STRADE BIANCHE
184 km
Présentation de la Course

L’une des courses les plus attendues de la saison à n’en pas douter ! Ce samedi 4 mars aura lieu la 17ème édition des fameuses Strade Bianche. Une course d’un peu plus de 180km au départ et à l’arrivée à Sienne, une balade dans les beaux paysages de Toscane et ses désormais bien connus “Chemins blanc“.
La première édition s’est tenue en 2007, la course étant alors appelée “Monte Paschi Eroica” du nom de la banque de Sienne, le plus ancienne au Monde. Depuis cette année-là, Sienne n’est plus seulement la ville du Palio, cette fameuse course de chevaux entre les différentes contrade de la ville, elle est aussi devenue un point central de la saison cycliste internationale. La renommée des Strade Bianche ne s’est pas faite en un jour, mais son ascension fulgurante dans le cœur des passionnés, des coureurs et au plus haut rang des courses UCI est remarquable. Si le débat sur l’appellation “Monument” pour qualifier cette course continue, l’amour que lui porte les fans et les coureurs eux-mêmes ne fait aucun doute.
Une course devenue une institution dans le monde du cyclisme professionnel où le gratin du peloton se retrouve tous les ans pour tenter d’y décrocher la gloire. Il suffit de jeter un oeil à la courte, mais ô combien impressionnante, liste de vainqueurs pour comprendre que cette course n’est pas comme les autres. Qui succèdera à Pogacar, auteur d’un numéro en solitaire mémorable en 2022 ?
Les Dernières éditions
Strade Bianche 2018 – T. Benoot
Dernière édition pluvieuse des Strade Bianche. Première sélection effectuée à l’entrée du secteur de Monte Sante Marie, puis sous l’impulsion de Bardet, lui et Van Aert s’isoleront en tête à près de 45km de l’arrivée. Benoot arrivera à s’extirper du groupe de chasse sur une portion asphaltée à 30km de l’arrivée, emmenant Serry dans sa roue, afin de tenter de revenir sur les deux hommes de tête. Dans le Colle Pinzuto, Benoot va se défaire de Serry et combler le trou de 40 secondes qui le séparait de la tête de course. Il attaquera de nouveau dans Le Tolfe, pour s’isoler et s’envoler vers la victoire.
Strade Bianche 2019 – J. Alaphilippe
Une première sélection effectuée dans le secteur de Monte Sante Marie. Fuglsang, Alaphilippe et Van Aert s’étaient ensuite isolé dans le secteur de Monteaprti à 23km de l’arrivée. Décroché dans le secteur suivant, Van Aert parviendra à faire la jonction et boucher un trou de 35 secondes juste avant l’entrée dans Sienne. Un mano a mano entre Julian et Fuglsang dans la via Santa Caterina verra le français prendre le dessus sur son adversaire sur le sommet de la côte, il ne sera pas repris.
Strade Bianche 2020 – W. Van Aert
La course s’était décantée dans le Monte Sante Marie, le secteur de gravier le plus difficile du parcours, placé à un peu plus de 40 kilomètres de l’arrivée. Un petit groupe avait pris le large sous l’impulsion de Fuglsang. Van Aert placera l’attaque décisive dans Le Tolfe pour s’isoler à 12km de l’arrivée et ne jamais être revu par ses poursuivants.
Strade Bianche 2021 – M. Van der Poel
La Jumbo avait vissé dès l’entrée dans le secteur de Monte Sante Marie, réduisant le peloton à un petit groupe d’hommes forts. L’attaque décisive sera placée par Van der Poel dans les pourcentages les plus forts du secteur de Le Tolfe, seuls Alaphilippe et Bernal à contre-temps pourront suivre. Ils ne seront pas revus, et Van der Poel placera une attaque monumentale dans la côte de Santa Caterina qui laisser Alaphilippe et Bernal sur place.
Strade Bianche 2022 – T. Pogacar
Une édition marquée par un fort vent et des chutes, dont celle du futur vainqueur, Tadej Pogacar. Le slovène construira sa victoire dans le secteur de Monte Sante Marie à 50 km de l’arrivée. Il place une accélération que personne n’est en mesure de suivre et part pour un long raide solitaire, mais victorieux.
Le Parcours
Un parcours identique depuis maintenant plusieurs années, et les mêmes 11 sterrati sur près de 63km qui ont fait sa renommée. Un tracé exigeant ponctué par de nombreuses côtes courtes parfois même directement au sein de ces fameux sterrati pour un dénivelé total qui avoisinera les 3 100m de D+.
Les Strade Bianche
Secteur 1 – Vidritta (km 17.6)

