Présentation de la Course
Ce dimanche 17 avril 2022 se tiendra la 119ème édition de Paris -Roubaix. S’il avait fallu attendre plus de 900 jours entre l’édition 2019 remportée par Gilbert et l’édition 2021 remportée par Colbrelli, l’attente aura été bien moins longue jusqu’à cette édition 2022 !
Sans conteste une des courses les plus difficiles de l’année, un Monument qui tient une place de choix dans le cœur des fans et des coureurs eux-mêmes. Si des modifications ont eu lieu ici et là au fur et à mesure des années depuis sa première édition en 1896, les pavés en auront toujours été l’élément principal. Une course “faiseuse de roi” qui couronnera encore cette année un des forçats de la route.
Un parcours avec peu de changements comparé à l’édition 2021. Les seuls modifications se situent dans les secteurs pavés du Cambrésis, dans les tous premiers secteurs pavés proposés sur la course. Des changements qui ne devraient pas créer de réelles différences sur la physionomie générale de la course. 257.2km au programme de cette 119ème édition et ses routes pavées hors du temps. 30 secteurs pour près de 54.8km de pavés, soit 200m de moins que l’année dernière. Bienvenue dans l’Enfer du Nord.
Les Dernières Editions
Sur les 20 dernières années, seuls 3 hommes ont réussi à s’imposer plus d’une fois sur le vélodrome de Roubaix : Museeuw, Boonen et Cancellara. Une course déjà difficile en soi, rendue encore plus dure par tous les ennuis mécaniques et chutes possibles. Des impondérables qui font aussi la beauté de cette course de légende. On peut encore plus admirer l’exploit réalisé par ces 3 hommes, aujourd’hui retraités.
Paris – Roubaix 2016 : Vainqueur – M. Hayman
Sagan et Cancellara piégés par la Quickstep de Boonen avant même la Trouée d’Arenberg ne pourront jamais revenir sur le groupe du belge, qui rentre sur ce qui reste de l’échappée matinale. Ecrémage constant jusqu’à l’attaque de Stannard dans le secteur de Camphin en Pévèle, à moins de 20km de l’arrivée. Seuls 4 hommes peuvent le suivre. Hayman, présent dans l’échappée matinale, règlera le sprint à 5 devant Boonen.
Paris – Roubaix 2017 : Vainqueur – G. Van Avermaet
Distancé à 100km de l’arrivée avant la Trouée d’Arenberg, Van Avermaet pris dans une chute parvient à rentrer sur le peloton une vingtaine de kilomètres plus loin, malgré le gros rythme imposé par Boonen et la QuickStep. L’attaque décisive se fera à 15km de l’arrivée dans la section du Carrefour de l’Arbre, où GVA, Stybar et Langeveld prennent le large dans le groupe de tête. Repris par Moscon et Stuyven dans le vélodrome, GVA s’imposera tout de même au sprint.
Paris – Roubaix 2018 : Vainqueur – P. Sagan
A 54km de l’arrivée, Sagan décide de sortir seul du peloton pour faire le jump et combler le trou de 30sec avec les échappés de la première heure. La sélection s’opère naturellement et à 25km de l’arrivée, Sagan et Dillier ne sont plus que deux à l’avant. Sagan s’imposera au sprint sur le vélodrome.
Paris – Roubaix 2019 : Vainqueur – P. Gilbert
Le premier mouvement décisif à lieu à 67km de l’arrivée, juste avant le secteur 14. Gilbert, Politt et Selig s’extirpent de ce qui reste du peloton. Dans le peloton, accélération de Sagan dans le secteur 12, ils sortiront à 4 pour finalement revenir sur Gilbert et Politt à l’avant, juste avant le secteur de Mons en Pévèle. 3km avant l’entrée sur le secteur de Camphin en Pévèle, attaque de Gilbert avec Politt et Sagan. Nouvelle accélération à 14.5km dans le secteur de Gruson par Politt, seul Gilbert peut suivre. Victoire au sprint de Gilbert face à l’allemand.
