Cette semaine de championnat d’Europe se termine par l’épreuve en ligne élite homme. Une parcours long de près de 180 kilomètres au départ (et arrivée) à Trento, en Italie. La course élite homme, à la différence des autres, ne se fera pas que sur le circuit de 13km dans Trento, il y aura une boucle de 73km à parcourir auparavant.
LE PARCOURS

La première boucle de 73 kilomètres ne sera pas là uniquement pour ajouter des kilomètres à la course, on y dénombre 4 difficultés distinctes qui viendront augmenter la difficulté du parcours.

L’ascension de Cadine sera la première de ces 4 difficulté. 5.7km à 5.2% de moyenne, on notera surtout la portion à près de 9.5% de moyenne au milieu de l’ascension. Cette ascension débutera quasiment au départ de la course, de quoi mettre les coureurs en jambe !
Immédiatement après la courte descente, les coureurs entameront une seconde ascension, plus courte mais aussi moins pentue. Il y aura donc quelques kilomètres d’ascension dès les 15 premiers kilomètres de l’épreuve !

Après une courte et rapide descente, les coureurs emprunteront une portion plane de 13 kilomètres qui les mènera au pied de la troisième ascension du parcours.

Même longueur que la première ascension, mais un pourcentage moyen plus élevé, à 6.5% de moyenne, et plusieurs portions au-delà des 8%. Les derniers 1 500 mètres seront plus roulant.
Après les bascules, les 10 kilomètres suivant tiendront plus de l’ordre du faux plat descendant que de la pure descente. On arrivera alors tout droit vers la dernière ascension de la grande boucle de 73km.

L’ascension de Candriai sera la plus difficile de la journée avec ses 5.6km à plus de 7% de moyenne. L’approche du pied n’aura pas été plate avec quelques portions ascendantes sur les 10km précédents.
Le sommet sera suivi par une longue descente de 10km, sinueuse et rapide, pour ramener les coureurs dans Trento.

LE CIRCUIT FINAL
Après ces 73 premiers kilomètres, le retour dans Trento va marquer aussi l’entrée sur le circuit final, long de 13.2 kilomètres, que les coureurs devront parcourir 8 fois.

Le circuit est en grande partie urbain, dans le cœur de la ville de Trento. La partie empruntant la côte de Povo et sa descente seront eux à l’extérieur de la ville.

La côte de Povo est longue de 3.2km à 5.3% de moyenne. Prise seule, cette côte est loin d’être insurmontable, mais gravie 8 fois à un rythme effréné, les dégâts pourront se faire sentir sur les derniers tour. On peut aussi remarquer qu’après le court replat central, la seconde moitié de l’ascension est plus pentue, avec des portions à 7 et même 9%. Au sommet de la dernière ascension, il restera légèrement plus de 9 kilomètres à parcourir.
Au sommet de la côte, les coureurs prennent à droite au rond-point pour amorcer la descente. Une descente d’un peu moins de 4 kilomètres, peu technique, sauf quelques endroits avec du mobilier urbain au centre de la route, au moment d’entrer de nouveau dans Trento.
Le reste du circuit, dans le cœur de Trento, est majoritairement plat. Si les routes ne seront pas trop étroites, le circuit reste tout de même un circuit urbain avec de nombreux virages forçant les relances.
A 500m de la ligne, les coureurs devront prendre un virage très serré sur la droite avec un rétrécissement de la chaussée. La route sera alors pavée jusqu’à l’arrivée sur la Piazza Duomo. Lors de leur dernier tour, les coureurs ne continueront pas tout droit sur la Via Roma, mais tourneront à droite en direction du Duomo, une ligne droite pavée de 200m jusqu’à la ligne d’arrivée.


