Championnats du Monde sur route 2021 (268.3km)

Un des moments les plus attendu de l’année cycliste : le championnat du Monde sur route. Qui succèdera à Alaphilippe au terme de ces 269km d’une course aux allures de classique, avec pas moins de 42 côtes répertoriées ?

LE PARCOURS

Un parcours qui, comme on peut le voir sur le profil ci-dessus, est découpé en 3 partie distinctes.

ANVERS – LOUVAIN

La première partie de ces championnats du Monde mènera directement le peloton d’Anvers au circuit de Louvain. Peu de choses à noter sur cette première partie plate de 56 kilomètres, sur des routes relativement bien abritées. L’utilité principale sera surtout de rallonger la course pour augmenter la fatigue des coureurs au fur et à mesure des kilomètres.

LE CIRCUIT DE LOUVAIN

Un circuit urbain de 15.4 kilomètres de long dans les rues de Louvain, beaucoup de relances et de virages assez techniques. Il y aura aussi 4 côtes sur ce circuit :

La côte qui aura été décisive chez les U23 hommes. Courte mais pentue, s’il faudra être bien placé sur l’ensemble du circuit, cela est encore plus vrai pour aborder cette montée. Un endroit où de nombreuses chutes sont survenues à cause de ce virage étroit.

Quatrième et dernière côte du parcours, où là encore le placement sera très important. Une ascension courte sur une voie étroite rendue encore moins large par la bande pavée au milieu. Les coureurs grimpent en file indienne de chaque côté de cette bande.

Pour la première entrée sur le circuit, les coureurs arriveront par le Nord de Louvain (depuis Anvers) et feront un tour de demi de ce circuit donc avant de repartir par le sud de Louvain en direction du circuit Flandrien.

LE CIRCUIT FLANDRIEN

Un parcours de près de 48 kilomètres qui part de Louvain par le sud jusqu’à Overijse. 6 bergs sont répertoriés sur ce circuit, dont deux d’entre eux seront pavés :

Emprunté à l’entrée et la sortie du circuit (le 1er et le 6ème Berg donc), le Smeysberg est long de 600m à 7% de moyenne avec une portion à près de 19%.

Le premier des deux monts pavés, le Moskesstraat, à l’instar du Smeysberg, est un des monts empruntés à l’occasion de la Flèche Brabançonne.

Une côte de 500m dans la ville d’Overijse autour de l’église.

Deuxième berg pavé de ce circuit flandrien, près de 400m à 7.6% de moyenne. La route sera très étroite et le placement y sera primordial dès le pied.

Cinquième berg du circuit, 300m à 6.6% de moyenne dans sa partie centrale (si on ne prend pas en compte les parties en faux plat au pied et au sommet).

Après l’ascension du Veweidestraat, les coureurs devront de nouveau gravir le Smeysberg avant de remonter vers Louvain pour y effectuer 4 tours de circuit avant de venir faire un dernier tour sur le circuit flandrien.

Après ce deuxième tour du circuit flandrien, au sommet de la dernière ascension du Smeysberg, il restera 48 kilomètres à parcourir. Les coureurs retourneront alors en direction de Louvain une dernière fois afin d’y effectuer deux tours et demi de circuit au bout desquels le prochain champion du Monde sera couronné.

METEO

Des températures aux alentours de 22° et un temps qui devrait rester clément, la pluie ne devrait pas faire son apparition sur ces championnats du Monde.

Concernant le vent, il soufflera en provenance du Sud-Ouest à une vitesse qui devrait osciller entre 12 et 15km/h sur l’après-midi.

La direction du vent implique les choses suivantes :

  • Vent de côté dans le Smeysberg
  • Vent de face dans le Moskestraat
  • Vent de dos dans le Taymanstraat et le Bekestraat
  • Vent de côté dans le Veweidestraat (et donc de nouveau dans le Smeysberg)

Le retour sur le circuit de Louvain se fait quant à lui vent de dos, de quoi inciter aux attaques dans les Bergs lors du dernier passage sur le circuit flandrien.

Sur le circuit de Louvain, les deux premiers tiers se feront majoritairement vent de dos, mais après le sommet du Wijnpers (avant dernière côte du circuit, celle qui a été décisive chez les U23) le vent sera de face sur la deux voies de près de deux kilomètres. Le dernier kilomètre sera quant à lui vent de dos.

QUEL SCENARIO DE COURSE ?

Le scenario de course sera t-il identique à ce qu’on a vu sur la course des U23 où la décision s’est faite à 6km de l’arrivée dans le Wijnpers, ou bien comme chez les femmes assisterons nous à un sprint réduit avec une vingtaine de coureurs ? Et si la décision se faisait plus tôt pour ce championnat du monde élite homme ? En effet, les deux courses citées plus haut ont à chaque fois vu une équipe (par deux fois les pays bas) tenter de contrôler la fin course pour jouer la victoire au sprint. Mais par deux fois ces équipes se sont fait battre (par l’Italie les deux fois).