Paris – Roubaix 2021 : Vainqueur – S. Cobrelli
Un Paris – Roubaix couru dans des conditions dantesques où la pluie et la boue sont de la partie. Une grosse échappée d’une trentaine de coureurs s’extirpe du peloton assez tôt. Dans le dernier quart de la course les échappés ne seront plus que 3 à l’avant : Vermeersch, Van Asbroek et Moscon. L’italien distancera ses compagnons dans le secteur 12 à un peu plus de 50km de l’arrivée. Derrière, il y a du mouvement dès la Trouée d’Arenberg. Colbrelli anticipe dans le groupe des favoris à plus 80km de l’arrivée et part en chasse des échappés. Van der Poel fait exploser le groupe des favoris à 68km de l’arrivée dans le secteur 15 afin de rentrer sur le groupe Colbrelli. Alors qu’il semblait en mesure de tenir tête à ses poursuivants, tout s’écroule pour Moscon à 30km de l’arrivée avec une crevaison suivie d’une chute. Il sera repris puis déposé par l’attaque de Colbrelli dans le Carrefour de l’Arbre à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée. Le champion d’Europe s’imposera au sprint sur le vélodrome devant Vermeersch et Van der Poel.
Le Parcours

Comme d’accoutumée, les premiers secteurs pavés n’interviendront qu’après une procession d’une centaine de kilomètres au départ de Compiègne jusqu’à l’arrivée dans Troisvilles. Il ne faut tout de même pas sous estimer ces 100 premiers kilomètres qui verront la formation de l’échappée du jour : comme nous l’avons vu plus haut, en 2016 Hayman s’impose en étant sorti avec l’échappée matinale, en 2018 Dillier fini second au sprint derrière Sagan après avoir lui aussi fait parti de la bonne échappée du jour, et en 2021 Vermeersch et un Moscon malchanceux finiront respectivement 2ème et 4ème sur le vélodrome.
Le 1er des 30 secteurs pavés débute donc à l’arrivée à Troisvilles. 54.8 kilomètres de pavés répartis sur les 159 kilomètres de course restant, répartis de la manière suivante. Tout comme l’organisation, je garde le système d’étoile afin d’indiquer le niveau de difficulté de chacun des 30 secteurs. 1 étoile = secteur “simple” – 5 étoiles = secteur “très difficile”.
30 Secteurs pavés | Longueur | Kilométrage | Difficulté |
---|---|---|---|
30. Troisvilles à Inchy | 2.2 km | km 96.3 | *** |
29. Viesly à Quiévy | 1.8 km | km 102.8 | *** |
28. Quiévy à Saint-Python | 3.7 km | km 105.4 | **** |
27. Saint-Python | 1.5 km | km 110.1 | ** |
26. Vertain à St-Martin-sur-Écaillon | 2.3 km | km 117.9 | *** |
25. Haussy | 800 m | km 123.7 | ** |
24. Saulzoir à Verchain-Maugré | 1.2 km | km 130.6 | ** |
23. Verchain-Maugré à Quérénaing | 1.6 km | km 134.9 | *** |
22. Quérénaing à Maing | 2.5 km | km 137.6 | *** |
21. Maing à Monchaux-sur-Ecaillon | 1.6 km | km 140.7 | *** |
20. Haveluy à Wallers | 2.5 km | km 153.7 | **** |
19. Trouée d’Arenberg | 2.3 km | km 161.9 | ***** |
18. Wallers à Hélesmes | 1.6 km | km 167.9 | *** |
17. Hornaing à Wandignies | 3.7 km | km 174.7 | **** |
16. Warlaing à Brillon | 2.4 km | km 182.2 | *** |
15. Tilloy à Sars-et-Rosières | 2.4 km | km 185.6 | **** |
14. Beuvry-la-Forêt à Orchies | 1.4 km | km 192 | *** |
13. Orchies | 1.7 km | km 197 | *** |
12. Auchy-lez-Orchies à Bersée | 2.7 km | km 203.1 | **** |
11. Mons-en-Pévèle | 3 km | km 208.6 | ***** |
10. Mérignies à Avelin | 0.7 km | km 214.6 | ** |
9. Pont-Thibault à Ennevelin | 1.4 km | km 218 | *** |
8. Templeuve – L’Epinette | 0.7 km | km 223.4 | ** |
7. Cysoing à Bourghelles | 1.3 km | km 230.3 | *** |
6. Bourghelles à Wannehain | 1.1 km | km 232.8 | *** |
5. Camphin-en-Pévèle | 1.8 km | km 237.3 | **** |
4. Carrefour de l’Arbre | 2.1 km | km 240 | ***** |
3. Gruson | 1.1 km | km 242.3 | ** |
2. Willems à Hem | 1.4 km | km 249 | ** |
1. Roubaix | 0.3 km | km 255.8 | * |
Les Secteurs Clés
Secteur 30 – Troisvilles à Inchy (kilomètre 96.3)

Après presque 100km de course, Paris – Roubaix prend un tout autre tournant avec l’entrée sur le premier secteur pavé. Pas le plus difficile, mais un passage clé de cette course. Les choses sérieuses peuvent enfin commencer avec ce secteur long de 2.2km où la bataille pour le positionnement commencera.
