903. C’est le nombre de jours qu’il aura fallu attendre entre la victoire de Gilbert sur le vélodrome de Roubaix le 14 avril 2019 et ce 3 octobre 2021. L’enfer du Nord est enfin de retour, 2 an et demi plus tard ! Exceptionnellement quatrième des 5 Monuments cette année, Paris-Roubaix est sans aucun conteste l’une des épreuves les attendues par les spectateurs et les coureurs eux-mêmes.
LES DERNIERES EDITIONS
Sur les 20 dernières années, 3 hommes ont réussi à s’imposer plus d’une fois sur le vélodrome de Roubaix : Museeuw, Boonen et Cancellara. Une course déjà difficile en soi, mais rendu encore plus dure par tous les ennuis mécaniques et chutes possibles. On peut encore plus admirer l’exploit réalisé par ces 3 hommes, aujourd’hui retraités.
2016 : Présent dans l’échappée matinale, Hayman décroche la victoire au sprint. Sagan et Cancellara piégé par la Quickstep de Boonen avant même la Trouée d’Arenberg ne pourront jamais revenir sur le groupe du belge, qui rentre sur ce qui reste de l’échappée matinale. Ecrémage constant jusqu’à l’attaque de Stannard dans le secteur de Camphin en Pévèle, à moins de 20km de l’arrivée. Seuls 4 hommes peuvent le suivre. Hayman règlera le sprint à 5, devant Boonen.
2017 : Distancé à 100km de l’arrivée avant la Trouée d’Arenberg, Van Avermaet pris dans un chute parvient à rentrer sur le peloton une vingtaine de kilomètres plus loin, malgré le gros rythme imposé par Boonen et la QuickStep. L’attaque décisive se fera à 15km de l’arrivée dans la section du Carrefour de l’Arbre, où GVA, Stybar et Langeveld. Repris par Moscon et Stuyven dans le vélodrome, GVA s’imposera tout de même au sprint.
2018 : A 54km de l’arrivée, Sagan décide de sortir seul du peloton pour faire le jump et combler le trou de 30sec avec les échappés de la première heure. La sélection s’opère naturellement et à 25km de l’arrivée, Sagan et Dillier ne sont plus que deux à l’avant. Sagan s’imposera au sprint sur le vélodrome.
2019 : Le premier mouvement décisif à lieu à 48km de l’arrivée, juste avant le secteur de Mons en Pévèle, un groupe de 5 revient sur Gilbert déjà à l’avant. 3km avant l’entrée sur le secteur de Camphin en Pévèle, attaque de Gilbert avec Politt et Sagan. Nouvelle accélération à 14.5km dans le secteur de Gruson par Politt, seul Gilbert peut suivre. Victoire au sprint de Gilbert face à l’allemand.
LES MODIFICATIONS DU PARCOURS 2021
Comme rapporté sur le site officiel de Paris-Roubaix, quelques modifications ont été apporté sur le tracé, notamment sur les premiers secteurs pavés. Le secteur 30 (le premier à être abordé lors de la course) de Troisvilles à Inchy sera emprunté sur sa longueur totale de 2.2km. A noter aussi le retour du secteur de Hameau du Buat. Pour le reste des secteurs pavés, on est sur du classique.
LE PARCOURS
Comme d’habitude, les premiers secteurs pavés n’interviendront qu’après une procession d’une centaine de kilomètres au départ de Compiègne jusqu’à l’arrivée dans Troisvilles. Il ne faut tout de même pas sous estimer ces 100 premiers kilomètres qui verront la formation de l’échappée du jour : en 2016 Hayman s’impose en étant sorti avec l’échappée matinale, et en 2018 Dillier fini second au sprint derrière Sagan après avoir lui aussi fait parti de la bonne échappée du jour.
Arrivée à Troisvilles, le 1er des 30 secteurs pavés pourra débuter. 55 kilomètres de pavés répartis sur les 159 kilomètres de course restant, organisés de la manière suivante. Tout comme l’organisation, je garde le système d’étoile afin d’indiquer le niveau de difficulté de chacun des 30 secteurs. 1 étoile = secteur “simple” – 5étoiles = secteur très difficile.
