Présentation de la course
San Sebastian > San Sebastian (224.8km)
Après une édition 2020 annulée pour cause de Covid et une édition 2021 décalée d’une semaine à cause des JO, cette année la Klasikoa retrouve sa place à peine une semaine après la fin du Tour de France.
Un parcours quasi identique au tracé 2021 pour la 41ème édition de cette classique Basque pour grimpeurs / puncheurs. Qui succèdera à Neilson Powless au palmarès de la course ?
Les Dernières Editions
Klasikoa 2021 : Vainqueur – N. Powless
Dans la descente de l’Erlaitz, un groupe composé de Mohoric, Rota, Honoré et Powless s’extirpe du groupe principal et parvient à rentrer sur Carr, alors seul en tête, dans la plaine à 23km de l’arrivée. Carr sera distancé dans Murgil laissant les 4 autres basculer en tête. Une chute dans la descente met fin aux espoirs de Rota, Powless s’imposera au terme d’un sprint à 3.
Klasikoa 2019 : Vainqueur – R. Evenepoel
Alors qu’il était distancé dans l’avant dernière ascension à un peu moins de 40km de l’arrivée, Evenepoel parvient à rentrer sur le peloton dans la plaine. Peu de temps après, il attaque en compagnie de Skujins qu’il finira par décrocher de sa roue dans les derniers hectomètres de l’ascension de Murgil. Remco s’imposera en solitaire à San Sebastian.
Klasikoa 2018 : Vainqueur – J. Alaphilippe
Le peloton des favoris (amputé de la présence de Bernal et Landa sur chute) se présente groupé au pied de Murgil. A 400m du sommet, attaque de Mollema suivi par Alaphilippe. Les 2 basculent en tête et ne seront pas revus. Victoire de Julian au sprint.
Klasikoa 2017 : Vainqueur – M. Kwiatkowski
Le Parcours
Quelques difficultés sur les 40 premiers kilomètres de course, mais rien d’exceptionnel. Les 3 premières difficultés répertoriées se trouveront entre les kilomètres 60 et 105, avec l’enchaînement Azkarate – Urraki – Alkiza.



Ces ascensions sont placées trop loin de l’arrivée pour y voir des mouvements décisifs.
Après la descente d’Alkiza, la route restera accidentée sur près de 45 kilomètres, mais sans difficultés semblables aux 3 précédentes. Nous serons plutôt sur des portions planes entrecoupées de petites côtes plus ou moins sévères.

Les festivités commenceront réellement passé le kilomètre 154 et l’arrivée au pied de la côte de Jaizkibel. 7.9km à 5.5% de moyenne, Jaizkibel est une ascension en deux temps. 3 premiers kilomètres assez pentus qui ne passeront pas sous les 6% de moyenne et qui monteront jusqu’à 9%. Une portion de replat d’un kilomètre avant de repartir sur une partie plus pentue.
Après la descente de Jaizkibel, il y aura une portion de plat sur 7 kilomètres qui mènera au pied de l’ascension la plus difficile de la journée.

Une côte extrêmement difficile que l’ascension d’Erlaitz. 3.9km à 10.6% de moyenne, un mur qui va naturellement faire l’écrémage entre les tout meilleurs et les autres. Placée plus proche de l’arrivée que lors de l’édition 2019 ( sommet est à 43km de l’arrivée comme lors de l’édition 2021), de quoi inciter certains à faire exploser la course à cet endroit. Au sommet, la route continuera à s’élever légèrement avant que les coureurs n’entament la descente.
Après la bascule, il y aura une longue portion descendante de 12 kilomètres, mais très irrégulière avec quelques repecho et portions planes à certains endroits de la descente. Après la descente, c’est une portion plane de près de 17 kilomètres, et la traversée de San Sebastian, qui attendra les coureurs. Au bout de cette portion plane, la dernière ascension du jour, décisive, se dressera devant les derniers rescapés.

2.1km à 10.1% de moyenne, un autre mur aux routes étroites ! Un effort court mais intense qui conviendra aux hommes possédant un excellent punch. L’ascension sera à n’en pas douter le point centrale qui décidera du vainqueur. Sur les dernières éditions (sauf en 2019 où Evenepoel avait attaqué de plus loin), le vainqueur était dans le groupe d’attaquant dans Murgil.