Secteur 19 – La Trouée d’Arenberg (kilomètre 161.9)
Un des secteurs les plus mythique de Paris – Roubaix, et le premier des 3 classés 5 étoiles sur l’échelle de difficulté. Un des secteurs les plus difficile et dangereux du parcours où la bataille fera rage en amont pour aborder l’entrée du secteur long de 2.4km en tête. Une longue ligne droite au pavé disjoint et gras, cerné à gauche par la terre et à droite par les barrières.

Secteur 11 – Mons-en-Pévèle (kilomètre 208.6)

Le secteur de Mons-en-Pévèle est le second secteur classé 5 étoiles. Situé à moins de 50km de l’arrivée, la course entre dans sa dernière partie fatidique. Ses différentes portions en faux-plat ainsi que ses deux virages à angle droit en font un des secteurs les plus difficiles et sélectifs de la course.
Secteur 4 – Carrefour de l’Arbre (kilomètre 240)
Dernier secteur classé 5 étoiles du parcours, un des plus mythique, difficile mais aussi décisif de par sa proximité avec l’arrivée. La sélection cruciale peut se produire ici, les 3 sections pavées restantes étant bien moins difficiles.

Météo
Un temps bien différent de celui qu’ont connu les coureurs lors de l’édition 2021 ! Un grand soleil est attendu tout l’après-midi avec des températures qui devraient monter jusqu’à 20°.
Le vent soufflera aux alentours de 15km/h demain après-midi, en provenance de l’est / sud-est. Un vent en grande partie favorable donc sur la deuxième moitié du parcours, la plus importante et sélective. Le beau temps et le vent plutôt favorable sont une bonne nouvelle pour les gros moteurs du peloton !
Le Scenario
S’il y a bien une course difficile à lire correctement à l’avance, c’est bien Paris – Roubaix ! Les impondérables sont légions sur cette course qui ne pardonne rien. Savoir tenir sur son vélo et ne pas se faire trop secouer par les pavés est une chose, mais il faut aussi une bonne dose de chance pour éviter les crevaisons, qui n’arrivent jamais au bon moment. Le matériel joue aussi un rôle primordial, comme les pneus tubeless utilisés par Colbrelli l’année dernière. Celui-ci a avoué avoir crevé deux fois lors de la course, sans avoir eu besoin de s’arrêter pour changer de roue grâce à la mousse du tubeless qui a permis d’éviter une trop grande perte d’air (0.4 bars perdus à l’avant et 1 bar perdu à l’arrière en plus de 100km).
On a pu le voir sur les dernières éditions, Paris – Roubaix est une des courses d’un jour où l’échappée matinale est loin d’être un coup d’épée dans l’eau. Deuxième l’année dernière, Vermeersch en est le parfait exemple. On peut aussi citer Dillier, deuxième en 2018 et bien sûr Hayman vainqueur en 2016. Bien sûr, si un homme vu comme un favori tente de sortir, le peloton ne laissera pas faire. Mais des seconds couteaux seraient bien inspirés de tenter le coup encore demain, afin d’anticiper la grande bataille qui se mettra en place dès la Trouée d’Arenberg. Cela a pour avantage de ne pas avoir à se soucier du problème de placement à l’entrée des secteurs pavés mais aussi de ne pas sauter sous les attaques des favoris de la course.
Si les échappés ont leur chance, cela ne veut pas dire qu’il ne seront pas revus par un petit groupe qui se serait extrait du peloton dans la dernière partie de course. Sans sa crevaison et sa chute, Moscon aurait par exemple réussi cet exploit lors de l’édition 2021. Tous les favoris ne seront pas de ce groupe qui reviendra sur les fuyards de la première heure bien sûr, mais une partie d’entre eux tout du moins. Paris – Roubaix est une de ces courses qui récompense l’attaque, il ne faudra pas avoir peur de tenter sa chance de loin.
