le final, celle qui conviendra le mieux à Pogacar avec notamment ses 400 premiers mètres aux très forts pourcentages. C’est ici que j’imagine le slovène s’isoler.
Si UAE parvient à maîtriser correctement les attaques et échappés, je pense que Pogacar sera très difficile à battre, car je ne vois personne en mesure de le suivre à la pédale. Cependant, rien n’est non plus gravé dans le marbre à ce point. Un mauvais placement lors de l’attaque d’un gros outsider pourrait lui coûter la victoire. Il faudra voir aussi s’il tient la même forme que lors de ses dernières courses. Si c’est le cas, il sera difficile de le suivre. Sinon, ses attaques pourraient être moins incisives que prévues et un petit groupe pourrait coller à sa roue. Dans ce cas, il lui sera difficile d’aller chercher tout le monde et un homme seul pourrait en profiter, car personne ne roulera pour Pogacar derrière.
Les Prétendants

Pogacar est évidemment le grand favori, encore plus en l’absence des 2 autres fantastiques. Il n’a été battu que deux fois à la régulière cette année, une fois par Wout, et une fois par Mathieu. Est-ce que quelqu’un peut réussir cela dimanche ? J’ai déjà évoqué les différents scenarii et pour moi celui d’un Pogacar au-dessus de la concurrence arrivant en solo tient la corde. L’homme à battre demain.

Pidcock réalisait un bon début de saison, avec en point d’orgue sa victoire sur les Strade Bianche, jusqu’à ce coup d’arrêt après Tirreno. Deux chutes et un protocole commotion qui l’aura tenu loin du vélo pendant 4 jours, lui faisant manquer Milan – Sanremo. Sa prestation moyenne sur le Tour des Flandres s’explique en grande partie, selon son entraîneur, par le fait qu’il ait manqué MSR. Sa préparation pour le triptyque ardennais a été adaptée en conséquence pour lui permettre d’y jouer les premiers rôles. Deuxième en 2021 et 11e l’année passée en étant actif et présent au premier échelon de la course. Un parcours qui lui convient parfaitement et un des hommes capable de battre Pogacar en cas de sprint réduit. Son état de forme étant incertain, difficile d’affirmer qu’il sera en mesure de suivre le slovène lorsque celui-ci va mettre en route.

Sa 3e place sur la Flèche Brabançonne a rassuré quant à l’état de forme de Cosnefroy à l’approche des Ardennaises, d’autant plus qu’il a dit avoir eu des “sensations moyennes” ce jour-là. Bien entendu, l’adversité sur l’Amstel ne sera pas la même que mercredi dernier, mais sa 2e place ici l’année dernière doit lui donner confiance en sa capacité à réaliser de belles choses. Coureur offensif possédant une très bonne pointe de vitesse, Benoît a des arguments à faire valoir.

Un bel effectif offensif emmené par EF ici avec deux noms en particulier qui sortent du lot. Citons tout d’abord Healy qui semble avoir des jambes de feu depuis le début de la saison. Coureur offensif qui semble tout de même parfois manquer de sens tactique. Vu sa forme, il tentera d’attaquer et sera un vrai danger en anticipation mais doit arriver seul s’il veut espérer s’imposer. Pas de références cependant sur des parcours aussi longs que l’Amstel.
Powless sera aussi présent demain. Si Healy réalise un très bon début de saison, que dire de celui de Powless. Sans parler de révélation (tout le monde connaît son potentiel), il s’est montré très fort et à l’aise sur tous les terrains. Assez rapide au sprint, son tempérament devrait tout de même le pousser à l’attaque et ne pas se reposer sur son sprint. Si les deux hommes décident de dynamiter la course, attention aux étincelles.

Le retour du duo Benoot / Valter ! Après un beau loupé sur les Strade Bianche, on peut imaginer que la communication sera bien meilleure ici entre les deux leaders. Deuxième en 2022, Tiesj s’aligne avec de très grandes ambitions sur l’Amstel après un stage d’une semaine au Mont Ventoux. Le hongrois va lui découvrir cette course et profitera de l’expérience de son équipier belge. Deux cartes très intéressantes, Benoot étant probablement l’option “offensive” avec un Valter plus attentiste dans les roues des adversaires, en contrôle. Un peu à l’image de Pidcock et Kwiatkowski l’année passée. Son manque de vitesse va forcer Benoot à arriver seul s’il veut espérer lever les bras sur la ligne. Un duo qu’il faudra tenir à l’œil demain.

Une nouvelle campagne de flandriennes décevante pour le Wolfpack, qui va espérer redresser la barre sur les Ardennaises. Pas d’Alaphilippe ni de Remco, l’équipe s’aligne sans réel favori à la victoire. Cependant, elle ne se présente pas totalement démunie. Entre la Coppi e Bartali et le récent Itzulia, Schmid a montré être en excellente forme ! Le parcours de l’Amstel devrait lui convenir, même si cela sera sa première participation. Une course qui colle à ses qualités et une excellente forme, le suisse sera très certainement la meilleure carte côté QS. On peut aussi citer Bagioli qui a réalisé de bons résultats cette année, dont dernièrement sur l’Itzulia, mais probablement un ton en dessous de Mauro.

En forme sur l’Itzulia, Higuita mérite d’être mentionné ici. Une seule participation à l’Amstel avec une 24e place en 2021, mais sur un parcours bien particulier. Le tracé doit convenir à un puncheur / grimpeur comme Sergio. Il pourra aussi compter sur sa pointe de vitesse au sprint qui sera sa meilleure arme dans le final. En cas d’arrivée groupée, très peu d’hommes parmi les favoris et outsiders seront plus rapides que lui.

Très bon début de saison de Gaudu qui a tout de même semblé un peu en dessous lors de l’Itzulia par rapport à ce qu’il a montré sur Paris – Nice. Il partagera le rôle de leader avec Madouas qui n’aura pas connu une saison de classique extraordinaire, avec même un abandon sur maladie lors du Ronde. Sa prestation sur Paris – Camembert l’aura tout de même rassuré sur son état de forme. Les 2 compères s’alignent avec ambition ici sur un parcours qui doit leur convenir. Dans leurs meilleurs jours, ils doivent faire partie de la tête de course pour jouer à minima le top 5, probablement plus Madouas que Gaudu.

Lutsenko a annoncé en début de saison délaisser les CG (du moins sur les Grands Tours) pour se recentrer sur les classiques, et notamment les Ardennaises. Un début de saison très moyen l’a vu passer un peu au travers de son premier objectif, les Strade Bianche. Cependant, c’est un Alexey en très bonne forme que l’on a retrouvé sur le Tour de Sicile, vainqueur de la dernière étape en solitaire et du général par la même occasion. La forme est excellente à la veille d’un de ses gros objectifs de la saison !
Mes Choix
Une victoire en solitaire de Pogacar pour moi sur cette édition de l’Amstel. Je m’attends à une bonne prestation et un bon résultat de Powless et Pidcock ,mais aussi de Lutsenko qui pourrait être la surprise de la course.