MILANO – SANREMO
294 km
Présentation de la Course

Comme de coutume, Milan – Sanremo sera le premier Monument de la saison du calendrier cycliste. Ce samedi 18 mars se tiendra la 114ᵉ édition de la Classicissima. 294 km au terme desquels le successeur de Mohoric sera couronné.
Pas ou peu de changement à noter pour cette édition si ce n’est sur les 20 premiers kilomètres de course. Le Passo del Turchino, les fameux Capi ainsi que les mythiques Cipressa et Poggio seront bien évidemment de la partie.
Milan – Sanremo (et non San Remo !) est la course World Tour la plus longue de l’année, celle dont l’adage dit qu’elle “est la course la plus simple à terminer, mais la plus difficile à gagner“. Au fur et à mesure des années, des modifications de parcours ont été apporté à cette course mythique, dans le but de la rendre plus sélective.
Si la Cipressa et le Poggio sont aujourd’hui des noms mythiques qui résonnent dans la tête de tous les amoureux de la petite reine, ils n’ont pas toujours été au programme de La Classique des Classiques. C’est en 1960 que le Poggio est ajouté à la course, pour rendre moins prédictible son dénouement et empêcher les arrivées en sprint massif. La Cipressa fera son apparition une vingtaine d’années plus tard, en 1982, là encore dans l’optique d’effectuer une sélection sur le final du parcours. Les 3 Capi que sont les Capo Mele – Capo Cervo – Capo Berta, tous situés dans les 50 derniers kilomètres et précédant la Cipressa, sont présents sur le parcours depuis ses origines, tout comme le Turchino qui a depuis bien longtemps perdu son aspect décisif dans la course, mais qui n’en reste pas moins emblématique.
D’autres changements ont été apportés au fur et à mesure, mais qui ne sont pas forcément restés. L’introduction entre 2008 et 2013 du Manie placé entre le Turchino et les Capi par exemple. En 2014 et 2015, il a aussi été question de l’ajout d’une autre ascension, La Pompeiana, censée se trouver entre la Cipressa et le Poggio. Ce projet n’aboutira finalement jamais, et Le Manie disparaîtra définitivement du parcours par la même occasion.
Cette édition 2023 est une version “classique” de la Classicissima. Proche des 300 km avec un passage par le Turchino, les Tre Capi avant la Cipressa puis l’ascension du Poggio et une arrivée sur la Via Roma. Et c’est bien tout ce qu’on lui demande.
Les Dernières Editions
Milan – Sanremo 2017 : M. Kwiatkowski
Gros tempo imposé dès le pied du Poggio par Dumoulin suivi ensuite par le train de la Sky. Trop lent pour Sagan qui décide de porter son attaque à 1 kilomètre de la cabine téléphonique. À contre-temps, seuls Kwiatkowski et Alaphilippe arriveront à le suivre. Les 3 hommes ne seront pas revus et Kwiatkowski s’imposera au sprint.
Milan – Sanremo 2018 : V. Nibali
Quelques attaques dès le pied du Poggio très bien contrôlées par la Bahraïn. À 1 600 m du sommet, attaque de Neilands suivi uniquement par Nibali, qui se défera du letton 600 m plus loin. L’italien basculera seul en tête et ne sera pas revu jusqu’à la ligne, à moins d’une seconde d’un groupe d’une vingtaine de coureurs qui auront espéré jusqu’au bout.
Milan – Sanremo 2019 : J. Alaphilippe