On a pu le voir sur la course des femmes samedi, une équipe en surnombre dans le final aura un avantage conséquent sur ses adversaires, et à ce jeu la, Jumbo et INEOS semblent les mieux équipées.
Passé le secteur 2 à moins de 10km de l’arrivée, si le groupe de tête est toujours ensemble, il y a de fortes chances qu’ils entrent groupés sur le vélodrome pour se jouer la victoire au sprint. Mais ce n’est pas forcément le meilleur sprinter qui s’impose ! Hayman en est l’exemple parfait, Colbrelli le contre-exemple. Celui qui aura gardé le plus de force sera en mesure de battre un homme plus rapide que lui sur le papier. Mais alors, impossible de sortir de clairs prétendants ?! Tout de même pas à ce point.
Les Prétendants
Alpecin : Van der Poel aura commencé tard sa saison sur route à cause de ses problèmes de dos, mais en l’espace d’un mois il aura mis tout le monde d’accord : 3ème pour sa course de reprise sur MSR, vainqueur d’A travers la Flandres et du Ronde, et récent 4ème de l’Amstel. L’année dernière il prenait la troisième place sur le podium de son premier Paris – Roubaix. Un point négatif pour lui, son équipe ne semble pas en mesure de lutter face aux armada Jumbo – INEOS et QuickStep, mais comme bien souvent, Matthieu y est habitué. Non pas qu’aucun homme ne sera en mesure de l’aider, il y a de la qualité dans l’effectif, mais probablement un ton en dessous de Jumbo, INEOS et QS. Il y a fort à parier que du côté des leaders il soit celui qui lance les hostilités. On peut imaginer aussi que certains de ses hommes soient envoyés tôt à l’avant (comme Dillier, second en 2018 par exemple). S’il ne parvient pas à isoler ses principaux adversaires, les problèmes commenceront pour Matthieu, un peu à l’image de ce qui s’est passé sur l’Amstel avec le surnombre des INEOS. Il ne pourra pas aller chercher toutes les attaques, et les yeux seront braqués sur lui (et sur Wout).
Peut-il réaliser l’exploit d’aller chercher un troisième podium sur le troisième Monument de l’année ? Sa forme et son résultat ici-même en octobre suggèrent que oui. Il est en tout cas le favori désigné à la victoire. Une dernière statistique pour finir de se convaincre que Matthieu devrait jouer un rôle prépondérant sur ce Paris – Roubaix : VdP a pris le départ de 10 Monument, sa moins bonne place étant 13ème sur MSR 2020. Il est entré 9 fois dans le top 10, 5 fois sur le podium et deux fois victorieux. Un phénomène à bien des égards.
Jumbo : Van Aert avait décidé d’écourter sa saison de cyclo-cross afin de préparer au mieux les deux gros objectifs de sa saison, à savoir le Tour des Flandres et Paris Roubaix. Et on peut dire que tout semblait aller pour le mieux pour le belge et son équipe qu’on a pu voir en démonstration à de nombreuses reprises depuis le début de la saison. Malheureusement, le Covid est passé par là et a tout remis en cause : non partant pour le Ronde et invité de dernière minute pour l’Enfer du Nord. Il n’a pas participé à la reconnaissance d’un parcours qu’il connaît sur le bout des doigts ces derniers jours, au lieu de cela il s’est entraîné à Calpe, en Espagne, presque en secret (il lui a été demandé de ne rien partager de ses données Strava) .
D’après le DS de Jumbo et Wout lui-même, le belge aura un rôle différent cette année, un temps annoncé plus en soutien de ses équipiers Laporte, Van Hooydonck et Teunissen, il est aussi question d’un rôle “d’électron libre”. Faut-il pour autant en conclure qu’il ne jouera pas sa chance ? Bien sûr que non. S’il s’aligne sur Paris – Roubaix c’est qu’il se sent suffisamment remis et en forme pour peser sur la course, il ne sera en revanche pas leader unique à la différence des dernières années. Aider ses équipiers ne veut pas nécessairement dire qu’il disparaîtra avant la sélection finale, au contraire. Malgré tout, il semble tout de même ne pas vouloir surjouer ses chances en déclarant ne pas être “dans la meilleure condition possible“ et de participer “afin de ne pas avoir l’impression de tout rater durant ce printemps.”
