PARIS – ROUBAIX
256.6 km
Présentation de la Course
Ce dimanche 9 avril 2023 se tiendra la 120ème édition de Paris -Roubaix. Sans conteste une des courses les plus difficiles de l’année, un Monument qui tient une place de choix dans le cœur des fans et des coureurs eux-mêmes. Une course “faiseuse de roi” qui couronnera encore cette année un des forçats de la route. La Preview de Paris – Roubaix 2023.
Si des modifications ont eu lieu ici et là au fur et à mesure des années depuis 1896, les pavés en auront toujours été l’élément principal. Au fil du temps et du goudronnage des routes, de nouveaux secteurs pavés ont dû être explorés afin de permettre à la course de garder son originalité. C’est notamment dans cette optique qu’a été découvert La Trouée d’Arenberg en 1968, et que les secteurs de Mons-en-Pévèle (1978) et du Carrefour de l’Arbre (1980) ont été ajoutés. Trois lieux désormais emblématiques de l’Enfer du Nord !
Concernant le tracé de cette édition 2023, une différence en particulier est à noter par rapport à la dernière édition. Le changement effectué cette année interviendra juste avant le secteur d’Haveluy, avec la réintroduction du secteur d’Haspres (km 139,6), qui n’a plus été emprunté par la course depuis près de 20 ans. Conséquence de la réintroduction de ce secteur, la disparition des secteurs d’Haussy et Verchain, tous deux dans les premiers secteurs de la course.
256.6km au programme de cette 120ème édition. 29 secteurs pour près de 54.5km de ces routes pavées hors du temps. Sur les 20 dernières années, seuls 3 hommes ont réussi à s’imposer plus d’une fois sur le vélodrome de Roubaix : Museeuw, Boonen et Cancellara. Une course déjà difficile en soi, rendue encore plus dure par tous les ennuis mécaniques et chutes possibles. Des impondérables qui font aussi la beauté de cette course de légende, à l’image de son final placé dans le mythique vélodrome à ciel ouvert de Roubaix, théâtre de sprints mémorables. Bienvenue dans l’Enfer du Nord.
Les Dernières Editions
Paris – Roubaix 2016 : Vainqueur – M. Hayman
Sagan et Cancellara piégés par la Quickstep de Boonen avant même la Trouée d’Arenberg ne pourront jamais revenir sur le groupe du belge, qui rentre sur ce qui reste de l’échappée matinale. Ecrémage constant jusqu’à l’attaque de Stannard dans le secteur de Camphin en Pévèle, à moins de 20km de l’arrivée. Seuls 4 hommes peuvent le suivre. Hayman, présent dans l’échappée matinale, règle le sprint à 5 devant Boonen.
Paris – Roubaix 2017 : Vainqueur – G. Van Avermaet
Distancé à 100 km de l’arrivée avant la Trouée d’Arenberg, Van Avermaet pris dans une chute parvient à rentrer sur le peloton une vingtaine de kilomètres plus loin, malgré le gros rythme imposé par Boonen et la QuickStep. L’attaque décisive se fait à 15 km de l’arrivée dans la section du Carrefour de l’Arbre, où GVA, Stybar et Langeveld prennent le large dans le groupe de tête. Repris par Moscon et Stuyven dans le vélodrome, GVA s’imposera tout de même au sprint.
Paris – Roubaix 2018 : Vainqueur – P. Sagan
A 54km de l’arrivée, Sagan décide de sortir seul du peloton pour faire le jump et combler le trou de 30sec avec les échappés de la première heure. La sélection s’opère naturellement et à 25km de l’arrivée, Sagan et Dillier ne sont plus que deux à l’avant. Sagan s’impose au sprint sur le vélodrome.