30 Secteurs pavés | Longueur | Distance de l’arrivée | Difficulté |
---|---|---|---|
30. Troisvilles à Inchy | 2.2 km | 161.4 km | *** |
29. Viesly à Quiévy | 1.8 km | 154.9 km | *** |
28. Quiévy à Saint-Python | 3.7 km | 152.3 km | **** |
27. Saint-Python | 1.5 km | 147.6 km | ** |
26. Haussy à St-Martin-sur-Écaillon | 0.8 km | 141.1 km | *** |
25. St-Martin-sur-Ecaillon à Vertain | 2.3 km | 136.8 km | *** |
24. Capelle à Ruesnes | 1.7 km | 130.4 km | *** |
23. Artres à Quérénaing | 1.3 km | 121.4 km | ** |
22. Quérénaing à Maing | 2.5 km | 119.5 km | *** |
21. Maing à Monchaux-sur-Ecaillon | 1.6 km | 116.5 km | *** |
20. Haveluy à Wallers | 2.5 km | 103.5 km | **** |
19. Trouée d’Arenberg | 2.3 km | 95.3 km | ***** |
18. Wallers à Hélesmes | 1.6 km | 89.3 km | *** |
17. Hornaing à Wandignies | 3.7 km | 82.5 km | **** |
16. Warlaing à Brillon | 2.4 km | 75 km | *** |
15. Tilloy à Sars-et-Rosières | 2.4 km | 71.5 km | **** |
14. Beuvry-la-Forêt à Orchies | 1.4 km | 65.2 km | *** |
13. Orchies | 1.7 km | 60.2 km | *** |
12. Auchy-lez-Orchies à Bersée | 2.7 km | 54.1 km | **** |
11. Mons-en-Pévèle | 3 km | 48.6 km | ***** |
10. Mérignies à Avelin | 0.7 km | 42.6 km | ** |
9. Pont-Thibault à Ennevelin | 1.4 km | 39.2 km | *** |
8. Templeuve – L’Epinette | 0.7 km | 33.3 km | ** |
7. Cysoing à Bourghelles | 1.3 km | 26.9 km | *** |
6. Bourghelles à Wannehain | 1.1 km | 24.4 km | *** |
5. Camphin-en-Pévèle | 1.8 km | 19.9 km | **** |
4. Carrefour de l’Arbre | 2.1 km | 17.2 km | ***** |
3. Gruson | 1.1 km | 14.9 km | ** |
2. Willems à Hem | 1.4 km | 8.2 km | *** |
1. Roubaix | 0.3 km | 1.4 km | * |
LES SECTEURS CLÉS
Si sur Paris – Roubaix chaque kilomètre a son importance, il est des secteurs pavés qui sont plus décisifs que d’autres. Que ce soit par leur longueur, la constitution du pavé ou encore leur proximité avec l’arrivée, les secteurs ci-dessous jouent toujours un rôle important.

30. Troisvilles à Inchy
Après presque 100km de course, Paris – Roubaix prend un tout autre tournant avec l’entrée sur le premier secteur pavé. Pas le plus difficile, mais un passage clé de cette course. Les choses sérieuses peuvent enfin commencer avec ce secteur long de 2.2km.

19. Trouée d’Arenberg
Un des secteurs les plus mythique de Paris – Roubaix, et le premier des 3 classés 5 étoiles sur l’échelle de difficulté. Un des secteurs les plus difficile et dangereux du parcours où la bataille fera rage en amont pour aborder l’entrée du secteur 2.4km de long en tête.


11. Mons-en-Pévèle
Le secteur de Mons-en-Pévèle est le second secteur classé 5 étoiles. Situé à moins de 50km de l’arrivée, la course entre dans sa dernière partie fatidique. Ses différentes portions en faux-plat ainsi que ses deux virages à angle droit (potentiellement boueux) en font un des secteurs les plus difficiles.


4. Carrefour de l’Arbre
Dernier secteur classé 5 étoiles du parcours, un des plus mythique, difficile mais aussi décisif de par sa proximité avec l’arrivée. La sélection cruciale peut se produire ici.

METEO
Pour la première fois, Paris – Roubaix se tiendra non pas en avril mais début octobre. Et cela aura une influence notamment à cause de la météo. Et, pour la première fois depuis 19 ans, la pluie devrait faire son retour sur les routes de Paris – Roubaix. Un course déjà bien plus que difficile par temps sec avec la poussière, mais qui devrait être rendu encore plus épique sur des pavés mouillés et glissant, parfois boueux. Les équilibristes du cyclo-cross auront probablement un avantage certains ! A cela viendra s’ajouter des températures fraîches qui ne dépasseront pas les 15°.
Le vent soufflera aussi à plus de 20km/h avec des rafales dépassant les 30km/h. Un vent d’Ouest / Sud-Ouest qui devrait pousser les coureurs sur la première moitié de course. Un vent qui soufflera aussi de côté par endroit, augmentant la tension déjà bien présente dans le peloton. La bataille pour rester à l’avant devrait faire rage tout au long des 260km de la course !