METEO
Des températures assez chaude demain, jusqu’à 30° en milieu d’après-midi.
Le vent lui sera faible et ne devrait pas excéder les 5 – 6km/h, un impact très atténué donc qui ne devrait pas freiner les attaques potentielles dans le Povo.
LES PRETENDANTS
Entre les Juniors et les U23, personne ne s’est imposé en solitaire, nous étions à chaque fois dans le scenario d’un sprint réduit entre 3 et 6 coureurs. La sélection se faisant dans le dernier tour sur l’ascension du Povo, et même plus précisément dans le dernier kilomètre d’ascension où les pourcentages sont plus élevés.
L’épreuve n’est pas assez longue pour permettre à une échappée de prendre trop d’avance, ce qui signifie que les principales nations, l’Italie en tête, devraient contrôler le peloton jusqu’au moins l’entrée sur le circuit final, et peut-être même jusqu’au pied de la dernière ascension du Povo. A la différence des autres courses, il y aura ici une première grande boucle en dehors de Trento avec plusieurs ascensions, dont la dernière avant de revenir sur Trento. Cette ascension pourrait être utilisée pour durcir la course et éliminer certains équipiers. Les deux derniers kilomètres à plus de 8% de moyenne pourraient être utilisés à cet effet. Il restera tout de même près de 120 kilomètres après le sommet, peut-être un peu trop loin pour les grandes manœuvres.
Il est sûr que toutes les nations ont vu à quel point il est difficile de s’isoler dans le Povo (encore plus flagrant chez les U23 où un groupe de 6 s’est extirpé du peloton), gagner en solitaire sera très difficile et il faudra probablement anticiper d’encore plus loin pour ceux voulant éviter un sprint réduit. Cette stratégie de l’anticipation devrait être utilisée par certains coureurs comme Evenepoel ou encore Mollema qui, au sprint, auraient très peu de chances de s’imposer.
Depuis maintenant 3 ans, ces Championnats d’Europe sont la chasse gardée de l’Italie : Trentin – Viviani – Nizzolo. Si on ajoute à cela le fait que cette année l’épreuve se joue à domicile, il est sûr que cette année encore les italiens auront à cœur de bien faire. L’équipe alignée compte beaucoup de bon sprinters/puncheurs (ou puncheurs/sprinters faites votre choix !). On peut citer notamment Ulissi, Bagioli, Trentin mais surtout Colbrelli. Colbrelli est un des grands favoris de l’épreuve, il grimpe mieux que jamais (voir son Tour de France, sur les championnats d’Italie et bien évidemment sur le Tour du Bénélux) et possède surtout une très bonne pointe de vitesse lui permettant de se situer parmi les meilleurs en cas de sprint réduit. Avec ses 8 coureurs, l’Italie devrait être en mesure de tenir la course, aider par d’autres grosses nations qui auront loupé les attaques, jusqu’à la dernière côte. On l’a vu, si personne n’a réussi sur les courses Juniors et U23 à sortir seul, à chaque fois qu’un groupe s’est isolé dans la dernière ascension, il n’a pas été revu. Attention à ne pas se faire piéger, le statut de favori n’assurant pas à coup sûr la réussite !
La France se présente elle aussi avec une belle équipe, dont les principaux noms seront Bardet, Pinot, Madouas et Cosnefroy. Bardet sort d’une très bonne Vuelta mais c’est surtout Cosnefroy qu’il faudra surveiller. Impressionnant lors de ses dernières sorties, il remporte notamment le Grand Prix de Plouay au sprint devant Alaphilippe, en ayant décroché Pogacar à la pédale à 50km de l’arrivée. Si le scenario de course qu’on a pu voir depuis vendredi se répète, il sera d’après moi la meilleure chance française de podium. Mais cela ne veut pas dire que ses 7 équipiers rouleront à 100% pour lui, les grimpeurs devraient aussi tenter leur chance dans le Povo. J’ai malheureusement un sérieux doute quand au fait que cette difficulté soit assez sélective pour que les grimpeurs fassent sauter tous les sprinters puncheurs de leurs roues.