Paris – Roubaix 2019 : Vainqueur – P. Gilbert
Le premier mouvement décisif à lieu à 67 km de l’arrivée, juste avant le secteur 14. Gilbert, Politt et Selig s’extirpent de ce qui reste du peloton. Dans le peloton, accélération de Sagan dans le secteur 12, ils sortiront à 4 pour finalement revenir sur Gilbert et Politt à l’avant, juste avant le secteur de Mons en Pévèle. 3 km avant l’entrée sur le secteur de Camphin en Pévèle, attaque de Gilbert avec Politt et Sagan. Nouvelle accélération à 14.5 km dans le secteur de Gruson par Politt, seul Gilbert peut suivre. Victoire au sprint de Gilbert face à l’allemand.
Paris – Roubaix 2021 : Vainqueur – S. Cobrelli
Un Paris – Roubaix couru dans des conditions dantesques où la pluie et la boue sont de la partie. Une grosse échappée d’une trentaine de coureurs s’extirpe du peloton assez tôt. Dans le dernier quart de la course les échappés ne seront plus que 3 à l’avant : Vermeersch, Van Asbroek et Moscon. L’italien distancera ses compagnons dans le secteur 12 à un peu plus de 50 km de l’arrivée. Derrière, il y a du mouvement dès la Trouée d’Arenberg. Colbrelli anticipe dans le groupe des favoris à plus de 80 km de l’arrivée et part en chasse des échappés. Van der Poel fait exploser le groupe des favoris à 68 km de l’arrivée dans le secteur 15 afin de rentrer sur le groupe Colbrelli.
Alors qu’il semblait en mesure de tenir tête à ses poursuivants, tout s’écroule pour Moscon à 30 km de l’arrivée avec une crevaison suivie d’une chute. Il sera repris puis déposé par l’attaque de Colbrelli dans le Carrefour de l’Arbre à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée. Le champion d’Europe s’imposera au sprint sur le vélodrome devant Vermeersch et Van der Poel.
Paris – Roubaix 2022 : Vainqueur – D. Van Baarle
Une édition où le feu d’artifice a commencé très tôt ! En effet, à 210 km de l’arrivée les Grenadiers enclenchent et créent des cassures dans le peloton. De nombreux favoris sont piégés à l’arrière, et ce pendant un long moment. A 112 km de l’arrivée, un groupe avec notamment Mohoric s’échappe du peloton de tête, pendant que le peloton des piégés recolle au premier peloton à 105 km de l’arrivée. Un écrémage se fait au fur et à mesure du passage sur les secteurs pavés, comme de coutume.
A 37 km de l’arrivée, Mohoric est repris (à cause d’une crevaison) par un groupe de favoris composé notamment de Van der Poel, Van Aert, Küng, Mohoric, Van Baarle et Lampaert. A 30 km de la ligne, Lampaert et Mohoric s’extirpent de ce groupe de favoris et seront rapidement rejoints par Van Baarle, qui aura bien profité du travail de Turner. Van Baarle s’isolera par la suite du trio de tête à 19 km de l’arrivée dans le secteur de Camphin en Pévèlle, et ne sera jamais revu.
Le Parcours
Comme d’accoutumée, les premiers secteurs pavés n’interviendront qu’après une procession d’une centaine de kilomètres au départ de Compiègne jusqu’à l’arrivée dans Troisvilles. Il ne faut tout de même pas sous-estimer ces 100 premiers kilomètres qui verront la formation de l’échappée du jour. Comme déjà évoqué en première partie d’article, en 2016 Hayman s’impose en étant sorti avec l’échappée matinale. En 2018 Dillier fini second au sprint derrière Sagan après avoir lui aussi fait parti de la bonne échappée du jour. Enfin, en 2021, Vermeersch et un Moscon finiront respectivement 2ème et 4ème sur le vélodrome.
Le 1er des 29 secteurs pavés débute donc à l’arrivée à Troisvilles. 54.5 kilomètres de pavés répartis sur les 158 kilomètres de course restants. Tout comme l’organisation, je garde le système d’étoile afin d’indiquer le niveau de difficulté de chacun des 29 secteurs. 1 étoile = secteur “simple” – 5 étoiles = secteur “très difficile”.