LES PRETENDANTS
S’il est de base difficile d’anticiper le vainqueur de Paris – Roubaix, cela sera encore plus vrai cette année. Les crevaison, ennuis mécaniques et chutes sont monnaie courante par temps sec, donc sous la pluie les pavés boueux en enverront plus d’un au sol (comme on a pu le voir hier chez les femmes). La bataille pour le placement à chaque entrée de secteur pavé fera rage pour éviter de se retrouver piégé par une chute en milieu de peloton, et avoir des équipiers autour de soi sera bien évidemment un plus non négligeable.
JUMBO VISMA
Leader du team Jumbo-Visma, on ne présente plus Van Aert aussi à l’aise sur route que dans les sous-bois. De nouveau auteur d’une saison hors-normes, le belge va tenter d’accrocher un second Monument à son palmarès. En 2021, sur les courses d’un jour, son pire résultat aura été une 11ème place (aux championnats du Monde et sur le GP E3). Une preuve de son immense régularité. Il lui en aura manqué sur la fin dimanche dernier pour suivre Alaphilippe, mais que cela ne fasse pas de lui un moins grand favori pour Paris – Roubaix, un parcours qui convient à ses qualités mais qui ne lui a pas fait de cadeaux. On se souvient en 2019 de ses ennuis mécaniques et de sa chute qui lui auront coûté trop de forces alors qu’il était dans le groupe de 6 jusqu’à 23km de l’arrivée. Il a une revanche à prendre ici. Paris – Roubaix est une course qui revêt une importance particulière à ses yeux, le plaçant même devant Le Ronde. Lui qui rêvait de faire P – R deux fois avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules ne viendra pas y faire de la figuration.
ALPECIN
L’un allant généralement de pair avec l’autre, Van der Poel sera une nouvelle fois l’adversaire principal du belge. Une situation à double tranchant qui pourrait soit voir les deux tout donner et créer la sélection, ou bien se regarder et s’enterrer ensemble un peu comme sur les championnats du monde. Le vainqueur des Strade Bianche 2021 et actuel champion du Monde de cyclocross est particulièrement à son aise sur ces classiques pavées : 4è, 1er et 2è des trois derniers Tour des Flandres, vainqueur de l’Antwerp Port Epic 2021 ou encore la Flèche Brabançonne 2019. Beaucoup de doutes ont plané sur sa condition physique suite à sa chute survenue lors des JO. Des réponses apportées sur sa course de reprise sur l’Antwerp Port Epic et ses près de 60km de gravel et routes pavées, un peu plus décevant sur les championnats du Monde, mais loin d’être catastrophique. Il s’alignera pour son 1er Paris – Roubaix, mais nous pouvons compter sur lui pour être plus qu’un spectateur ! En interview, son père Adrie s’est montré assez confiant quant aux chances de Mathieu de mieux figurer sur P-R que lors des championnats du Monde. Dernier objectif de l’année pour Mathieu, qui sera entouré d’une équipe composée de beaucoup de cyclocross-man parmi lesquels Vermeersch, Merlier ou encore Philipsen vainqueur des 4 dernières courses auxquelles il a pris part. A noter aussi la présence de Dillier, second derrière Sagan lors de l’édition 2018.
QUICK STEP
Impossible bien évidemment de ne pas citer la QuickStep sur Paris – Roubaix ! Cette année encore, le wolfpack se présente avec une équipe où la plupart des coureurs paraissent être des prétendant sérieux à la victoire ! Y a t-il un vrai pur leader ? Pas forcément, mais on peut citer 4 hommes qui auront un statut privilégié demain. La Quick Step jouera encore le coup du surnombre, une stratégie létale qui aura eu raison de bon nombre d’adversaire au cour de ces dernières années. Sénéchal tout d’abord qui n’a jamais caché son amour pour cette course. Un parcours qu’il a l’avantage de connaître par cœur. Dans une excellente forme actuellement, Florian dispose de réelles chances de bien figurer de nouveau sur cette course. Sa vitesse au sprint peut lui permettre de ne pas mener une course trop offensive, cela reposera probablement sur certains autres équipiers et notamment Asgreen, Lampaert et Stybar. En vainqueur du Tour des Flandres, Asgreen est indéniablement une carte maîtresse pour la DQS. Malade la semaine dernière, est-il remis à 100% ? Lampaert, 3ème de la dernière édition, n’est pas en reste. Ces récentes sorties ont montré que la forme est là pour le belge. Mais s’il est bien un homme au sein de l’équipe belge qui connaît parfaitement et affectionne Roubaix c’est le tchèque Stybar : 6 top 10 dont deux podium en 7 participations. Rien d’étonnant pour cet ancien champion du monde de cyclocross qui semble en plus tenir une bonne forme, en témoigne sa septième place sur les championnats du monde.