Secteur 2 – Bagnaia (km 25)
Secteur 3 – Radi (km 36.9)

Secteur 4 – La Piana (km 47.6)

Secteur 5 – Lucignano d’Asso (km 76)

Secteur 6 – Pieve a Salti (km 90)

Secteur 7 – San Martino in Grania (km 111.3)
Secteur 8 – Monte Sante Marie (km 130)
Secteur 9 – Monteaperti (km 160)

Secteur 10 – Colle Pinzuto (km 164.6)

Secteur 11 – Le Tolfe (km 171)

Les Derniers Kilomètres


Après le onzième et dernier secteur, il restera 11.9 kilomètres à parcourir pour rallier Sienne. Comme on peut le voir, à 1 800m de la ligne la route va commencer à s’élever gentiment avec l’entrée dans la ville.
Après avoir passé la Porta di Fontebranda et l’entrée dans le dernier kilomètre, la route s’élèvera encore plus et sera alors pavée. Les coureurs prendront ensuite à gauche la via Santa Caterina.

Cette fameuse rue étroite comparable à un mur qui fait la renommée du final dans Sienne. Une côte de 250m à plus de 12% de moyenne, avec un pic à 16% en haut de la Santa Caterina. Au sommet, les coureurs prendront un virage serré sur la droite.


Aux 300m, la route commencera à descendre. Dernier virage serré à droite aux 120m qui mène à une descente à 7% de moyenne jusqu’à la Piazza del Campo et l’arrivée.

Météo
Beau temps et des températures autour de 12°.
Bien moins de vent que l’année passée. Il soufflera en provenance du Nord-Est et ne devrait pas excéder les 10km/h.
Le Scenario
Il apparaît évident au vue des dernières édition que le secteur clé est le huitième, le plus difficile et un des plus long. Pogacar était deux tons au-dessus de la mêlée ici-même l’année dernière lorsqu’il a posé les bases de son numéro en solitaire légendaire.
Malgré tout, le scenario le plus probable reste qu’un groupe réduit devrait y prendre le large pour ne pas être revu. Autre secteur clé, Le Tolfe. Onzième et dernier secteur de la course, il a permis 3 fois lors des 5 dernières éditions de créer une dernière sélection au sein du groupe de tête : deux fois un homme est parti seul, une fois un groupe de trois. Pouvoir jouer le surnombre est toujours important sur ce type de course non seulement difficile mais surtout très particulier, il faudra aussi et avant tout avoir les jambes !
On peut s’attendre à un scenario assez identique à ce qu’on a pu voir ces dernières années avec un écrémage en plusieurs temps : premier gros essorage dans le Monte Sante Marie, puis la seconde lame deux ou trois secteurs plus loin où seuls les plus forts seront encore en mesure de se jouer la victoire lors de cette édition 2023 des Strade Bianche.
Les absences de Pogacar et Van Aert sont dommageables, même s’il y a fort à parier que Tadej n’aurait pas eu grand monde pour lui contester la victoire au vu de sa forme du début de saison ! Van der Poel apparaît, sur le papier du moins, comme le favori désormais. Malgré tout, ses adversaires ne partiront pas battus. Quand on voit l’effectif de certaines équipes (Bahrain, Intermarché, INEOS, Jumbo ou encore UAE pour ne citer qu’elles) il y a fort à parier qu’Alpecin sera attaquée de toutes parts à partir du Sante Marie. Van der Poel ne pourra pas répondre à toutes les attaques et devrait se concentrer sur certains hommes, dont un certain Alaphilippe. De quoi ouvrir la porte à d’autres coureurs ?
Les Prétendants

Van der Poel reprend sa saison sur route avec les Strade Bianche. Champion du Monde de CX, mais une saison dans les sous bois moins dominatrice dû à des problèmes de dos récurrents. L’année dernière, il prenait la 3e place de Milan – Sanremo pour sa course de reprise. Bis repetita ? Sa forme semble tout de même plus incertaine demain, et en l’absence de Van Aert et Pogacar, il aura la pancarte. Je n’ai pas de doutes sur le fait qu’un Van der Poel à 100% soit en mesure de dicter lui même le rythme de la course et de créer la sélection. J’ai quelques doutes pour cette édition, où je l’imagine être attaqué, et potentiellement piégé, par les équipes en surnombre.
Il pourra évidemment compter sur le soutien de Gogl et Vermeersch, mais est ce que cela sera suffisant ? Il faudra un très grand Mathieu demain s’il veut de nouveau lever les bras à Sienne. Et pourquoi ne pas voir ses équipiers eux-mêmes profiter de ce marquage ?

