Présentation
Le mois de Juillet n’amène pas que le soleil en France ! Comme chaque année, le peloton professionnel sillonnera les routes françaises et des pays voisins, pendant 3 semaines à l’occasion de la plus grande course cycliste au Monde : Le Tour de France. Du contre-la-montre initial aux Champs-Elysées en passant par les pavés du Nord et les différentes chaines de montagne, tous les leaders n’auront qu’un seul but : ramener la tunique jaune sur la plus belle avenue du monde, le dimanche 24 juillet.
Le Parcours du Tour 2022


Un contre-la-montre individuel de 13km en guise d’ouverture cette année. Un tracé urbain dans la capitale danoise, plat mais avec plus d’une quinzaine de virages et un petit crochet le long de la mer pour aller voir la Petite Sirène, portion un peu plus technique. Une grande partie du chrono se fera sur une chaussée large, ce qui devrait atténuer en partie l’aspect technique du c.l.m. Je serais étonné que ce ne soit pas un spécialiste de l’exercice qui s’impose lors de cette première étape. Il ne faudra pas perdre trop de temps sur Roglic et Pogacar pour les hommes visant le général !


Deuxième étape du triptyque danois. Quelques côtes le long du parcours, rien qui n’inquiètera un peloton professionnel. En revanche, un élément revient constamment dans les discussions sur ces étapes danoises : l’impact du vent. Le peloton traversera de nombreuses zones découvertes le long de ces 200km et notamment le fameux pont du Grand Belt, long de près de 18km ouvert sur la mer. Un point de tension à l’approche de l’arrivée où, si le vent de travers venait à souffler, les favoris au classement général pourraient avoir quelques sueurs froides : Bordures !


Troisième et dernière étape au Danemark avant le retour en France. De nouveau 3 côtes de quatrième catégorie, mais rien d’alarmant. Le vent pourrait aussi causer des soucis dans les portions découvertes qui seront traversées. Sans cela, nous devrions assister à un sprint massif classique à Sonderborg, sur un boulevard de 800m.
Transfert


Retour en France avec un parcours vallonné pour accueillir le peloton. 6 côtes de quatrième catégorie répertoriées le long du parcours, la dernière à un peu plus de 10km de l’arrivée. Une dernière côte courte mais présentant des pourcentages entre 8 et 9% et précédée d’une côte non-répertoriée d’un kilomètre à 5%. Assez pour éliminer quelques sprinters ? Certains puncheurs et leurs équipes pourraient y trouver de l’inspiration afin d’éviter un sprint massif à Calais. Les 9 derniers kilomètres quasiment en ligne droite le long de la côte pourraient malgré tout en rebuter certains. Le peloton traversera de nombreuses zones découvertes dans la dernière partie de l’étape, il faudra surveiller le vent dans le Pas-de-Calais.


L’heure de la tant attendue étape des pavés de ce Tour de France. 11 secteurs concentrés dans la deuxième moitié de l’étape, dont 10 sur les 55 derniers kilomètres. Plus de 19 kilomètres de route pavée sur les 75 derniers kilomètres en somme. Des secteurs assez long, entre 1 300 et 2 800m de long. C’est sur l’étape des pavés lors du Tour 2014 que Nibali avait posé les bases de sa victoire finale dans la roue de son équipier d’alors, Fuglsang. Moins d’écarts avaient été fait entre les favoris en 2018. Quel scenario vont nous réserver ces pavés version 2022 ? Les chutes pourraient être l’ennemi principal des leaders au général, si la météo venait en plus à s’en mêler !


Nouvelle étape accidentée au final intéressant. La côte des Religieuses est longue d’1.6km à 5.8% (avec des pourcentages allant jusqu’à 11% dans sa partie centrale), un final identique à la troisième étape du Tour 2017 remportée par Sagan devant Matthews et Dan Martin. Cependant, les kilomètres précédant cette côte de Longwy étaient bien différents de ceux qui seront proposés sur cette version 2022. Il y aura en effet une succession de 4 côtes dont la côte de Pulventeux et ses 800m à 12.3% de moyenne à 5km de l’arrivée. Assurément trop dur pour les sprinters mais une belle bataille entre puncheurs à prévoir !


Première arrivée au sommet de ce Tour, et pas n’importe laquelle : La Super Planche des Belles Filles ! Un air de déjà vu ? Normal, la Planche sera final d’une étape pour la troisième fois en 6 éditions (4 si on y ajoute le c.l.m de 2020). Version “Super Planche” comme en 2019, avec sa portion supplémentaire à fort pourcentage sur route non-asphaltée. Trop peu de difficulté en amont pour lancer les hostilités de loin, la course devrait selon toute vraisemblance se résumer à une course de côte entre favoris, mais est-ce que l’échappée matinale aura pu garder assez d’avance pour s’adjuger la victoire ?