29 Secteurs pavés | Longueur | Kilométrage | Difficulté |
---|---|---|---|
29. Troisvilles à Inchy | 2.2 km | km 96.3 | *** |
28. Viesly à Quiévy | 1.8 km | km 102.8 | *** |
27. Quiévy à Saint-Python | 3.7 km | km 105.4 | **** |
26. Saint-Python | 1.5 km | km 110.1 | ** |
25. Vertain à St-Martin-sur-Écaillon | 2.3 km | km 117.2 | *** |
24. Verchain-Maugré à Quérénaing | 1.6 km | km 127.2 | *** |
23. Quérénaing à Maing | 2.5 km | km 129.9 | *** |
22. Maing à Monchaux-sur-Ecaillon | 1.6 km | km 133 | *** |
21. Haspres | 1.7 km | km 139.6 | *** |
20. Haveluy à Wallers | 2.5 km | km 153.1 | **** |
19. Trouée d’Arenberg | 2.3 km | km 161.3 | ***** |
18. Wallers à Hélesmes | 1.6 km | km 167.4 | *** |
17. Hornaing à Wandignies | 3.7 km | km 174.1 | **** |
16. Warlaing à Brillon | 2.4 km | km 181.6 | *** |
15. Tilloy à Sars-et-Rosières | 2.4 km | km 185.1 | **** |
14. Beuvry-la-Forêt à Orchies | 1.4 km | km 191.4 | *** |
13. Orchies | 1.7 km | km 196.5 | *** |
12. Auchy-lez-Orchies à Bersée | 2.7 km | km 202.6 | **** |
11. Mons-en-Pévèle | 3 km | km 208 | ***** |
10. Mérignies à Avelin | 0.7 km | km 214 | ** |
9. Pont-Thibault à Ennevelin | 1.4 km | km 217.4 | *** |
8. Templeuve – L’Epinette | 0.7 km | km 222.8 | ** |
7. Cysoing à Bourghelles | 1.3 km | km 229.8 | *** |
6. Bourghelles à Wannehain | 1.1 km | km 232.3 | *** |
5. Camphin-en-Pévèle | 1.8 km | km 236.7 | **** |
4. Carrefour de l’Arbre | 2.1 km | km 239.5 | ***** |
3. Gruson | 1.1 km | km 241.8 | ** |
2. Willems à Hem | 1.4 km | km 248.4 | ** |
1. Roubaix | 0.3 km | km 255.2 | * |
Les Secteurs Clés
Secteur 29 – Troisvilles à Inchy (kilomètre 96.3)

Après presque 100km de course, Paris – Roubaix prend un tout autre tournant avec l’entrée sur le premier secteur pavé. Pas le plus difficile, mais un passage clé de cette course. Les choses sérieuses peuvent enfin commencer avec ce secteur long de 2.2km où la bataille pour le positionnement débutera.
Secteur 19 – La Trouée d’Arenberg (kilomètre 161.3)

Un des secteurs les plus mythiques de Paris – Roubaix, et le premier des 3 classés 5 étoiles sur l’échelle de difficulté. Un des secteurs les plus difficiles et dangereux du parcours où la bataille fera rage en amont pour aborder l’entrée du secteur long de 2.4km en tête. Une longue ligne droite au pavé disjoint et gras, cerné à gauche par la terre et à droite par les barrières.
Secteur 11 – Mons-en-Pévèle (kilomètre 208)

Le secteur de Mons-en-Pévèle est le second secteur classé 5 étoiles. Situé à moins de 50km de l’arrivée, la course entre dans sa dernière partie fatidique. Ses différentes portions en faux-plat ainsi que ses deux virages à angle droit en font un des secteurs les plus difficiles et sélectifs de la course.