Demain, le parcours flandrien devrait être utilisé par les équipes voulant éviter un sprint dans les rues de Louvain, et mis à part la Belgique, personne ne veut un sprint dans Louvain. Les côtes sur le circuit urbain n’étant peut-être pas assez sélectives en elles-mêmes, je serais très étonné de ne voir aucun mouvement lors du deuxième passage sur le parcours flandrien et ses monts pavés. Il faudra à tout prix mettre Van Aert en mauvaise position, c’est à dire l’isoler au maximum ou tout du moins forcer la Belgique à travailler énormément, et il ne faudra pas attendre les 30 derniers kilomètres pour cela. Point positif, le vent favorable sur le chemin du retour vers le circuit de Louvain pourra favoriser les attaques lointaines !

LES PRETENDANTS

BELGIQUE

Privés du titre sur le c.l.m élite homme la semaine dernière, les belges auront à cœur de laver l’affront à la maison. La tactique semble “simple” : tout pour Wout Van Aert.

Van Aert apparaît, comme bien souvent, comme l’immense favori pour la course au maillot arc-en-ciel. C’était aussi le cas lors des JO où, attaqué de toutes parts, il n’aura pu couvrir l’attaque décisive de Carapaz. Le gros changement par rapport à Tokyo sera le nombre d’équipiers qu’il aura à sa disposition. En plus grand nombre, ils pourront le soutenir plus longtemps et garder la main sur la course le plus loin possible. Le coureur le plus complet du peloton aura fort à faire demain, et le fait que tous les yeux seront tournés vers lui pourrait offrir une fenêtre de tir pour un de ses équipiers.

Evenepoel n’est pas passé loin d’être champion d’Europe, mais il n’aura jamais réussi à sortir Colbrelli de sa roue. Bien que la tactique assumée soit le all-in WVA, Evenepoel pourrait bénéficier d’une légère liberté et ce pour une bonne raison : l’envoyer à l’attaque permettrait à la Belgique de ne pas avoir à supporter tout le point de la course. Une tactique qui ne marchera qui si de grosses nations sont piégées par l’attaque, bien entendu.

La Belgique dispose d’une très belle équipe avec un Campenaerts qu’on aura vu très en forme sur la course européenne, et sur le Tour du Benelux. Un atout de poids au même titre que Lampaert et Declercq. Stuyven n’est pas non plus à oublier, le vainqueur de MSR est très endurant sur ces longs parcours et ses régulières bonnes places sur les classiques belges de début de saison sont la preuve qu’il est un homme sur qui l’équipe pourra s’appuyer demain. Attention tout de même à cette tactique qui voudrait que la Belgique contrôle la course pour mettre WVA dans les bonnes conditions pour un sprint réduit, le double exemple des Pays-Bas n’est pas anodin ! Un sprint après plus de 250km d’une course usante est très loin d’être gagnée par avance.

ITALIE

Une autre nation pouvant prétendre au titre mondial. Déjà titrée sur le c.l.m Elite homme, les U23 hommes et chez les Elites Femmes, l’Italie est en droit de rêver de partir avec une quatrième médaille d’or. Passée totalement à côté à Imola, l’Italie à l’occasion de rectifier le tir et pour ce faire, elle comptera sur une des sensations de la saison.

Colbrelli est sans conteste au sommet de sa carrière actuellement. 6 victoires cette année et 9 podium, mais surtout le général du Tour du Benelux, son championnat national et le championnat d’Europe. 4ème de Gent-Wevelgem cette année, il est aussi très intéressant sur ses résultats sur la Flèche Brabançonne les années passées : 4ème en 2020, 2ème en 2018, 1er en 2017, 6ème en 2016. Très résistant et rapide au sprint, Sonny trouvera un parcours à sa convenance. Si la forme est la même que depuis le début du mois, il sera un sérieux prétendant. A la régulière, il ne fait pas le poids face à Van Aert au sprint, mais après 269km, qui sait ?

Trentin est le second homme en forme de cette équipe, et sa forme semble avoir été timée pour atteindre son pic à l’occasion de ces championnats du Monde. Auteur d’une bonne Vuelta, Matteo a enchainé avec une 4ème place aux championnats d’Europe (un des artisans de la victoire de Colbrelli), 4ème du mémorial Marco Pantani et 1ère victoire de la saison sur le Trofeo Matteoti une semaine avant les championnats du Monde. En 2019, il remportait déjà cette course une semaine avant les Worlds… ou il finira second. Un signe de sa forme et d’une préparation spécifique ? On le sait, rien de mieux qu’un GT pour préparer une course du type des championnats du Monde. Dernière preuve en date, le top 10 de la course en ligne aux JO : 8 sur 10 avaient participé au Tour de France. Souvent présent sur les classiques belges de début de saison, Matteo a signé la 3ème place sur Gent-Wevelgem et la Flèche Brabançonne cette année, autre signe qui fait de lui un homme sur qui il faudra compter. Sa pointe de vitesse n’est plus ce qu’elle était, Trentin attaquera pour tenter de se débarrasser des plus rapides. S’il était équipier lors des championnats d’Europe, il devrait être plus libre ici.