Il restera 8 kilomètres à parcourir au sommet, dont 5 en descente jusqu’au retour dans le centre de San Sebastian. Sans être extrêmement technique, il faut tout de même être vigilant ici, on se souvient d’Honoré parti à la faute dans un virage, ayant entraîné le pauvre Rota avec lui.

A partir de ce point, les 3 derniers kilomètres se font sur le plat. Mollema l’a montré en 2016, un homme seul peut résister dans la descente à un groupe de poursuivant, et sur les 3 kilomètres de plat derrière.

Météo
Des températures clémentes autour de 25° et un vent de Nord qui ne devrait pas excéder les 10km/h demain.
Le Tour de France : Meilleure préparation pour la Klasikoa ?
Pour se pencher plus en détail sur la liste des prétendants, il est intéressant de noter un point concernant cette course : elle sourit en général aux hommes sortant du Tour de France.
En 2021, Powless et Mohoric sortent du Tour de France. Dans le top 10, quatre hommes n’avaient pas pris part à la Grande Boucle.
En 2019, sur les 3 hommes sur le podium seul Van Avermaet avait pris part au Tour une semaine auparavant. En revanche, 7 membres du Top 10 étaient bien sur les routes du Tour.
Sur le podium en 2018, seul Anthony Roux n’avait pas pris part au Tour de France avant de s’aligner sur la Klasikoa. En tout, ce sont seulement deux coureurs du Top 10 qui n’étaient pas sur les routes du Tour.
Les 3 hommes sur le podium en 2017 étaient bien présents sur les routes du Tour. Cette année-là aussi seuls deux membres du Top 10 n’avaient pas pris part au Tour la semaine précédente.
Les 3 hommes sur le podium de l’édition 2016 sortaient tous du Tour de France. En revanche, sur l’ensemble du Top 10, 4 n’avaient pas participé à la Grande Boucle avant de s’aligner sur les routes espagnoles.
Il y a une belle tendance qui se dégage au fur et à mesure des années. Les statistiques sont faites pour être contredites, mais si l’on devait imaginer le podium de cette année, il ne serait pas surprenant d’y retrouver au moins un ou deux hommes qui sortent du Tour, qui s’y sont illustrés et dont la forme semblait encore bonne ou ascendante en 3ème semaine.
Le Scenario
Deux scenarii tiennent la corde sur cette course, comme on a pu le voir lors des précédentes éditions :
- Un groupe de coureurs anticipe l’ascension de Murgil et parvient à résister au retour des favoris et des puncheurs restés à l’arrière.
- Le peloton parvient à contrôler jusqu’au pied de Murgil ou un groupe relativement réduit aborde la montée. La différence se fait à la pédale entre les meilleurs puncheurs du groupe.
S’il ne bascule pas trop loin de la tête, un bon descendeur peut avoir l’espoir de rentrer sur la tête de course, comme Kwiatkowski et Dumoulin. Mais de manière générale, l’avance prise sur les poursuivants lors du passage au sommet est suffisante.
Les Prétendants
Trek : Il faut bien évidemment commencer le Tour des prétendants par “Monsieur Klasikoa” aka Bauke Mollema. Les stats parlent d’elles-mêmes : 10 participations – 9 top 10 dont 6 top 5, 4 podium et 1 victoire (1 DNF). Les bases sont posées, et dire que cette course est une des préférées de Bauke pourrait être un euphémisme ! Si son état de forme semblait assez loin de ce qu’on pouvait attendre au début du Tour, cela s’explique par le fait qu’il ai été malade. Sa performance sur le contre-la-montre final de Rocamadour laisse présagé d’un mieux en fin de Tour, même si l’exercice chronométré est totalement différent de l’effort demandé sur une épreuve en ligne. Je n’ai personnellement pas été convaincu par Bauke, mais sur “sa” course difficile de l’éliminer d’avance !
EF : Indéniablement un des hommes en forme sur le Tour, Bettiol n’a malheureusement pas pu lever les bras, notamment à Mende où il est battu par un Matthews stratosphérique. Cependant, le jambes montrées par Alberto sont de très bonne augure surtout sur cette étape de Mende. De gros efforts toute la journée pour Powless et Uran pour finalement tenter sa chance dans la montée finale vers Mende. Et quand on regarde son temps d’ascension sur cette difficulté (3km à 10% de moyenne, mais une partie centrale de 2km à 12.2%) laisse entrevoir de belles perspectives. 6ème ici-même en 2017, il possède aussi la pointe de vitesse pour espérer s’imposer au sein d’un petit groupe.