Une étape dont le profil conviendra aux meilleurs baroudeurs du peloton. Trois difficultés répertoriées en milieu de parcours, mais ce sera très certainement la côte finale du Stade Olympique qui se montrera décisive. 5km à 4.5% de moyenne, avec une portion d’un kilomètre à 9.5% jusqu’à la flamme rouge. Cette étape devrait être le lieu d’une belle bataille entre les échappés de la première heure et le peloton, mené par les équipes de puncheurs qui auront des vues sur le final.


Une nouvelle étape qui semble dessinée aux échappés. La première vraie difficulté sera le col de la Croix après le kilomètre 120 puis le Pas de Morgins avec un sommet placé à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. L’enchaînement des difficultés et leur placement sur l’étape ne permettra pas probablement pas de vrais écarts entre les leaders. Verra t-on du mouvement dans le Pas de Morgins ? Le sommet sera tout de même situé à 9km de l’arrivée, et les 4 derniers kilomètres de l’étape n’afficheront que 4% de moyenne.
Première journée de repos


4 ascensions répertoriées et un final vers l’altiport de Megève pour ce lendemain de journée de repos. Cependant, très peu de chance de voir les favoris se tirer la bourre sur cette 10ème étape, aucune difficulté ne semble suffisante pour permettre de créer des écarts. L’ascension de l’altiport est certes longue, mais roulante. A l’image de l’étape de Cognes sur le dernier Giro (et encore, il y avait de vraies difficultés en amont), une étape qui pourrait de nouveau sourire à l’échappée du jour.


Avec cette 11ème étape, on ne rigole plus ! Journée en haute altitude avec 2 cols à plus de 2 000m. Une étape courte et nerveuse de 150km attend le peloton, avec un enchaînement Télégraphe – Galibier – Granon sur les 60 derniers kilomètres de course. Si les différences n’ont pas été faites avant, les 11km à plus de 9% du col du Granon finiront de mettre chacun à sa place. Rendez-vous est donné pour tous les prétendants à la victoire finale sur les Champs.


Nous avons pu avoir un aperçu de cette étape lors du dernier Dauphiné, à la grosse exception près que cette fois le final ne sera pas la montée de Vaujany mais l’Alpe d’Huez et ses 21 virages mythiques. Si les leaders décident d’embrayer dans la Croix de Fer comme sur le Dauphiné, la messe pourrait être dite pour l’échappée matinale. Une journée dantesque en prévision, une de celles qu’il ne faudra louper sous aucun prétexte.


Après un enchaînement de deux étapes difficile, le Tour perd de l’altitude dans une étape qui devrait convenir aux sprinters qui auront dû ronger leur frein pendant pas mal de temps. Quelques difficultés répertoriées mais assez loin de l’arrivée pour que les équipes de sprinters puissent gérer et se mettre en place pour l’arrivée à Saint-Etienne. Une large courbe aux 600m débouchant sur un boulevard long de 500m.


Une nouvelle étape accidentée où beaucoup de choses semblent indiquer que l’échappée devrait se jouer la gagne à Mende. Pour les moins bons puncheurs du groupe de tête il faudra tenter de prendre de l’avance car la côte de la Croix Neuve qui mène à l’aérodrome de Mende sera un vrai petit mur : 3km à plus de 10% de moyenne, son sommet sera placé à 1.5km de l’arrivée.


Une étape que les sprinters peuvent décemment avoir dans le collimateur. La question est de savoir qui se sentira de passer la Côte des Cammazes avec le peloton ? Avec le peu d’occasion pour les purs sprinters cette année, nous devrions tout de même voir certaines équipes se mettre à la planche pour un sprint dans Carcassonne, à moins qu’une belle échappée de baroudeurs ne vienne contrarier leurs plans ! On pourrait aussi voir les équipes de puncheurs/sprinters durcir dans la côte des Cammazes pour faire sauter les grosses cuisses du peloton à un peu moins de 50km de l’arrivée.
Deuxième journée de repos


Une nouvelle étape qui pourrait revenir aux échappés, l’enchaînement des deux ascensions de première catégorie étant finalement assez loin de l’arrivée et ne devrait pas inciter les équipes de leaders à chasser toute la journée. Les quelques côtes sur les 45 premiers kilomètres devraient permettre la formation d’une échappée qui ne devrait pas être revue. Une belle bataille à prévoir tout de même dans le Mur de Péguère, dont les 3.5 derniers kilomètres afficheront plus de 11% sur une route étroite.


55 kilomètres de plat avant un enchaînement de 4 cols répertoriés sur les 75 derniers kilomètres et finalement assez peu de kilomètres de plaines entre ces ascensions. L’ascension vers Peyragudes sera juge de paix de la journée, avec un sommet ô combien difficile jusqu’à l’altiport. Ces longs kilomètres plat en début d’étape ne sont pas une bonne nouvelle pour l’échappée qui pourrait ne pas compter d’assez bons grimpeurs capable de résister au peloton des favoris. Une étape courte et nerveuse en vue.


Dernière étape de montagne de ce Tour 2022, dernière chance pour les moins bons rouleurs de prendre du temps. Tout comme la veille étape assez courte, les difficultés quasi inexistantes sur les 60 premiers kilomètres ne sont pas de bonne augure pour la composition de l’échappée. Les 80 kilomètres suivants seront une succession de 3 cols avec en point d’orgue la montée vers Hautacam et 14km à près de 8%. Peu ou pas de plaine entre les différentes ascensions, ça ne débranchera pas sur les 80 derniers kilomètres !