Avec Sonny et Trentin, l’Italie dispose de deux bonnes options, 3 avec Nizzolo si la course n’est pas rendue aussi difficile que ce que j’imagine. Ils seront moins dans le contrôle que sur les championnats d’Europe où Sonny était quasiment sûr d’être le plus rapide au sprint s’il parvenait à basculer dans la dernière côte dans le groupe de tête. Ici, il faudra attaquer et utiliser la force des autres équipes. Dans les hommes forts, on peut aussi citer Moscon qui semble à chaque fois se magnifier pour l’évènement.

PAYS-BAS

Pris à leur propre jeu chez les U23 et chez les femmes, la stratégie utilisée chez les hommes a de grandes chances d’être totalement différente, reposant en grande partie sur un homme.

Suite aux séquelles de sa chute lors des JO, Van der Poel a eu des problèmes de dos qui l’ont tenu écarté du vélo un petit moment. De retour sur la route le 12 septembre, il gagne directement. Le sélectionneur néerlandais le retiens dans la sélection sans pour autant être sûr qu’il sera capable de s’aligner. Mathieu déclare qu’il ne mettra un dossard que s’il est à 100%, et la semaine dernière est venue la confirmation de sa participation. Nous devons donc en conclure que MVDP est à 100%, et inutile de vous faire un dessin sur ce que cela signifie. Nul doute qu’il sera un animateur de la course et qu’il tentera de tout faire exploser. Lui laisser quelques secondes d’avance pourrait s’avérer être un très mauvaise idée !

Van Baarle est aussi un profil très intéressant dans cette équipe. Gros rouleur encaissant bien le dénivelé et les longs parcours exigeants (4 top 10 sur le Tour des Flandres). MVDP sera le logique leader, mais Dylan pourrait profiter d’un peu de liberté si Mathieu venait à connaître un coup de moins bien suite à son manque de compétition. Il sera en revanche certainement condamner à attaquer et se débarrasser des hommes les plus rapides du peloton.

Mollema sera aussi à surveiller bien que je pense que le parcours ne soit pas réellement adapter pour lui, du moins le circuit flandrien. Sa lourde chute la semaine dernière viendra peut-être accentuer le fait qu’il sera plus en équipier et capitaine de route qu’en pur leader.

DANEMARK

Sur le papier, peut-être le plus bel effectif de ces championnats du Monde. Une profondeur d’effectif assez difficile à égaler : l’ancien champion du Monde Pedersen, le vainqueur du Tour des Flandres Asgreen, un Valgren qui renaît de ses cendres ou encore Cort et ses 3 victoires sur la Vuelta. Pour ne citer qu’eux.

Pedersen peut-il réitérer son exploit de 2019 et aller chercher un second titre de champion du Monde ? Le danois a déjà prouvé être capable de performer à certains moments sur les classiques flandriennes (vainqueur de Gent-Wevelgem en 2020 et 2ème du Ronde en 2018). Pas le plus régulier certes mais dans un grand jour il pourrait se retrouver présent dans le final, et sa pointe de vitesse sera un atout primordial en petit comité.

Asgreen se souviendra bien longtemps de son année 2021, l’année où il aura accroché le Tour des Flandres à son palmarès en s’offrant MVDP au sprint. Il trouvera ici un parcours à sa mesure lui qui a régulièrement performé sur les classiques flandriennes, notamment cette année avec sa victoire sur l’E3 une semaine avant le Ronde. La vrai question concerne sa forme, aura t-il les mêmes jambes qu’en mars / avril ? Si tel est le cas, il sera dangereux et offensif. N’oublions pas qu’il est un membre du Wolfpack et que les stratégies de course sur ce type de classique sont quasiment inscrites dans leurs gènes !

Valgren mérite aussi que l’on s’attarde sur lui pour au moins deux raisons : ses deux victoires d’affilées sur les semi-classiques italienne à 10 jours des championnats du Monde et ses résultats lors des 3 derniers mondiaux (7è, 6è et 11è). Il s’aligne ici dans l’optique de décrocher l’or, comme il l’a lui-même déclaré à son DS en août. 11ème du Ronde en 2017, 4ème en 2018 et vainqueur de l’Amstel la même année, est-ce que Michael ne serait pas “le meilleur des deux mondes” entre flandrien et ardennais ? S’il confirme sa forme, c’est un sérieux prétendant de dernière minute qui s’alignera demain.