Secteur 4 – Carrefour de l’Arbre (kilomètre 239.5)

Dernier secteur classé 5 étoiles du parcours, un des plus mythique, difficile mais aussi décisif de par sa proximité avec l’arrivée. La sélection cruciale peut se produire ici, les 3 sections pavées restantes étant bien moins difficiles.
Météo
Pas de pluie prévue ce dimanche. Un vent en provenance du sud-est qui ne devrait pas excéder les 10km/h.
Il aura cependant plu en fin de semaine, le pavé pourrait être encore un peu humide. Tout dépendra d’un temps sec ou non samedi.
Le Scenario
A la différence du Ronde, ce n’est pas forcément le plus fort qui s’impose ici. Ou plutôt, ce n’est pas forcément un des grands favoris qui s’impose, car seul un homme fort peut lever les bras sur le vélodrome, ne nous y trompons pas.
On a pu le voir sur les dernières éditions, Paris – Roubaix est une des courses d’un jour où l’échappée matinale est loin d’être un coup d’épée dans l’eau. Deuxième il y a 2 ans, Vermeersch en est le parfait exemple. On peut aussi citer Dillier, deuxième en 2018 et bien sûr Hayman vainqueur en 2016. Bien sûr, si un homme vu comme un favori tente de sortir, le peloton ne laissera pas faire. Mais des outsiders seraient bien inspirés de tenter le coup encore dimanche, afin d’anticiper la grande bataille qui se mettra en place dès la Trouée d’Arenberg. Cela a pour avantage de ne pas avoir à se soucier du problème de placement à l’entrée des secteurs pavés mais aussi de ne pas sauter sous les attaques des favoris de la course.
Si les échappés ont leur chance, cela ne veut pas dire qu’ils ne seront pas revus par un petit groupe qui se serait extrait du peloton dans la dernière partie de course. Sans sa crevaison et sa chute, Moscon aurait par exemple réussi l’exploit de ne pas être revu lors de l’édition 2021. Tous les favoris ne seront pas de ce groupe qui reviendra sur les fuyards de la première heure bien sûr, mais une partie d’entre eux tout du moins. Paris – Roubaix est une de ces courses qui récompense l’attaque, il ne faudra pas avoir peur de tenter sa chance de loin.
Sur le papier, les deux grands favoris semblent être Van Aert et Van der Poel. Ils se marqueront certainement, ce qui pourrait profiter non seulement à certains de leurs adversaires mais aussi à leurs équipiers. On a pu le voir sur le Tour des Flandres, même les gros outsiders n’hésitent plus à anticiper. Le groupe Pedersen / Asgreen / Küng était un groupe 5 étoiles, et pourtant aucun des fantastiques n’a bronché. Le profil du Ronde permettait aux 3 autres de faire leur retard dans les Monts, en grande partie. Cela ne sera pas le cas ici où les secteurs ne présentent quasiment pas de dénivelé. Laisser 3′ d’avance à un groupe d’outsiders costauds pourrait s’avérer très dangereux.
Passé le secteur 2 à moins de 10km de l’arrivée, si le groupe de tête est toujours ensemble, il y a de fortes chances qu’ils entrent groupés sur le vélodrome pour se jouer la victoire au sprint. Mais ce n’est pas forcément le meilleur sprinter qui s’impose ! Hayman en est l’exemple parfait, Colbrelli le contre-exemple. Celui qui aura gardé le plus de force sera en mesure de battre un homme plus rapide que lui sur le papier. Mais alors, impossible de sortir de clairs prétendants ?! Tout de même pas à ce point.