Gros rythme imposé par Gilbert et Stybar pour la Deceuninck, rendant toute attaque impossible. Les attaques commenceront justement à la fin du lead de la Deceuninck, avec Clarke tout d’abord puis, à 1 kilomètre du sommet du Poggio, sous l’impulsion d’Alaphilippe un groupe composé de Sagan, Trentin, Kwiatkowski, Naesen, Valverde et Van Aert. Quelques coureurs rentreront dans la descente, et entre le pied de la descente et l’arrivée, d’abord Trentin puis Mohoric tenteront d’attaquer sans succès. La victoire se jouera au sprint entre les 10 hommes, Alaphilippe lèvera les bras.
Milan – Sanremo 2020 : W. Van Aert
Le mouvement décisif interviendra une nouvelle fois à un kilomètre du sommet du Poggio. Sous l’impulsion de Nibali, Alaphilippe, Van Aert et Kwiatkowski s’extraient du peloton. Très vite, seuls Julian et Wout ne seront plus que deux, puis un seul quand le français décrochera le Belge de sa roue au sommet. Van Aert parviendra à recoller dans la descente, les deux réussiront à tenir tête au peloton pour une poignée de secondes, Van Aert s’imposera au sprint.
Milan – Sanremo 2021 : J. Stuyven
Après un gros tempo de Ganna et du team Ineos jusqu’à 1 kilomètre du sommet du Poggio, Alaphilippe allume la mèche immédiatement suivi de Van Aert. À l’inverse de l’année précédente, ils n’arriveront pas à s’isoler et c’est finalement un groupe d’une dizaine de coureurs qui basculera ensemble, dont un impressionnant Ewan. Très grosse descente de Pidcock qui n’arrivera pas à décrocher ses adversaires. Stuyven placera son attaque au pied de la descente du Poggio, rejoint par Kragh Andersen à la flamme rouge qui lui donnera un relais vital dans les 500 derniers mètres, permettant au Belge de résister au retour au sprint d’Ewan et Van Aert.
Milan – Sanremo 2022 : M. Mohoric
Dès la Cipressa, le team UAE de Pogacar prend les choses en main et réduit le peloton à une trentaine d’unité. Au pied du Poggio, UAE reprend les rênes avec Ulissi pour un cours relais qui lance la première de ses nombreuses attaques, vent de face. Mais c’est un autre slovène qui va s’illustrer dans la descente. Mohoric prend tous les risques dans la descente et parvient à creuser un écart. Au final, 7″ d’avance à la flamme rouge lui suffiront pour aller ajouter Milan – Sanremo à son palmarès.
Le Parcours
Si Milan – Sanremo ne comporte pas les ascensions les plus difficiles que l’on peut retrouver sur les courses cyclistes professionnelles, ses près de 300 km et l’enchaînement Capi – Cipressa – Poggio dans les 60 derniers kilomètres mettent les organismes à mal.
La Cipressa a déjà été l’occasion d’attaques par le passé, mais il faut remonter au milieu des années 90 pour trouver trace d’une attaque victorieuse dans cette ascension, c’était le jeune Italien Colombo en 1996. Ces dernières années, c’est surtout le Poggio et sa descente qui sont juges de paix, comme évoqué précédemment. Franck Alaphilippe, entraîneur de Julian, a même dit la chose suivante il y a deux ans : “attaquer avant le Poggio ça ne sert à rien, si ce n’est à perdre la course“.
CIPRESSA
- 5.6 kilomètres à 4.1%
- 5% sur les 4 premiers kilomètres, un sommet plus roulant.