Après Van der Poel, il faut aussi citer Alaphilippe comme un des favoris à la victoire demain. Julian a bien débuté sa saison en décrochant une victoire assez rapidement, et de belle manière, sur la Faun Ardèche Classic. Vainqueur en 2019, second en 2021, les Strade Bianche sont une course que le français connaît et apprécie. À la manière d’un Van der Poel, je l’imagine aussi possiblement pris dans les jeux d’équipe. Un grand Julian doit aussi être en capacité de dicter la course et de créer lui-même la sélection dans le secteur clé.
La Quickstep pourra compter sur Bagioli et Vansevenant. Il sera intéressant de voir le rôle qui leur sera attribué : simples équipiers de Julian, ou bien libre de tenter leur chance et d’attaquer ? Avec ce qu’a montré Mauri sur le Tour d’Oman et Andrea plus récemment dans la Drôme, il serait dommage de s’en priver lors d’une course où les jeux tactiques pourraient être important.

Pas de Van Aert donc, mais l’équipe n’arrive pas démunie ici ! On peut en premier lieu citer Benoot qui a parfaitement ouvert sa saison avec une victoire à Kuurne le week-end dernier. Le belge est un adepte des Strade Bianche, une course à laquelle il a prit part 6 fois, pour finir 4 fois dans le top 10, dont une victoire en 2018 sous des conditions météo très difficiles. Sa forme actuelle, combinée à son appétence pour ce parcours, en fait un vrai outsider à la victoire samedi. Tiesj ne sera pas le seul sur qui la Jumbo pourra compter, Valter sera lui aussi présent.
Il avait pris une très belle 4e place ici-même l’année passée, surprenant beaucoup de monde. Visiblement très content de son transfert à la Jumbo, il a déclaré avoir eu “sa meilleure préparation de saison de tous les temps“. Une préparation optimale et une forme déjà présente de ce qu’on a pu voir sur le Gran Camino, les voyants sont au vert du côté du hongrois. Si la Jumbo ne semble pas ultra favorite comme lors du week-end belge, ces deux options offensives laissent présager de belles choses. Ils n’auront aucun intérêt à laisser Van der Poel et Alaphilippe dicter le rythme de course, ils devront attaquer.

Un ancien vainqueur (Kwiatkowski) et des jeunes qui ont déjà fait leurs preuves, voilà le savant mélange du team INEOS. Pidcock semble être le leader désigné de l’équipe ici. Sa forme en Algarve a semblé aller en s’améliorant, mais j’ai été un peu déçu de sa course sur l’Omloop. Jamais vraiment hors du coup, mais jamais vraiment acteur non plus, par manque de jambes ou jeu tactique des adversaires ? Ses qualités doivent lui permettre de réaliser une excellente performance sur les Strade, à l’image de sa 5e place lors de l’édition 2021. Mais je crains qu’il ne se fasse de nouveau piéger à l’image de l’Omloop, surtout si lui, Van der Poel et Alaphilippe se marquent.
Rodriguez, qu’on a vu longtemps en chasse patate derrière Pogacar l’année dernière, pourrait aussi avoir son mot à dire. Sa 20e place en 2022 étant plus dû aux forces laissées derrière le slovène qu’à son vrai niveau sur la course. Les chemins blancs lui réussissent plutôt bien, on se souvient de sa 2e place au sommet de Las Antennas del Maigmo derrière Vlasov sur le Tour de Valence 2022.

Vlasov sera justement aussi présent sur les Strade Bianche, sa première participation. La région ne lui sera cependant pas inconnue ! Lors du Giro 2021, il a pris la 13e place de l’étape de Montalcino sur laquelle était placée 4 sterrati (les 10 premières places étaient revenues aux échappés). Sa victoire au sommet de Las Antennas del Maigmo et son attaque sur la partie gravel n’ont fait que confirmer ses qualités sur ce type de terrain. Un doute léger malgré tout sur sa forme actuelle, 5e du Tour de Valence où il na jamais vraiment semblé en mesure de peser sur la course. Son excellent punch sera cependant un atout s’il parvient au pied de la Via Santa Caterina avec un petit groupe.