Près de 190km pour cette 19ème étape, placée entre la dernière étape de montagne et le c.l.m final. Le scenario dépendra en grande partie de la lutte pour le maillot vert (peut-être déjà réglée) et par le nombre de sprinters encore en lice sans victoire d’étape. Le type d’étape en 3ème semaine qui peut revenir aux équipiers baroudeurs.


Un dernier c.l.m pour figer le classement général de cette édition 2022 du Tour de France. 40km est une distance assez longue pour voir des écarts conséquents se faire entre les meilleurs et moins bons rouleurs du peloton. Deux côtes viendront pimenter la fin de parcours dont la côte de l’Hospitalet et ses 1.5km à près de 8% de moyenne. La fraîcheur sera un atout majeur sur un aussi long c.l.m en fin de 3ème semaine, mais les spécialistes de l’exercice seront à leur avantage.


La traditionnelle étape étape des Champs-Elysées, grande parade jusqu’à l’entrée dans Paris. Dernière chance pour les sprinters de briller sur l’étape que tous rêvent de remporter.
Les Chiffres Clés
53.9 : kilomètres c.l.m
5 : Arrivées au sommet
7 : Cols Hors-Catégorie
3 328 : km au total
19.4 : Kilomètres pavés
Conclusion
Les 7 premières étapes de ce Tour de France seront un condensé de quasiment tout type de terrain et d’épreuve trouvable sur un Grand Tour : un c.l.m, une étape pavée, une étape au final punchy, sprint, une étape de montagne et de potentielles bordures à prévoir. Une belle manière de débuter le Tour, en espérant que la messe ne soit pas dite au sommet de la Planche, car de gros écarts pourraient déjà être creusé au soir du 7ème jour de course. Une première semaine extrêmement piégeuse avant même la haute montagne.
Le tracé de certaines étapes ainsi que le placement assez peu stratégique de certaines autres est discutable. On peut notamment mentionner le fait que les étapes du Granon, Peyragudes et Hautacam débutent toutes par de longs kilomètres de plat alors qu’elles affichent moins de 150km. Des difficultés notable en début de parcours auraient probablement permis d’allumer la mèche plus tôt, ou permis à de bons grimpeurs de tenter leur chance en échappée. On peut aussi se poser la question de la place de l’étape de Cahors entre la dernière étape de montagne et le c.l.m final. Il en faut pour tous les goûts, mais proposer une étape de plaine entre deux étapes clés du Tour n’était peut-être pas la meilleure solution. La palme du tracé revient probablement à l’étape de Megève, et ce n’est pas tant l’ascension roulante qui est dérangeante, mais peut-être plus l’absence de difficulté en amont de cette ascension rendant toute bataille entre leaders quasiment inenvisageable.
Les enchaînements Granon / Alpe d’Huez (beau tracé malgré les kilomètres de plaine menant au pied de l’Alpe, mais on ne peut pas magiquement sauter d’un col à un autre) et Peyragudes / Hautacam promettent de belles choses. On peut espérer que les cols présents sur ces étapes incitent aux attaques plus lointaines ou un vrai écrémage, plutôt qu’à de simples courses de côtes comme cela devrait être le cas sur l’étape de la Planche des Belles Filles. Il y aura vraiment de quoi faire des dégâts. L’étape de l’Alpe est très certainement un des évènements les plus attendus de cette année.
Ce qui ressort aussi de ce tracé est que les baroudeurs pourraient avoir de belles étapes à se mettre sous la dent, car mises à part les quelques étapes de haute montagne, il ne semble pas que les étapes accidentées (auxquelles j’ai envie d’ajouter Megève) ne présentent assez de difficultés pour que les leaders au classement général se joue la gagne. Avec le changement de barème pour le classement de la montagne, attendons-nous à une vrai bataille pour le maillot à pois.
Autre enseignement à la vue du tracé, il ne fera pas bon être sprinter ! Je compte de mon côté seulement 3 (voire 4) sprints massifs quasi sûrs. Pour le reste, il y aura toujours des difficultés plus ou moins proche de l’arrivée qui seront rédhibitoires pour une partie des grosses cuisses du peloton. Et cela sans compter sur le rôle que le vent pourrait jouer en morcelant le peloton sur certaines étapes.
Enfin, il faut mentionner ce contre-la-montre de 40 kilomètres en fin de Tour. Une très bonne chose, mais ce n’est qu’un avis personnel. Sa longueur va être un vrai problème pour les grimpeurs pas assez bons rouleurs, et ce ne sont pas les deux côtes en fin de parcours qui leur permettront de faire leur retard. Pour le spectacle, est-ce que ce c.l.m n’aurait pas été mieux placé avant l’étape de Peyragudes ? Cela aurait fixé les grimpeurs sur le débours à rattraper dans les deux dernières étapes de montagne et peut-être plus incité aux attaques.