Sur une course “normale”, avec ses 5.6 km à 4.1 %, la Cipressa ne serait pas vraiment impressionnante. Oui, mais la Classicissima n’est pas une course comme les autres et la Cipressa se présentera sur le parcours des coureurs après plus de 265 km de course. Le rythme commencera déjà à grandement s’accélérer pour réaliser un écrémage naturel par l’arrière, voire plus si une équipe décide bien de mettre en route.
Au sommet de la Cipressa, il restera 21.6 km à parcourir. Après une courte descente de 3.3 kilomètres, les coureurs devront aborder une portion plane de 9 kilomètres ouverte sur sa gauche sur la Mer de Ligurie. À un peu plus de 9 kilomètres de l’arrivée, l’ascension du mythique Poggio di Sanremo débutera.
POGGIO
- 3.7 kilomètres à 3.7%
- Courte portion à 8% à 1 kilomètres du sommet où les attaques sont fréquentes.

Tout comme la Cipressa, pris seul, le Poggio n’est pas effrayant avec ses 3.7 km à 3.7 % de moyenne. Mais à vitesse très élevée après plus de 280 km de course, la donne change du tout au tout. L’écrémage final se fait ici. Soit un groupe réduit bascule ensemble, soit des attaquants arrivent à créer un écart avant de basculer à la fameuse cabine téléphonique, où une avance de 10″ peut être suffisante pour rallier l’arrivée en tête.
Une fois le sommet du Poggio franchi, les choses ne se calment pas, bien au contraire. Il faut tout d’abord gérer sa descente. Une descente longue de 3.2 km, rapide et technique avec des lacets à bien négocier. De vraies différences peuvent être réalisées ici.

Une fois arrivés au pied de la descente, les coureurs vont débouler sur la SS1 où il ne restera que 2 300 m pour rallier l’arrivée. À 850 m de la ligne, il y aura un virage à gauche sur un rond-point, puis aux 750 m un dernier virage sur la droite. Les coureurs arriveront alors sur cette fameuse Via Roma au bout de laquelle sera couronné le nouveau vainqueur de la Classicissima.
Les Derniers Kilomètres

Météo
Pas de pluie, des températures autour de 15° dans l’après-midi.
L’élément qui va le plus nous intéresser sur la fin de parcours est bien entendu le sens du vent. Et, à l’heure où j’écris ces lignes, bonne nouvelle : un vent d’est devrait souffler pour les dernières heures de course !
Enfin, une bonne nouvelle pour les attaquants car cela signifie un vent plutôt favorable dans la Cipressa mais aussi dans la partie la plus pentue du Poggio. Tant que le vent ne souffle pas complètement en provenance du nord-est (ce qui semble être le cas en début de soirée), nous devrions rester sur un vent plutôt favorable.


Le vent sera aussi favorable dans les deux derniers kilomètres plat jusqu’à la ligne d’arrivée.

Le Scénario
L’année dernière, UAE avait sévèrement durci la course dès l’ascension de La Cipressa. Le train de Polanc puis de Formolo avait réduit le peloton à une trentaine d’hommes au sommet de la côte. Le groupe qui avait abordé le Poggio en tête était déjà mince, mais de nouveau réduit par les attaques successives de Tadej. Des attaques vent de face qui n’auront jamais permis au Slovène de creuser un vrai écart.
Il a été forcé d’attaquer assez tôt du fait qu’Ulissi n’était pas en mesure d’assurer un gros train pendant longtemps dans le Poggio.
J’imagine un scenario assez proche samedi. Un team UAE qui prend les rênes dès la Cipressa pour faire un premier écrémage avant d’en remettre une couche dans le Poggio. Cette fois-ci, il faudra un dernier homme bien plus fort que ne l’a été Ulissi pour mettre les autres dans le rouge et permettre à Pogi de sortir dans les plus forts pourcentages du Poggio.
J’aurais tendance à éliminer une attaque dès la Cipressa de la part de Pogacar. Il y aura encore trop d’équipiers pour la Jumbo notamment, cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Même s’il a montré être capable de tenir tête à un peloton lancé en chasse derrière lui par le passé !
La question ne semble pas vraiment être “où” ni “quand” Pogacar va attaquer, mais plutôt “qui” sera en mesure de suivre le slovène dans le Poggio, avec près de 300 km de course dans les jambes.
Les Prétendants