Quid de l’Espagne ? Landa, les frères Izagirre et Ivan Cortina. Si la plupart des hommes dans la sélection espagnole semble condamner à attaquer de plus loin pour espérer s’imposer, Cortina devrait faire office de leader logique dans cette équipe. Une bonne pointe de vitesse et une capacité à bien passer les bosses. Malheureusement pour lui, probablement un cran en dessous des Colbrelli, Cosnefroy ou encore Sagan. L’Espagne devrait être une nation offensive et peut-être moins dans le contrôle que l’Italie.
La Belgique compte dans ses rangs un des plus grand phénomène du cyclisme actuel : Remco Evenepoel. Le jeune belge n’a qu’une solution s’il veut s’imposer : partir de loin et tenir en solitaire. Une chance pour lui qui a fait de cette exercice une de ses spécialités. Malheureusement, ce scenario est peu probable du fait que le Povo ne soit probablement pas assez sélectif, et surtout les autres grosses nations qui ne lui laisseront pas de marge. Vermeersch et Dewulf seront a surveiller de près. Capable de s’accrocher dans la dernière ascension du Povo si un groupe s’isole, ils possèdent une pointe de vitesse leur permettant d’espérer un bon résultat final.
La Slovénie arrive peut-être avec une petite délégation, mais deux de leurs coureurs sont à prendre très au sérieux demain. Pogacar, double vainqueur en titre du Tour de France, et Mohoric. Pogacar aurait peut-être préféré une course plus longue et donc plus sélective. Il possède une très bonne pointe de vitesse, on en a eu la démonstration lors du dernier Liège-Bastogne-Liège et plus récemment sur la course olympique et son mano a mano avec Van Aert. Mohoric est lui aussi rapide au sprint et est à mon avis tout à fait capable de faire parti du groupe qui se jouera la victoire. Qui travaillera pour qui si les deux sont dans le bon groupe dans le final ? Je pense Pogacar plus rapide au sprint, il devrait être leur carte dans cette situation.
Sur un tel parcours, il convient bien évidemment de citer des coureurs comme Hirschi et Almeida. Si le suisse n’a pas vécu une saison 2021 aussi flamboyante que la 2020, il n’en reste pas moins un des hommes qui pourrait tirer son épingle du jeu. Bon puncheur, il est surtout rapide au sprint. Almeida est dans la même veine, sauf que sa saison s’est bien mieux déroulée avec notamment sa victoire au général du Tour de Pologne. Un homme à surveiller de près demain.
Kristoff et Sagan seront aussi de la partie. En forme, les deux sont capable de passer la dernière côte avec le groupe de tête. Il espèreront tout de même qu’une équipe travaille dans l’ascension pour maintenir la course, ils ne pourront pas couvrir toutes les attaques, et seront un ton en dessous des puncheurs sur le dernier kilomètre du Povo.
MES CHOIX
Sur le papier, beaucoup de coureurs sont capable d’encaisser le Povo, la côte n’est pas aussi sélective que cela. La répétition cependant pèsera dans les jambes et éliminera certains sprinters. Il y a malgré tout un scénario où certains excellents coureurs tentent de tout faire péter dans le Candriai, pour éliminer un maximum d’équipiers italien notamment, mais est-ce que cela sera suffisant ? Je ne suis pas sûr. Je pense que nous assisterons à un sprint réduit dans lequel l’Italie aura réussi à placer au moins deux pions (je partirai sur Colbrelli et Trentin). Un groupe qui ne sera pas composé que de sprinters puncheurs bien entendu dans lequel nous retrouverons probablement Evenepoel et Mollema aussi, mais qui auront des difficultés à jouer la gagne ou le podium selon la taille du groupe. Cosnefroy, Mohoric et Almeida devraient aussi être de la partie, j’imagine très bien un de ces 3 hommes sur le podium.
L’Italie est clairement la mieux armée sur ce parcours avec Ganna, Moscon et Cattaneo pour contrôler et s’assurer que personne de trop dangereux ne prenne une avance trop confortable, Aleotti et Bagioli pour suivre les attaques si nécessaire, Colbrelli en leader logique et Trentin / Ulissi pour le suppléer. Je pense que l’Italie conservera le titre pour la 4ème année consécutive, et que le champion d’Italie, Sonny Colbrelli, lèvera les bras sur la ligne.