BikeExchange : Yates semble remis de ses déboires sur le Giro en empilant les victoires sur les .1 espagnoles. Simon affectionne les rampes raides mais n’a de manière étrange jamais performé à sa juste valeur sur la Klasikoa (7ème en 2016). Va t-il remédier à cela dès demain ? La forme en tout cas semble excellente sur ses dernières sorties. BEX pourra aussi compter sur Schultz qu’on a pu voir réaliser un bon Tour de France avec une 2ème place à Megève mais aussi une très belle performance sur l’étape de Peyragudes qu’il termine avec une partie des leaders au général. Vainqueur à Mende, Matthews aura bien du mal à rééditer un tel exploit, les conditions ayant permis sa victoire sur le Tour seront très difficilement reconductibles demain. Seulement s’il parvient à s’accrocher et basculer avec le groupe de tête au sommet de Murgil, gros client pour une victoire au sprint. Mais qui voudra l’emmener sur la ligne ? Un atout dans la manche de Simon Yates si Matthews est marqué.
UAE : Très beau trident que celui aligné par le team UAE avec Almeida, Ayuso mais aussi et surtout Pogacar, récent second du Tour de France. Initialement prévu à son calendrier, Tadej ne prendra finalement pas part à la Vuelta mais à ajouter d’autres classiques à son programme. La vraie question pour demain concerne sa motivation, car niveau forme il sort d’un très bon Tour de France. Excellent puncheur peu sont les hommes à pouvoir le suivre s’il décide de placer une attaque dévastatrice dans Murgil ! Le seul capable de lui tenir tête sur le Tour dans cet exercice ne sera pas au départ de la Klasikoa.
INEOS : Aux abonnés absents en début de Tour, Martinez a très vite sombré. Il s’est malgré tout accroché pour aller au bout du Tour et on a pu voir que sa forme allait clairement en s’améliorant en 3ème semaine en témoigne sa course à l’avant dans l’étape d’Hautacam. Les routes et cols basques réussissent à Dani, vainqueur de l’Itzulia début avril. Une course au profil qui lui convient très bien, et des chances de bien figurer si la forme reste ascendante.
Quickstep : Un homme a réussi à faire déjouer les statistique sur les vainqueurs de la Klasikoa sortant du Tour, et cet homme n’est nul autre qu’Evenepoel. Le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège peut-il rééditer la performance demain ? Sur le talent aucun doute là dessus, cependant il ne bénéficiera certainement plus de la marge de manoeuvre qu’on lui a laissé il y a 3 ans, et beaucoup l’auront à l’oeil pour ne pas louper le bon coup dans la roue du belge. Concernant la forme, pas de compétition depuis plus d’un mois et le championnat de Belgique sur route. A surveiller Honoré, 3ème l’an dernier et qu’on a régulièrement vu à l’avant en 3ème semaine du Tour cette année.
Bahraïn : On l’aura attendu pendant 3 semaines mais ce n’est que lors de la 19ème étape que Mohoric s’est finalement décidé à sortir du bois. Sur le podium de la Klasikoa l’an passé, avec ce qu’il a montré lors des 3 dernières semaines difficile de l’imaginer faire aussi bien, même si sur le papier il y a tout pour.
Mes Choix
Demain, je tend à passer qu’un scenario avec anticipation d’un petit groupe à de bonnes chances d’aller au bout, comme lors des deux dernières éditions en somme. Avec ce qu’il a montré sur le Tour, j’ai immédiatement pensé à Bettiol pour la Klasikoa, je vais m’en tenir à cela et en faire mon favori demain. Martinez me plaît aussi, lui qu’on a vu traîner sa misère pendant près de 15 jours avant d’enfin sortir la tête de l’eau. Un parcours qui lui conviendra parfaitement, le colombien est en quête de rédemption. Je vais délibérément (à tort ou à raison, l’avenir nous le dira) laisser de côté les hommes n’ayant pas fait le Tour (Evenepoel / Yates) mais aussi ceux ayant joué une place au général (Pogacar / Gaudu). Jouer le général du Tour leur aura probablement demandé trop d’énergie, même si avec Tadej, on peut s’attendre à tout !
- Bettiol @ 18 (0.2%)
- Top 3 @ 5 (0.2%)
- Martinez @ 20 (0.15%)
- Top 3 @ 6 (0.15%)