Pogacar apparaît certainement comme le grand favori ici. Un début de saison énorme qui mériterait d’être couronné d’un Monument. Et Tadej en a clairement les jambes. Côté tactique, on peut imaginer quelque chose de très proche de ce que nous avons vu l’année passée.
Il aura cependant besoin d’un homme fort dans le Poggio, jusque dans les deux derniers kilomètres de l’ascension. Quelqu’un en mesure de mettre ce qu’il restera du peloton en ligne avant que Pogacar n’attaque dans les pourcentages les plus forts. L’année dernière, il avait dû plusieurs fois attaquer vent de face, il ne fera pas la même erreur cette année. Enfin, en cas d’arrivée groupée, son sprint au terme d’une longue et éprouvante journée est quasiment inégalé. Tout dépendra de la taille du groupe.
Une bonne équipe sur le papier, avec un Wellens arrivé de dernière minute pour remplacer Formolo, malade. Une bonne équipe certes, mais une fois les offensives lancées, je n’en vois pas un capable d’être dans le premier groupe avec Pogacar, si celui-ci ne parvient pas à faire la différence avant la cabine téléphonique. Un élément qui pourrait jouer contre le slovène si jamais un homme tente de s’isoler dans le final à la manière d’un Mohoric ou Stuyven.
La Classicissima fait partie de ses grands objectifs de l’année, un rendez-vous qu’il ne manquera pas.

Si des doutes subsistaient sur la forme de Van Aert pour sa reprise, ses prestations sur Tirreno les ont en partie balayés. S’il y a un homme que j’imagine potentiellement en mesure de suivre Pogacar sur une attaque tranchante dont le slovène a le secret, c’est Wout. À voir son travail lors de l’avant-dernière étape de Tirreno, on peut en déduire que sa chute sur la 3e étape n’a finalement eu que peu de conséquence.
Jumbo se présente en Italie avec une équipe très solide sur le papier. Laporte fera son retour après un excellent week-end d’ouverture en Belgique fin février. Sa forme peut poser question, le français ayant dû renoncer à Paris – Nice pour cause de maladie. Valter sera aussi de la partie. Impressionnant sur les Strade, le hongrois aura été beaucoup plus en retrait sur Tirreno. Première participation pour lui samedi, à voir comment répondent les jambes sur une course aussi longue. Tratnik a lui terminé dans le top 10 de Milan – Sanremo l’année dernière et sera de nouveau présent.
Sur les 3 hommes cités, je n’en vois pas un autre capable de suivre Pogacar. En revanche, si jamais un petit groupe devait se former à la bascule au sommet du Poggio, Van Aert va espérer que l’un d’entre eux sera avec lui. Avoir un équipier pourrait s’avérer primordial pour couvrir les potentielles attaques au pied de la descente. S’il est isolé, avec Pogacar, au sein d’un petit groupe, personne ne voudra rouler avec eux.
Si Le Tour des Flandres et Paris – Roubaix restent ses objectifs principaux, il ne se privera pas de jouer les premiers rôles à Sanremo s’il en a la capacité !

Le forfait de Pidcock est un réel coup dur pour les Grenadiers, mais la sécurité des coureurs passe avant tout. Selon toute vraisemblance, le leadership devrait revenir à Ganna, et peut-être Kwiatkowski. Ce n’est pas un secret, du côté de l’Italie tout le monde ou presque est persuadé que Pippo a les capacités pour s’imposer sur la via Roma, cette année ou dans le futur. De mon côté, je suis totalement d’accord. Le vrai problème s’appelle Pogacar. Ganna réalise un début de saison énorme, sur les bases du coureur qu’il était il y a deux ans, loin de ce qu’il montrait l’année dernière.
À titre personnel, je suis persuadé que cet objectif de record de l’heure en 2022 l’a bridé physiquement au niveau de la préparation, et psychologiquement car il ne répondait pas ou peu aux attentes sur route. Tout cela semble loin derrière lui. Son chrono sur Tirreno était à des années lumières de sa prestation sur le chrono d’Algarve. Il semble aussi grimper mieux que jamais et, surtout, il dispose d’un punch et d’une vitesse au sprint qu’on lui avait rarement vu. Une pointe de vitesse que beaucoup sous-estiment encore. Lui-même se disait étonné d’être autant en forme en début de saison. Si avant le début de saison Ganna pointait Roubaix comme un de ses grands objectifs, Milan – Sanremo n’était pas forcément mis de côté.
Sa manière de courir sur Tirreno semblait pointer en ce sens. Lors de la 3e étape, on l’a vu se tester lors de l’attaque d’Alaphilippe, toujours dans les premières positions sans craquer. Il se laissera décrocher le tour suivant, mais plus dans l’optique (selon moi) de se préserver que par une panne de jambe.
Il faudra un Ganna de gala pour résister au rythme endiablé que mettra UAE dans la Cipressa et à l’attaque que placera Pogacar dans le Poggio. En étant totalement objectif, il semble impossible qu’il puisse répondre directement au Slovène, il s’agira de limiter les dégâts. Si les circonstances de course font qu’il est encore dans le groupe de tête au pied de la descente, il tentera de s’extirper du groupe. Et très peu seront ceux en mesure de le suivre à ce moment-là.