Les Prétendants

Après avoir outrageusement dominé la première partie des classiques belges, le team Jumbo est tombé sur plus fort dimanche dernier. Loin d’être ridicule, Van Hooydonck était dans le groupe de gros outsiders à l’avant, Van Aert avec Pogacar et Van der Poel, ils n’étaient tout simplement pas au niveau des 2 premiers ce jour-là. Beaucoup de commentaires sur le fait que le Ronde n’est pas la course qui correspond le mieux aux qualités de Van Aert, comparé à ses principaux adversaires. Je suis d’accord, sur Paris – Roubaix, il est peut-être même supérieur physiquement à ses rivaux. L’explosivité de Mathieu lui servira moins ici, pendant qu’une grosse machine à rouler comme Van Aert trouvera un terrain plus à son avantage. Cependant, à la différence du Ronde, le facteur chance entre plus en ligne de compte et le plus fort ne s’impose pas forcément.
La différence flagrante entre Wout et Mathieu devrait être atténuée ici. S’il était assez peu étonnant que les équipiers n’aient pas pu se jouer la victoire sur le Ronde, il en est tout autrement à Roubaix. La jeu d’anticipation / surnombre est une stratégie qui peut payer. Et des équipiers de qualité, ce n’est pas ce qui va manquer côté Jumbo ! Citons évidemment Van Baarle, vainqueur sortant. Absent sur le Ronde, il aura ici un rôle prépondérant. Il sera aussi certainement plus surveillé, pas sûr qu’on ne lui laisse autant de marge de manœuvre que l’année passée.
Une marge de manœuvre dont pourrait profiter Van Hooydonck. Le belge réalise une excellente campagne de classique, il était encore à l’avant dimanche dernier. Il est évident qu’il ne sera pas marqué comme ses deux leaders cités plus haut, et pourra anticiper au sein d’un groupe d’outsider. Un peu à l’image de ce qu’il a fait sur le Ronde. Avec la forme qu’il affiche dernièrement et son aisance sur les pavés, il pourrait être un homme très dangereux si on lui laisse du champ.
On le sait, Van Aert et Van der Poel peuvent avoir la fâcheuse tendance de se marquer lorsqu’ils courent l’un contre l’autre. L’absence de Pogacar en dynamiteur comme sur le Ronde devrait même accentuer cela. Après avoir été battu sur les 2 premiers Monuments par son éternel rival, il faudra voir si Wout sera en mesure de réagir. La densité du team Jumbo sera leur force et pourrait leur permettre d’avoir un homme à tous les échelons de la course. Du moins, sur le papier.
Le nuage semble en effet s’être obscurci après les nouvelles tombées cette semaine. Wout a dit ressentir une gêne au niveau du genou et des côtes, conséquence de sa chute sur le Ronde. Van Baarle a continué de s’entraîner à part, pas remis à 100 % de sa chute sur l’E3. Enfin, Van Hooydonck est lui tombé malade après le Ronde et n’a pas pu s’entraîner pour Paris – Roubaix comme il le souhaitait. Si toutes ces infos se vérifient et se répercutent sur une performance moindre de ces 3 coureurs dimanche, la meilleure carte côté Jumbo pourrait finalement être Laporte.
Reprise de saison tardive pour Christophe mais des résultats excellents très rapidement. Le bloc de travail hivernal a été bon et il n’en a pas perdu les bénéfices. Déjà 2 victoires en 7 jours de course. N’oublions pas non plus qu’il avait pris la 6e place de l’édition 2021 de PR, alors qu’il était chez Cofidis, de quoi laisser entrevoir de belles possibilités maintenant qu’il est chez Jumbo. Un peu à l’image de Van Hooydonck, Laporte pourrait ne pas être automatiquement pris en chasse s’il venait à s’extirper du peloton des favoris. Si les informations sur la forme de ses équipiers est exacte (et je le crois), il tient peut-être la chance d’une vie de décrocher un Monument.

Si Van der Poel a pu paraître décevant lors de son début de saison sur route, le néerlandais a fait plus que redresser la barre depuis ! Vainqueur de Milan – Sanremo, 2e de l’E3 et 2e du Ronde derrière un Pogacar imprenable. La forme est assurément excellente et il semble actuellement au-dessus de son principal rival. Une petite statistique intéressante et affolante : Mathieu a pris le départ de 13 Monuments et n’a fini qu’une seule fois en dehors du top 10.