TREK
Trek s’aligne avec deux coureurs qui pourraient tirer leur épingle du jeu sur cette course. Tout d’abord l’ancien champion du monde Pedersen, qui en plus d’être très rapide et puissant sur les longs parcours, est un des coureurs qui excelle le plus lorsque les conditions de courses sont très difficile comme demain. Il a du abandonner sur chute les championnats du Monde, et s’il n’est pas à 100%, un de ses équipiers pourrait en profiter. Stuyven pourrait très certainement être cet homme. Le vainqueur de Milan – Sanremo 2021 sort tout juste d’une 4ème place sur les championnats du monde dimanche dernier. Un homme sur qui il faut toujours compter sur les classiques pavées, lui qui a décroché deux top 5 sur Paris – Roubaix lors des 3 dernières éditions.
INEOS
INEOS vient aussi avec une équipe aux multiples facettes. Si l’on peut s’étonner que Kwiatkowski ne prendra part qu’à son premier Paris – Roubaix demain, les grenadiers ont dans leurs rangs un homme ayant déjà décroché un top 5 à Roubaix en la personne de Moscon. Départ confirmé vers Astana pour l’italien, pas sûr que l’équipe ne le protège réellement. Et si leur meilleure carte était Van Baarle ? 7ème de l’E3, 8ème de Gent-Wevelgem, vainqueur d’A travers la Flandres et 10ème du Ronde, et cela rien qu’en 2021 ! Et s’il fallait une preuve supplémentaire que les jambes sont là, il ne faut pas chercher plus loin que sa médaille d’argent lors des championnats du monde la semaine dernière.
BAHRAIN
Une des sensations de cette saison 2021, et vu la forme affichée par Colbrelli et Mohoric, difficile de ne pas les citer. L’italien, récent champion d’Europe, s’aligne lui aussi sur son premier Paris – Roubaix. Dans la forme de sa vie, il a montré être un coureur capable d’encaisser les routes accidentées, un puncheur puissant qui de plus adore les conditions climatiques terrible. Il semblait en forme la semaine dernière, le seul à pouvoir suivre Alaphilippe sur le circuit flandrien. Malheureusement, sa stratégie dans le final de ne marquer que WVA et MVDP aura eu raison de ses chances. Je garderai aussi un œil sur Haussler qui prendra part à son 14ème Paris-Roubaix lui qui y a déjà signé deux top 6. Loin d’être favori il pourrait être un de ceux qui profite d’un marquage entre les hommes forts pour tirer son épingle du jeu. De plus, il s’est mis (assez modestement) au cyclocross depuis deux ans, de quoi mettre quelques chances en plus de son côté.
BORA
Un ancien vainqueur et un ancien second de Paris – Roubaix dans leurs rangs, de quoi donner de bons espoirs à la formation allemande ! 7ème en 2017 et 2ème en 2018, Politt affectionne cette course. Très gros moteur, l’allemand a ce qu’il faut pour aussi profiter du marquage potentiel entre les favoris et tenter de partir seul, il a la caisse pour tenir le choc. On ne présente plus Sagan, toujours un homme sur qui il faut compter sur ces courses d’un jour mythique. Peter a un peu perdu de sa superbe au fil des ans, mais il ne faut jamais enterrer un champion trop tôt.
ISUN
Vanmarcke est un des hommes qui performe très régulièrement sur Roubaix, bien que la victoire se soit toujours refusée à lui jusqu’à maintenant ( 5x dans le top 6, 3x 4è et une fois second).
INTERMARCHE
Je terminerai mon tour des outsiders par un homme dont le nom commence à être bien connu des amateurs de cyclisme : Taco van der Hoorn. Un des gros moteurs du peloton, récent second de l’Antwerp Port Epic derrière Van der Poel. Auteur de plusieurs gros coups cette saison, on le sait capable de tenir tête à un groupe de chasse s’il arrive à s’isoler. Il n’a jamais terminé Paris – Roubaix en 2 participations, qu’en sera t-il demain ?
MES CHOIX
- Van der Poel @ 6.50 (0.35%)
- Stuyven @ 20 (0.1%)
- Stybar @ 22 (0.1%)
- Van Baarle @ 25 (0.1%)
- Haussler @ 75 (0.05%)
- T3 @ 20 (0.1%)