Mohoric sera bien présent pour défendre son titre. Le probable meilleur descendeur du peloton avait impressionné l’année dernière, créant le trou dans la descente technique du Poggio, profitant de sa désormais fameuse tige de selle télescopique. Le slovène a semblé monter en puissance au fur et à mesure de ses courses en ce début de saison, protagoniste en Belgique puis en Italie. Bahrain lui a permis de répliquer le même type de préparation à Milan – Sanremo que l’année passée en ne l’alignant ni sur Paris – Nice, ni sur Tirreno. S’il parvient à basculer avec le groupe de tête, il y a fort à parier qu’il fasse de nouveau cette descente (qu’il connaît par cœur) à fond. Qui osera le suivre ? Cependant, on ne lui laissera probablement pas autant de latitude que l’année passée.
Le second que je tiens à mentionner chez Bahrain est un outsider que j’ai cité il y a de cela quelques mois, avant la reprise de la saison. Il s’agit de Jonathan Milan. L’Italien s’est révélé au grand public l’année dernière et a directement confirmé en ce début d’année. Excellent pistard, récent champion d’Europe de poursuite individuelle et par équipe, Milan est un très bon sprinter. On l’a récemment vu battre Groenewegen au sprint sur le Saudi Tour. À noter que Milan aime les sprints plutôt long, c’est dans ces moments qu’il tire le meilleur parti de ses qualités. Mais ce n’est pas qu’un homme rapide.
Alors qu’il était encore au Cycling Team Friuli (Continental) son entraîneur l’avait décrit comme un coureur rapide et puissant capable de s’accrocher dans des côtes au temps d’ascension inférieur à 10′. Nous en avons aussi eu la preuve. Enfin, Milan est aussi un très bon rouleur, capable de sortir et de tenir tête à un groupe de chasse en maintenant un rythme très élevé sur une distance qui colle totalement à ses qualités de poursuiteur. Milan – Sanremo est un de ses rêves, comme pour beaucoup d’Italien. Sera-t-il en mesure de transformer le rêve en réalité ? La grande inconnue étant de savoir s’il aura encore la fraîcheur nécéssaire au terme de ces 300 km de course.

Van der Poel a semblé un bon ton en dessous pour ses courses de reprise en Italie pendant ce mois de mars, ne pesant jamais sur le scenario. Souvenons-nous maintenant de sa course de reprise l’année dernière : il fait 3e de Milan – Sanremo. On peut en déduire que s’il n’a pas encore la forme pour jouer les premiers rôles sur des courses vallonnées avec des côtes raides, la distance n’est pas forcément un problème. Malgré tout, ses récentes prestations n’incitent pas à un grand optimisme.
Il en va de même pour Kragh Andersen qui n’aura pas forcément brillé en ce début de saison. Il ne semble malgré tout pas totalement à court de forme, en témoigne sa 13e place sur la dernière étape de Paris – Nice. Milan – Sanremo est une course que le danois affectionne particulièrement. Dans le groupe des meilleurs au sommet du Poggio en 2021, il place aussi l’attaque la plus franche dans cette même ascension en 2022. Je ne pense pas qu’il lui soit demandé de se mettre au service de VdP, il devrait avoir sa carte à jouer.
Avec un vent de face dans le Poggio, j’aurais peut-être cité Philipsen parmi les prétendants. Mais je ne le pense pas en mesure de jouer les premiers rôles cette année ici, je ne le vois même pas dans le groupe de tête après la Cipressa.