Maintenant, comme mentionné auparavant, le profil de Paris – Roubaix devrait faire que l’écart entre les 2 soit un peu plus atténué. Pas de Monts où Mathieu pourra faire parler son explosivité et mettre à mal Wout.
Dans une course souvent tactique, le collectif revêt une importance capitale. A ce niveau-là, Alpecin me semble tout de même en dessous du team Jumbo. L’effectif ne manquera pas de qualité malgré tout. On peut citer Dillier qui, en 2018, est passé à un Sagan près de la plus grande victoire de sa carrière. Vermeersch et Gogl aussi sauront se mettre efficacement au service de leur leader. Mais, selon moi, un seul homme semble en mesure de jouer les premiers rôles aux côtés de VdP.
Je parle bien sûr de Philipsen. Le belge s’est définitivement affirmé comme le meilleur sprinter du peloton, sans contestations. Mais il est aussi bien plus que ça. 4e et 5e de Paris – Roubaix junior, il prend aussi la 4e place de la version Espoirs de la course quelques années plus tard. Le Monument pavé est probablement celui qui lui convient le mieux, jusqu’à ce que les 3 fantastiques se décident à déserter Milan – Sanremo en tout cas. La forme est excellente et il devrait avoir son rôle à jouer.
Evidemment, VdP sera leader mais je ne pense pas que Jasper sera cantonné au simple rôle d’équipier. Il serait même bien inspiré de prendre les devants ! Cela laissera une option pour Alpecin en cas d’enterrement de première classe entre les favoris, ou bien un appuis pour Mathieu dans le final en cas de jonction avec un petit groupe qui rentrerait derrière.
Si Van der Poel se sent vraiment en forme, c’est peut-être même lui qui décidera de lancer les hostilités parmi les favoris. Il est assez coutumier du fait et cela aurait pour effet de contrer un surnombre potentiel des Jumbo. Le problème pourrait se poser après. En effet, s’il n’a aucun équipier avec lui, ses adversaires pourraient ne pas vouloir le relayer, lui laissant la plus grande charge du travail et le laissant à la merci de contre au sein du groupe.

L’équipe tenante du titre, bien que le vainqueur sortant ait désormais rejoint les rangs du Team Jumbo. Pas de grands favoris dans l’effectif des Grenadiers qui ne manque pas de talent, mais un très sérieux outsider au moins. En tout cas à mes yeux. Il s’agit bien sûr de Pippo Ganna. Et cela va bien au-delà du fait qu’il a déjà remporté la course chez les Espoirs.
Depuis l’année dernière, Ganna a annoncé vouloir prouver qu’il n’est pas uniquement un coureur de c.l.m. Une bonne campagne 2022, mais où il sera tout de même passé à côté de ses objectifs sur route. Fait très rare chez lui. Les Mondiaux sur piste passés et le record de l’heure en poche, c’est un tout nouveau Pippo que nous avons retrouvé en 2023. Il affiche un niveau encore plus impressionnant que sa version 2020 / 2021, c’est dire.
Dès cet hiver, il a annoncé avoir 3 grands objectifs : les championnats du monde de chrono, les chronos sur le Giro et… Paris – Roubaix. Sa préparation hivernale a été faite en ce sens, enchaînant les blocs de travail en Suisse, sur des routes loin d’êtres plates, pour l’endurance puis des blocs sur piste pour travailler sa pointe de vitesse. Si l’on regarde ses résultats du début de saison, le travail semble avoir vite porté ses fruits ! Pippo se disait lui-même très étonné d’être autant en forme aussi vite. Sa prestation monumentale dans la roue des 3 fantastiques lors de Milan – Sanremo aura fini de prouver que Ganna est effectivement bien plus qu’un coureur de chrono.