Jumbo ne semble pas vouloir mettre tous ses œufs dans le même panier, et quand on voit la force de l’équipe en ce début de saison, on ne peut que se dire que c’est la bonne stratégie à adopter. Parlons tout d’abord de Laporte qui est dans la forme de sa vie : 8ème de KBK, 2ème de l’E3, 2ème de Gent-Wevelgem et 9ème du Ronde. On se rappellera aussi de sa belle 6ème place acquise à Roubaix en octobre dernier, avant son explosion chez Jumbo. Les chances de Van Hooydonck et Teunissen ne doivent pas être minimisées non plus. Libérés en partie du poids de devoir protéger Wout, ils pourraient décider d’anticiper en prenant l’échappée matinale ou bien même un peu plus loin. De cette manière, ils ne risqueraient pas se faire piéger ou de sauter lorsque les favoris lanceront les grandes manœuvres derrière. Et ils pourront aussi profiter du fait qu’ils seront bien moins marqués que Van Aert ou Laporte.
QuickStep : Le pôle flandrien de la QuickStep est en grande difficulté cette année, et ne compte que la victoire de Jakobsen obtenue au sprint sur Kuurne – Bruxelles – Kuurne. Une réelle déception très loin de ce dont à quoi l’équipe de Lefévère nous avait habitué les années passées. Cependant, il est vrai que l’équipe a dû composer avec un grand nombre de malades ou blessés à des moments clés. Pour Paris – Roubaix, la formation belge aligne ce qu’elle a de mieux dans son effectif avec notamment Stybar, Lampaert, Sénéchal et bien sûr Asgreen.
6 top 10 en 8 participations dont 2 deuxième places pour Stybar, Paris – Roubaix est une course qui lui réussi mais à 36 ans sa chance est peut-être déjà passée, et je ne pense pas qu’il soit la pièce maîtresse côté QuickStep. Une année 2021 à l’image de celle de la QS pour Lampaert, mais il ne faut pas oublier sa 3ème place sur Roubaix en 2019 et encore moins sa 5ème place sur la dernière édition (en réglant le groupe Van Aert au sprint) où il a joué de malchance. D’après ses dires, il faudra s’attendre à une course plus offensive côté QuickStep pour jouer les premiers rôles et peser sur la course dans plusieurs échelons afin de tenter d’être présent en nombre dans le final. Profiter du surnombre que peut apporter l’équipe avec des hommes comme lui, ou encore Sénéchal. On le sait, Paris – Roubaix est probablement la course qui tient le plus à cœur au français. 6ème en 2019, il tentera d’améliorer ce résultat dimanche.
Côté Wolfpack, si l’effectif est plaisant, un homme sort tout de même du lot, le danois Asgreen. Pas non plus flamboyant comparé à sa version 2021, mais la forme semble ascendante pour Kasper, en témoigne sa 6ème place sur l’Amstel. De manière assez surprenante, sa meilleure place sur Paris – Roubaix est une 50ème place en 2019. Mais cette année il abordera la course avec un tout autre statut, nul doute que si la malchance le laisse tranquille il améliorera grandement ce résultat ! Kasper possède tout ce qu’il faut pour faire parti du groupe qui se jouera la victoire sur le vélodrome si la forme est effectivement bonne, il ne faudra pas se faire piéger par des jeux tactiques.
INEOS : Si un jour on nous avait dit qu’INEOS, feu Sky, serait une des équipes les plus compétitives sur les classiques de début de saison, beaucoup auraient ri. Force est de constater que c’est bel et bien le cas cette année, et on ne parle pas que d’un seul coureur. La deuxième place de Van Baarle sur le Ronde n’était pas nécessairement un exploit mais plus une bonne surprise pour un coureur dont on connaissait déjà les qualités sur les pavés flandriens. Une performance qui témoigne de sa forme actuelle, suffisant pour en faire un des grands outsiders de Paris -Roubaix. Ses adversaires auraient tort de ne pas le considérer comme une vraie menace demain. On connaît sa propension à anticiper et à sentir (créer) les bons coups, il ne serait pas étonnant de le voir de nouveau tenter de fausser compagnie aux principaux leaders avant les grandes manœuvres.