4 participations pour Wellens, 1 podium et une 13e place comme plus mauvais résultat. Si la course avait lieu quelques jours plus tôt en février, nul doute qu’il l’aurait déjà remportée ! Excellent début de saison pour le belge avec une victoire au compteur et deux très grosses prestations lors du week-end d’ouverture en Belgique. Un de ceux qui pourraient (devraient !) attaquer les favoris et permettre à la course de se décanter comme il sait si bien le faire.
L’équipe pourra aussi compter sur Covi qui a passé un cap la saison dernière en décrochant plusieurs belles victoires. Pas de victoire cette année pour le moment, mais il est régulièrement passé proche. La forme semble bonne, en témoigne sa 3e place sur le Laigueglia, après avoir pourtant chuté dans le premier tour de circuit. Sur ces chemins, il avait pris la 2e place de l’étape de Montalcino lors du Giro 21′, on peut de nouveau s’attendre à une belle prestation de sa part. Un oeil aussi sur Formolo, qui a malgré tout semblé un peu plus en retrait après ses belles prestations sur le Saudi Tour, notamment dans l’ascension difficile de Green Mountain. 2e lors de sa 1ère participation en 2020, en forme il serait en mesure de réaliser une belle performance.

Rota ne cesse de s’améliorer, son très bon début de saison témoigne en sa faveur. Des places d’honneurs pour le moment en Espagne, en France et plus récemment sur le Laigueglia, mais toujours pas de victoires. 13e ici-même l’année dernière, bien mieux que sa 34e place l’année précédente. Sa 7e place sur la Jaen Paraiso (les Strade Bianche sauce espagnole) est aussi le signe que ce type de parcours lui convient et qu’il peut-être en mesure d’y jouer les premiers rôles. Il ne battra pas un Julian ou Mathieu dans un groupe au pied de la Via Santa Caterina, il devra aussi anticiper et ne pas se contenter de suivre les deux hommes à la pancarte.
Le début de saison de Costa est impressionnant, bien plus que son record sur cette course. Pas certain que ce parcours lui soit totalement adapté, mais il pourrait être aussi une carte offensive intéressante en s’appuyant sur sa forme du moment.

Très bon début de saison de Simmons qui semble encore aller en s’améliorant. Les Strade est une course qui lui convient à la perfection, lui qu’on a vu à son aise en 2021 avant une crevaison, ainsi qu’en 2022 et sa 7e place à l’arrivée. Déjà une victoire au compteur à San Juan de belle manière, il prend la 5e place de la Drôme Classic il y a quelques jours. A l’image de beaucoup de coureurs qui s’alignent ici, Quinn devra être offensif et ne pas attendre que les deux favoris ne dictent la course.

Bilbao et Mohoric apparaissent comme les deux meilleures cartes côté Bahrain. Si le slovène n’a pas un excellent record sur cette course (11e en 2018 étant sa meilleure place) Bilbao y finit 10e en 2021 et 5e en 2022. Les deux ont bien débuté leur saison, le basque va entamer son 20e jour de course en ayant fait 3e du général du Tour Down Under et 4e du Tour de Valence et des UAE. Mohoric aura été assez impressionnant lors du week-end d’ouverture belge, affichant une très belle forme. En forme, les deux hommes doivent être en mesure de peser sur ce type de parcours.

Bettiol, local de l’épreuve, n’a pas forcément de très bons résultats sur cette course. 4e lors de l’édition 2020, son second meilleur résultat n’étant qu’une 23e place l’année dernière. Malgré tout, les Strade Bianche sont une course que l’italien a ciblé cette année et de ce qu’on a pu voir de lui dans ses meilleurs jours, il a les capacités de jouer les premiers rôles ici. Si la forme est bonne, il ne serait pas étonnant de la voir à l’avant, en revanche il ne s’est pas aligné sur une course depuis l’Australie et a repris sur le Laigueglia, où il a abandonné. Très certainement à cause du mauvais temps.

Une petite mention pour un des coureurs qui réalise un très bon début de saison pour sa deuxième année chez les pro, la première hors Conti, Walter Calzoni. Le voir jouer la victoire, ou ne serait-ce que le podium est évidemment utopique. En revanche, de ce qu’il a montré sur la Jaen Paraiso, il semble apprécier ce type de parcours. Il a aussi confirmé sa belle forme en prenant la 2e place du Tour du Rwanda dans la même seconde que le vainqueur. Une place dans le top 10 serait un très beau résultat.
Mes Choix
Cette année, je choisi de ne pas me diriger vers les favoris “logique” pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je pense qu’aucun de ces favoris n’est en mesure de faire exploser la course comme on a pu le voir par le passé. Ensuite, l’absence de Pogacar et Van Aert va très certainement inciter la Jumbo, UAE mais aussi la plupart des adversaires d’Alpecin et Quickstep à mener une course de mouvement où les MVDP et Alaphilippe pourraient finalement se retrouver piéger. Idem pour Pidcock qui ne m’a pas forcément laisser la meilleure impression sur l’Omloop. Mon choix va donc se porter sur des hommes déjà vu en forme en début de saison et qui apprécient ce parcours : Rota, Valter et Simmons.