Cette excellente forme très tôt dans la saison laisse supposer deux choses : 1/ le pic de forme n’a pas été parfaitement calculé et il se pourrait que la courbe soit descendante désormais. 2/ si le pic a été calculé à la perfection pour son premier vrai objectif de la saison, alors cela promet des étincelles à Roubaix ! Dario Cioni expliquait récemment que, venant de la piste, Ganna était un coureur habitué aux échéances des courses d’un jour. Il sait se préparer et être à 100 % sur une journée bien précise qu’il a ciblé.
Son absence sur le Ronde n’est pas un hasard, il a décidé de tout miser sur Roubaix. Un choix qui lui a permis de réaliser un dernier bloc de préparation et surtout de faire un repérage complet des 160 derniers kilomètres de course, et des 29 secteurs pavés. Une reconnaissance faite avec le jeune Tarling, réserviste jusqu’à la semaine dernière mais qui a dû donner entière satisfaction car Joshua a été officialisé sur la startlist !
Nous pouvons aussi nous replonger sur sa course l’année passée. Il a tout d’abord travaillé en tête du peloton pour aider à la création de la bordure à 210 km de l’arrivée. Malchanceux par la suite, il crève deux fois mais parvient à chaque fois à réintégrer le groupe, seul, faisant preuve d’une vraie puissance sur les pavés. Puissance qui atteint son paroxysme dans la Trouée d’Arenberg. Ganna y fait exploser le peloton et seul Küng sera en mesure d’accrocher ses roues. De nombreux efforts qu’il paye par la suite, mais il finira tout de même avec le peloton principal, derrière les échappés. Oui, Ganna sait rouler sur les pavés de Paris – Roubaix, et quand l’italien se met un objectif en tête, il passe rarement à côté.

Excellent début de saison de Pedersen et surtout un enchaînement de Classique de tout premier ordre depuis début mars ! 6e de Milan – Sanremo, 5e sur GW et A Travers la Flandre, mais surtout une 3e place sur le Ronde.
Quelle course réalisée par le danois dimanche dernier. Il se savait (comme tous) en dessous du trio magique et a par conséquent décidé d’anticiper. Et de loin. Il a fait partie du gros groupe d’outsiders qui a compté jusqu’à 3′ d’avance à moins de 50 km de la ligne. Et lorsque le trio de furieux a décidé d’enclencher la machine, Mads a de nouveau pris les devants ! Il trouve encore la force de remporter le sprint du groupe Van Aert pour la 3e place derrière. Selon moi, sans la présence de Pogacar sur cette course, le champion du Monde 2019 aurait soulevé son 1er Monument.
La forme est indéniablement excellente. Sur le parcours de Roubaix où les Monts sont absents, il devrait s’en sortir encore mieux. Du moins sur le papier, car dans les faits, la réalité est toute autre. 3 top 10 dont 2 podium sur le Ronde pour Mads, quand sa meilleure place sur Paris – Roubaix est 51e en 2019.
Malgré tout, on peut sentir un petit quelque chose de différent cette année dans les performances de Pedersen. Quelque chose qui laisse penser qu’il peut enfin réaliser une excellente performance sur un tracé qui doit lui convenir. Il est l’un de ceux qui doit profiter d’un possible marquage entre Mathieu et Wout en anticipant. Rester à leurs côtés pourrait s’avérer dangereux pour 2 principales raisons. La première, il pourrait ne pas réussir à s’accrocher. La seconde, en cas d’enterrement entre favoris, il se retrouverait piégé. Un Mads offensif et entreprenant comme sur le Ronde est attendu ! Après avoir remporté Paris – Roubaix en 2013 chez les Juniors, le danois peut-il récidiver 10 ans plus tard chez les pros ?

Pas de Pogacar cette année sur les routes de Roubaix, ce n’est que partie remise. Le team UAE aligne une équipe sans réel favori, mais deux noms retiennent tout de même l’attention.