Les deux jeunes Sheffield et Turner impressionnent cette année. Certes, seul un des 2 a gagné cette année (et même plutôt deux fois qu’une), mais la puissance de Turner est tout aussi impressionnante (peut-être même plus) que celle de Sheffield. Dernier exemple en date, leurs prestations sur La Flèche Brabançonne. Ils n’ont pas peur de prendre la course à leur compte, peu importe la distance. Ils n’auront pas un rôle de leader demain (une équipe à tout de même besoin d’équipiers !) mais on peut tout à fait les imaginer en dynamiteur afin de placer leurs leaders dans les meilleurs dispositions à l’amorce des secteurs clés. Et de ce qu’on a pu voir d’eux dernièrement, ils devraient être capable d’accompagner les premiers loin dans la course. Ces deux jeunes pourraient très bien être la clé du potentiel surnombre d’INEOS dans le final de la course.
Autre prétendant côté Grenadiers, Ganna. Deux participations à Paris – Roubaix pour l’italien, une fois hors délai et abandon la seconde fois. Pas le meilleur des records ! Il convient tout de même de rappeler qu’en 2016 il s’imposait sur les routes de Paris – Roubaix Espoirs. Il a déclaré en début de saison vouloir prouver qu’il est plus qu’un coureur de contre-la-montre. Ses prestations sur les pentes du Tour des UAE, du Tour de la Provence et avant cela sur le Giro 2020 confirment ses dires. On peut aussi repenser à sa prestation sur les Strade Bianche de l’étape de Montalcino (Giro 2021) où il aura fait la course à l’avant sur les secteurs clés pour étirer et créer des cassures dans le peloton. Tombé malade après Tirreno, il n’aura pu défendre pleinement ses chances sur MSR qui était un de ses objectifs, et il aura dû faire une coupure avant les classiques flandriennes. A la fin du mois de mars, Pippo était allé reconnaitre les 30 secteurs pavés en secret avant de commencer une préparation pour le moins atypique. Ganna s’est en effet entraîné sur la piste de Montichiari afin de travailler sur des intervalles de 2 minutes à 60km/h pour reproduire la puissance nécéssaire estimée sur un secteur pavé. Nous saurons dimanche si ce type de préparation est fructueux. Quoi qu’il en soit, Ganna est un coureur grand et puissant, équipé pour une course comme Paris – Roubaix. Le vent d’est / sud-est annoncé sur la course finira d’avantager les gros moteurs comme le sien, et s’il n’arrive pas à créer la différence avant le final, il pourra espérer faire jouer son expérience de pistard sur un finish où la fraîcheur pourrait compter d’avantage que la vitesse pure.
Trek : La Trek aligne de nouveau son duo de flandrien Pedersen / Stuyven pour cette édition de Paris – Roubaix. Excellent début de saison du danois avec 4 victoires au compteur cette année. Une belle 8ème place sur le Ronde il y a deux semaines. Sans les monts flandriens, on peut penser que Mads, si sa forme est toujours aussi bonne, ai son mot à dire sur les pavés vers Roubaix. Mais on le sait, Pedersen souffle souvent le chaud et le froid sur les classiques, et ses résultats sur Paris – Roubaix ne sont pas fameux (meilleure place 51éme en 2019). Seulement, s’il y a bien une année où il ne faut pas l’enterrer trop tôt, c’est bien 2022. Avec déjà deux top 10 sur les deux premiers Monuments de la saison, il n’est pas déraisonnable de penser qu’il puisse en accrocher un troisième, et pourquoi pas un peu mieux. A la bataille jusque dans la Trouée d’Arenberg avec les tout meilleurs, il avait dû abandonner sur chute l’année dernière. On imagine son envie de revanche cette année, même si le temps plus clément attendu ne sera pas vraiment à son avantage.
Stuyven a un peu plus de résultats notable ici, bien qu’ils commencent un peu à remonter. 4ème en 2017 et 5ème en 2018. On l’a vu récemment jouer à l’avant sur Gent – Wevelgem mais hors du coup sur le Ronde. Est-ce que les deux semaines entre les deux Monuments lui auront fait du bien ou au contraire empêché de construire sa forme ? A en croire ses dires, ses deux semaines ont pu être mises à profit pour soigner un problème de dos et préparer la course. Si les deux arrivent à rester assez longtemps dans le groupe de tête, le belge pourrait être l’option offensive, laissant le soin au danois de rester dans les roues de leurs adversaires et se préserver pour un potentiel sprint.