Le Danemark possède de très nombreuses cartes et pas de leaders désigné. On n’oubliera pas Honoré non plus, qui enchaîne les excellents résultats depuis la Classica San Sebastian fin juillet. Une nation offensive qui sera l’une de celles qui possèdera les clés de la course à n’en pas douter.

FRANCE

L’équipe du champion du monde en titre arrive ici avec une idée en tête : conserver le titre. Et si cela ne sera pas chose facile, les français se sont donnés les moyens de leur ambition.

Alaphilippe, le champion du Monde qu’on ne présente plus. Auteur d’un bon tour de Grande-Bretagne, il aura été tout de même dominé par Van Aert. Concernant le parcours, celui-ci sera dans ses cordes lui qui a remporté la Flèche Brabançonne l’année passée. Malgré tout, il y aura peu d’endroits où il pourra créer une vraie différence seul, à l’image de ce qu’il avait fait à Imola. Et pour conserver son titre, il ne pourra pas compter sur son sprint surtout si des hommes comme WVA, MVDP ou Colbrelli sont avec lui.

Sénéchal pourrait être celui qui tirera son épingle du jeu côté français. Profil flandrien et rapide au sprint, il sera la carte à jouer en cas d’arrivée en sprint réduit. Il n’a pas peur de partir à l’attaque non plus et devrait pouvoir être en mesure de suivre les meilleurs sur une bonne partie de la course. La France ne fera pas all-in sur Julian, et c’est là dessus que Florian pourra capitaliser.

Côté français, Laporte, Turgis et Cosnefroy seront aussi de la partie. de très bons atout qui pourront permettre d’animer et dynamiter la course, forçant d’autres nations à se découvrir et user des forces.

SLOVENIE

La Slovénie est devenue depuis quelques années une des nations phare du cyclisme mondial. Qu’en est-il de leur chance concrète d’accrocher une belle place sur ce championnat du Monde ?

Roglic, récent vainqueur d’une Vuelta qu’il a géré en patron sans connaître un jour de moins bien, va se présenter ici avec le “Boost Grand Tour” dans les jambes. N’ayant pas pris part au c.l.m, il semblerait qu’il ne soit arriver que tardivement en Belgique. Un signe qu’il ne s’aligne pas pour la gagne, mais plutôt en équipier ? Le parcours n’étant pas nécessairement à sa convenance, cela ne serait pas très étonnant.

Pogacar sera aussi de la partie, et, à l’instar de Roglic, le parcours ne sera pas forcément taillé pour pour lui. Ajoutons à cela qu’il n’a eu que 4 jours de courses (dont 2 c.l.m) depuis la fin du Tour, il pourrait se retrouver à court de rythme sur une course de plus de 250km, comme on a pu le voir sur le GP de Plouay.

Et si le vrai leader de cette équipe n’était autre que Mohoric ? 4 victoires et 6 podium en 2021 pour le champion de Slovénie, et à chaque fois avec la manière. Preuve que sa forme est toujours présente, son Tour du Benelux sur des parcours dans la veine de celui des championnats du monde. Excellent rouleur et très endurant, Matej doit être classé parmi les favoris au titre mondial demain.

GRANDE BRETAGNE

Pidcock était en plein pic de forme entre mars et avril avec d’excellents résultats sur les classiques et semi-classiques de début de saison, dont sa victoire sur la Flèche Brabançonne au sprint devant Van Aert. Beaucoup plus en retrait sur la Vuelta où il a avoué être loin de sa forme optimale suite à la célébration de son titre de champion olympique en VTT. Son talent est indéniable mais je ne suis pas sûr que sa forme actuelle ne soit suffisante pour décrocher le graal.

Hayter va prendre le départ de cette course en ayant fait le plein de confiance sur le Tour de Norvège et de Grande-Bretagne. Le voir champion du Monde serait une énorme surprise (du moins, en 2021), mais s’il est capable de s’accrocher et d’être présent dans le groupe de tête après le dernier passage sur le Wijnpers, il sera très certainement parmi les plus rapides.

Bien que Pidcock soit le leader déclaré de l’équipe, les 7 autres ne se sacrifieront pas à 100% pour lui d’après les mots mêmes de Brammeier. Une sélection qui n’hésitera pas à se lancer à l’avant. Hayter fera parti des hommes protégés mais j’ai des doutes quant au fait que la Grande Bretagne soit en mesure de décrocher l’or.

MES CHOIX

  • Van der Poel @ 8 (0.35%)
  • Trentin @ 50 (0.1%)
  • Mohoric @ 20 (0.1%)
  • Valgren @ 25 (0.1%)

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