Le premier est celui de Trentin. L’italien est un excellent flandrien mais n’a jamais réalisé de grosses performances sur Roubaix ou le Ronde. Jusqu’à cette année. 10e du Ronde dimanche dernier, il était du groupe d’outsider sorti en anticipation. La forme semblait très bonne ce jour-là, et ce week-end en l’absence de Pogacar il aura le rôle de leader.
Le deuxième nom qui retient mon attention est celui de Bjerg. En début de saison, je n’aurais jamais pensé à lui. Cependant, ses performances depuis le GP de Denain ont fini de me convaincre. En plus de ses belles places à Denain et sur Gend – Wevelgem, ses prestations sur ces classiques ont été très intéressantes. Il était à chaque fois dans un rôle d’équipier, et a parfaitement rempli son rôle, offrant même la victoire à Molano à Denain.
En l’absence de Pogacar, et bien qu’UAE ai dit que Trentin sera leader, je pense (j’espère) que Bjerg ne se cantonnera pas de nouveau au simple rôle d’équipier. Gros moteur, je pense même qu’il pourrait être un très sérieux candidat à l’échappée matinale. En menant sa barque intelligemment, il pourrait être dans les tous derniers survivants à l’approche du final. Surtout dans une course tactique comme peut l’être Roubaix.

Küng a lui aussi été en vue dimanche dernier sur le Ronde, membre du super groupe, où il prendra la 6e place au final. La forme du Suisse est bonne, on l’a régulièrement vu à l’avant tout au long de la campagne de classique. Cependant, il semble tout de même un ton en dessous de ce qu’il nous a montré l’année dernière à la même période.
Lui aussi devrait s’inspirer de ce qu’il a fait sur le Ronde en anticipant. Le problème est qu’il ne surprend jamais en accélérant et qu’il lui est dès lors difficile voire impossible de décrocher tout le monde de sa roue. Il faudrait qu’il soit un ton au-dessus de ce qu’on a vu sur les pavés pour lâcher ses adversaires à la pédale. Ce problème engendrant le second, son manque de pointe de vitesse ne lui permettra pas de s’imposer en petit comité.

Un peu à l’image de sa saison 2022, Quickstep semble de nouveau passer au travers de sa campagne de classique en première partie de saison. Certainement une conséquence directe de la volonté de Lefévère d’axer son équipe autour de Remco pour les GT.
Asgreen a réalisé une excellente course sur le Ronde la semaine passée. Il paraît en forme et serait bien inspiré d’anticiper et de sortir du groupe des favoris loin de l’arrivée. Il est probablement l’homme le plus en forme côté Quickstep actuellement, mais il n’a jamais performé à Roubaix. S’il a les mêmes jambes que dimanche dernier malgré tout, il sera intéressant à suivre.
On peut aussi citer Lampaert, un habitué des top 10 sur Paris – Roubaix. Si le belge n’a pas forcément impressionné en ce début de saison, on le sait capable de se sublimer pour cette course en particulier. L’équipe ne semble pas en mesure de peser collectivement sur la course et devra s’en remettre à des individualités pour espérer briller.
Mes Choix
J’ai dans l’idée que cette édition ne sera encore une fois pas remportée par un des deux favoris. Les jeux d’anticipations devraient permettre à de solides outsiders et à des équipiers de la Jumbo de jouer leur chance. Je vois un scenario où les deux principaux favoris se retrouveraient piégés, ou tout du moins l’un des deux piégeant l’autre, laissant les outsiders se jouer la victoire. C’est mon favori depuis un long moment maintenant, et son début de saison n’a fait que me conforter dans mon choix : pour moi, Ganna a tout ce qu’il faut pour s’imposer à Roubaix. Pedersen m’a énormément impressionné dernièrement et je pense que cette année enfin il décrochera une belle place sur Paris – Roubaix. Enfin, j’attends aussi une très belle course de la part de Bjerg que je pense en mesure de ramener une belle place.