G-FDJ : Son début de saison suggère qu’un vrai cap a été franchi par Küng sur les classiques pavées : 3ème de l’E3, 6ème d’A Travers la Flandres et 5ème du Ronde. Il est tout naturel de le citer parmi les outsiders pour cette édition de Paris – Roubaix, bien qu’il n’y ai jamais réellement brillé non plus. Capable de s’accrocher et de jouer les premiers rôles dans les monts pavés, une course comme Roubaix semble encore plus dans ses cordes. Ses qualités de gros rouleurs seront, à l’instar de Ganna, un avantage supplémentaire avec ce vent annoncé. Malgré toutes ses qualités, Stefan semble comme bien souvent condamné à arriver seul sur le vélodrome s’il veut espérer s’imposer. Une tâche ô combien difficile, il faudra timer sa dernière attaque à la perfection pour que ses adversaires se tournent les uns vers les autres en attendant que l’un d’eux prenne la chasse. Lui laisser 20m d’avance pourrait être une erreur fatale !
En forme sur cette période de Classiques, Madouas va s’aligner sur son premier Roubaix. Les 3 sur le podium ont prouvé l’année dernière qu’il est possible de s’imposer sans jamais avoir connu les pavés de l’Enfer du Nord. 7ème de l’E3 mais surtout 3ème du Ronde, Valentin se présente ici avec l’ambition de signer un bon résultat. Un parcours qui lui convient probablement un peu moins tout de même, mais vu sa forme il a des chances de s’accrocher assez loin. Küng reste pour moi la meilleure chance côté FDJ.
Bahraïn : En l’absence de Colbrelli, toujours convalescent, Mohoric va porter le poids du leadership côté Bahrain. Le vainqueur de MSR a réalisé un bon début de saison sur les classiques avec une 4ème place sur l’E3 et 9ème sur Gent -Wevelgem, il est cependant passé un peu au travers sur le Ronde. Une 13ème place sur l’Amstel à plus d’1’30” de la tête était peut-être synonyme que son pic de forme est passé ? L’équipe sera en tout cas tournée vers lui. On peut aussi citer le jeune Fred Wright chez la Bahrain, surprenant 7ème du dernier Tour des Flandres, qui s’alignera pour son deuxième Paris – Roubaix.
UAE : Le doute n’aura pas plané bien longtemps, Pogacar ne sera pas au départ de Paris – Roubaix, du moins pour cette édition. C’est donc à Trentin que va incomber le rôle de leader sur la course. Excellent flandrien, Matteo a dû faire une coupure de deux semaines suite à sa chute violente survenue sur Paris – Nice. Un coupure regrettable pour celui qui semblait être en excellente forme avant cela dans sa campagne flandrienne, avec en point d’orgue sa victoire sur le Samyn. Si la forme semble aller en s’améliorant, le fait qu’il ne soit peut-être pas à 100% ainsi que son faible record sur Paris – Roubaix (36ème en 2016, son meilleur résultat en 8 participations) ne jouent pas en sa faveur. Sur les dernières éditions, nous l’avons déjà vu tenter d’accrocher l’échappée matinale pour anticiper les hostilités, cela pourrait être sa meilleure chance de survivre assez loin dans le final.
TotalEnergies : Sans grande surprise, Sagan n’est pas en état de s’aligner sur Paris – Roubaix. C’est donc Turgis qui emmènera l’équipe TotalEnergies sur les pavés de l’Enfer du Nord. Excellent début de saison du français avec en point d’orgue sa deuxième place sur MSR. Lui l’habitué des belles places sur les flandriennes a semblé par la suite un peu moins dedans, devant même abandonner sur le Ronde ainsi que sur l’Amstel sur chute. Il semble malgré tout remis de ses chutes mais la forme affichée sur ses dernières sorties n’est peut-être pas suffisante pour accrocher un podium que beaucoup lui prédisait après sa très belle course sur MSR.