Powless est dans une forme époustouflante depuis la fin janvier ! Une victoire sur la Marseillaise, de nombreux podium d’étapes, le général de Bessèges et 6e de Paris – Nice. On le sait peut-être plus friand de parcours punchy, mais c’est un de ceux que j’imagine potentiellement pouvoir accrocher un second groupe derrière Pogacar / Van Aert, qui pourrait recoller aux deux monstres s’ils n’ont pas réussi à creuser un écart.
Bon descendeur, il peut espérer recoller s’il ne bascule pas trop loin à la cabine téléphonique. Je ne serais pas surpris de le voir tenter de s’extirper du groupe de tête au pied de la descente et tenter d’aller s’imposer en solitaire. Avec le moteur qu’il a montré dernièrement c’est, à mon sens, tout à fait envisageable.

Alaphilippe a montré quelques belles choses sur Tirreno, prenant notamment, la 2e place sur la 3e étape. La forme semble aller en s’améliorant. Malgré tout, je ne suis pas convaincu de le voir peser sur Milan – Sanremo. Son geste de dépit lors de l’accélération de Van Aert sur l’étape des murs de Tirreno en dit long sur la différence de forme entre le belge et le français actuellement, bien qu’ils terminent l’étape ensemble. Je ne le vois pas en mesure de répondre à Pogacar dans le Poggio, et, au sprint, il sera très certainement battu.

Une des questions que les suiveurs se posent trouvera sa réponse samedi : De Lie peut-il remporter Milan – Sanremo ? À mon avis non, du moins pas cette année. J’ai tendance à sortir les sprinters du jeu, même s’il a déjà prouvé être capable de très bien passer les côtes et être plus qu’un simple sprinter. Deux éléments me font principalement douter. La distance tout d’abord, qui sera quelque chose de tout nouveau pour lui. Son positionnement enfin, qui est un de ses points faibles. Que ce soit au pied de la Cipressa ou, s’il est encore présent, au pied du Poggio, un mauvais placement sera rédhibitoire quand les grandes manœuvres commenceront. Prendre une cassure à un de ces deux moments fatidiques sera l’assurance quasi certaine de se retrouver hors-course.
Quid d’Ewan ? 2e en 2018 et 2021, j’ai bien peur que l’australien n’ait laissé passer sa chance de remporter un Monument dans sa carrière. Lui non plus n’aura pas le vent en sa faveur dans le Poggio et devrait plier, si cela n’a pas déjà été le cas dans la Cipressa.
Mes Choix
Le vainqueur de Milan – Sanremo n’est jamais simple à trouver, mais cette année j’ai une idée assez arrêtée du scenario possible. Je vois Pogacar continuer sur sa lancée et de nouveau écraser la course. Un travail de sape entamé dans la Cipressa et continué dans le Poggio par le team UAE. Une attaque nette et tranchante du slovène qui en laissera beaucoup sur le carreau, peut-être même Van Aert. Est-ce que ce serait se mouiller que de dire “victoire en solitaire de Pogi sur la Via Roma” ? En cas d’arrivée à deux, Pogacar a déjà montré être en mesure de battre Wout sur un sprint long. Je pense que ce sera de nouveau le cas si le scenario devait se présenter.
Derrière le slovène, deux places à prendre sur le podium pour le second groupe. Si Van Aert s’y trouve en étant isolé, la coopération ne sera pas bonne et nous pourrions voir des coureurs anticiper le sprint, à l’image de Turgis en 2022 ou SKA en 2021. Deux noms me plaisent bien dans ce scenario : Powless et Ganna. Enfin, je citerais un 3e outsider que je vise depuis quelques mois en la personne de Milan. Son abandon sur Paris – Nice sans plus d’explications me refroidit un peu. Dans l’absolu, je reste persuadé qu’il a les qualités nécessaires pour ramener un bon résultat, comme mentionné plus haut dans l’article. Viviani, qui le connaît bien pour le côtoyer régulièrement avec l’équipe nationale sur piste, le pense aussi.