L’équipe emmène aussi un ancien vainqueur en la personne de Terpstra (en 2014). Probablement peu de choses à attendre du néerlandais tout de même, les regards pourraient se tourner vers un autre outsider dans l’équipe, Van Gestel. Malade après le Tour des Flandres, si sa forme est de retour il aura l’occasion de confirmer son bon début de saison sur les flandriennes (top 10 sur KBK et le Samyn, et podium sur Gent – Wevelgem).
Intermarché : Sur ces dernières semaines, Kristoff semble avoir trouvé la forme : 11ème de Gent – Wevelgem, 10ème du Ronde et vainqueur en solitaire du Scheldeprijs, le pic arrive à point nommé juste avant Roubaix ! Deux top 10 pour le norvégien ici, et une 14ème place l’année dernière. J’ai tout de même un peu mal à imaginer ce qu’on doit attendre de lui demain.
DSM : Une mention pour l’équipe DSM et son système d’ajustement de pression des pneus en course, tout juste autorisé par l’UCI, mais que l’équipe n’utilisera pas cette année sur Roubaix. Un système qui permettra aux coureurs d’ajuster la pression en fonction du terrain. Même avec ce système j’avais du mal à imaginer un homme de chez DSM réaliser une grande course. On peut citer tout de même Degenkolb, vainqueur en 2015, mais dont les meilleurs années semblent derrière lui.
Bora : C’est Nils Politt qui guidera la formation Bora sur les pavés jusqu’à Roubaix. On connait ses capacités de gros rouleur, lui qu’on a vu a plusieurs occasions capable de s’imposer en solitaire, comme sur le Tour de France l’année dernière. L’allemand connaît et affectionne Paris – Roubaix, il y a signé une 7ème place en 2018 puis une deuxième place en 2019. Difficile de l’imaginer faire mieux que cela cette année malgré tout.
Lotto : Une belle équipe de gros rouleurs que celle de la Lotto. Aucun favori clair à la victoire cependant, on prêtera attention à la performance de Campenaerts qui a semblé très puissant lors de sa campagne flandrienne, si la malchance le laisse tranquille aussi ! Gilbert s’alignera pour ce qui sera son dernier Roubaix, et Vermeersch voudra prouver que sa deuxième place obtenue l’année dernière n’était pas qu’un coup de chance.
Mes Choix
Une course qui a tout pour se décanter et se jouer de loin. L’inconnue sur la forme de Van Aert ne m’inquiète pas réellement, s’il s’aligne c’est qu’il est en condition pour jouer un vrai rôle. On pourrait dès lors assister à un nouveau marquage entre lui et Van der Poel si le belge ne se fait pas piéger comme l’année dernière. On le sait, les deux ensemble ont parfois une fâcheuse tendance à s’enterrer ! Pour cette raison, je pense que ni l’un ni l’autre ne s’imposera sur le vélodrome demain.
Pour demain, je me répète mais être en surnombre dans le final va s’avérer primordial et Jumbo et INEOS sont pour moi les deux équipes les plus à même de se retrouver dans cette position. Que ce soit en envoyant un homme tôt à l’avant pour s’assurer de sa présence dans le final quand tout se sera décanté, ou bien en attaquant plus tard dans la course au sein d’un petit groupe où ils possèdent un ou plusieurs équipiers, les coureurs des deux équipes ont du choix. Mon choix se portera donc sur de gros rouleurs capable de profiter de ces situations et de tout donner pour ne pas être revus : Ganna, Turner et Van Hooydonck. Le choix de Van Hooydonck peut sembler surprenant, mais dans un jeu tactique il y a fort à parier qu’il sera le moins surveillé côté Jumbo et donc le plus enclin à tenter sa chance de loin peut-être même dans l’échappée matinale. Pour Turner, la forme qu’il a affiché dernièrement et ses performances sont phénoménales, le vrai facteur X côté Grenadiers selon moi. Enfin Ganna, l’italien me plaît (comme à d’autres) depuis bien longtemps pour cette course, et je choisi de m’en tenir à mon premier avis, décidé il y a quelques temps déjà.
- Ganna @ 18 (0.15%)
- T3 @ 5.5 (0.15%)
- Turner @ 40 (0.1%)
- T3 @ 10 (0.1%)
- Van Hooydonck @ 70 (0.05%)
- T3 @ 20 (0.05%)