Première étape en ligne de cette Vuelta. Un parcours plat de 166km et à peine 1 100m de dénivelé positif. Une étape promise aux sprinters sur le papier.
LE PARCOURS
Il y aura bien quelques côtes le long du parcours, l’Espagne n’est jamais réellement toute plate. Cependant, aucune difficulté ne devrait être assez longue ou pentue pour que les sprinters ne soient mis en grande difficulté. Passons à l’analyse des derniers kilomètres de course, là où les trains de sprinters se mettront en place.
A 12 kilomètres de l’arrivée, le peloton empruntera une longue ligne droite de 4km entrecoupée de 4 ronds-points. Cette deux-voies étant coupé tout du long par un terre-plein central, les ronds-points ne pourront être pris que d’un seul côté. Il restera bien assez de temps pour remonter par la suite.


Les coureurs resteront sur cette deux-voies jusqu’à l’entrée dans Burgos. Il faut aussi noter qu’entre 7 et 1.6km de l’arrivée il n’y aura pas moins de 9 ronds-points supplémentaires à négocier pour les coureurs, la plupart tous ouvert d’un seul côté (à la vue du parcours, je dirai par la droite) dû à ces fameux séparateurs centraux.
A 3.2 kilomètres de l’arrivée, le peloton fera son entrée dans Burgos, et la route s’élargira à ce moment là pour devenir une belle 3 voies. Cela devrait permettre à certaines équipes de pouvoir remonter et se placer parfaitement pour le final.

La dernière difficulté se trouvera à 1 500m de la ligne. Les coureurs devront faire un virage à presque 180° autour d’un rond-point.

Les derniers 1.5km de course seront tout en ligne droite, sur une route large sans mobilier urbain. Parfait pour assister à la bataille des trains de sprinters !

METEO
Les températures seront de nouveau élevées, flirtant avec les 35° tout au long de l’après-midi, pas les températures les plus agréable pour une course cycliste.
Le vent soufflera en provenance de l’Ouest sur la majeure partie du parcours, une mauvaise nouvelle pour les échappés car cela signifie vent de 3/4 face sur la majorité de la course.
Il y aura deux zones à surveiller pour de potentielles bordures. Tout d’abord entre les kilomètres 69 et 78 où le peloton empruntera des routes découvertes et où le vent viendra frapper de 3/4 dos aux alentours de 19km/h.
La seconde zone se trouvera plus proche de l’arrivée, et la direction du vent pourrait déjà avoir changé. S’il vient toujours de l’Ouest, alors la portion entre les kilomètres 103 et 116 pourrait être potentiellement à risque, avec un vent de 3/4 dos à 18km/h.
Au fur et à mesure que le peloton approchera de Burgos, la direction du vent évoluera, il sera en provenance du Nord-Est en fin d’après-midi. Le sprint final se fera donc vent de face.
LES PRETENDANTS
Les derniers 1 600m de la course, sur une route rectiligne et large, favoriseront les sprinters possédant un train long. Le sprint devrait se faire avec un vent de face, il y aura certes des bâtiments pour couper un peu mais à la vue de la largeur de la route, le vent pourrait tout de même se faire sentir, il faudra donc timer son attaque et pour les trains ne pas lâcher leur sprinter trop tôt dans le vent.
4 hommes semblent sortir du lot pour l’étape de demain : Démare – Philipsen – Jakobsen – Molano. Quatre excellents sprinters certes, mais en 2021 aucun d’entre eux n’a remporté une course au niveau World Tour.
Malgré ses 7 victoires cette année, Démare à énormément déçu sur le Tour, à peine un sprint disputé (fini à la 4ème place), puis hors délais dès la 9ème étape. Là où Arnaud semblait quasiment intouchable en 2020, il est apparu plus friable cette année, peinant parfois à suivre son train et perdant les roues. 5 de ses 7 victoires sont survenues lorsque le trio Konovalovas – Sinkeldam – Guarnieri était réuni pour l’emmener, hors sur la Vuelta Konovalovas ne sera pas là. Un élément manquant ô combien important, peut-être aussi ce qui lui a manqué sur le Tour de France. Demain il pourra compter sur Guarnieri – Sinkeldam – Le Gac – Ludvigsson, loin d’être mauvais mais ce sera la première fois de la saison que ces hommes seront alignés ensemble pour emmener Démare. Le final de demain n’est pas technique, une longue ligne droite de 1 600m qui conviendra aux longs trains comme la FDJ, mais je ne suis pas convaincu que cela soit suffisant pour le voir lever les bras sur la ligne.
Jakobsen n’a repris la compétition qu’en avril, mais a déjà enregistré 2 victoires lors du Tour de Wallonie, un vrai plaisir de le revoir lever les bras. Un Grand Tour est cependant une toute autre histoire. Fabio a déjà remporter deux étape sur une Vuelta, c’était en 2019, il l’a probablement dans les jambes. Mais les sprints sur un GT peuvent être beaucoup plus disputés et nerveux. Le train de la DQS sur cette Vuelta sera pour le moins atypique pour un grand Tour : Cerny – Stybar – Lerberghe – Sénéchal. 3 de ces 4 hommes étaient de la partie lors des 2 victoires de Jakobsen sur le Tour de Wallonie, mais est-ce que cela fera le poids demain ?
Philipsen affiche 3 victoires plus 11 top 3 cette année, avec 14 fois sur la boîte c’est le sprinter qui a fait le plus de podium dans la startlist de la Vuelta. Souvent tombé sur plus fort que lui (notamment Cavendish et la DQS) Jasper est passé très près sur le Tour en terminant sur le podium de chacune des étapes s’étant jouées au sprint, même après avoir perdu Merlier et VdP dès la 9ème étape, et où seul Rickaert pouvait l’accompagner jusque dans les derniers hectomètres. Philipsen est aussi doué pour choisir la roue du bon sprinter à suivre. Son train sera composé de Modolo – Krieger – Thwaites, différent du Tour donc. sa chute aujourd’hui a semblée sans gravité comme annoncé par son équipe.
Molano a remporté 2 étapes ainsi que le classement par point du Tour de Burgos la semaine dernière, une vraie information sur son état de forme. Il arrive sur la Vuelta avec un moral haut. Le soucis avec le team UAE lors des sprints, c’est qu’il ne semble jamais vraiment y avoir de leader attitré (mis à part Gaviria), on a encore pu en avoir la démonstration sur le Tour de Burgos où lui et Trentin sprintent chacun de leur côté sur la 4ème étape. La logique voudrait que Molano soit leur carte sur les étapes de plaine (comme demain donc) et Trentin sur les étapes accidentées. Si tel est le cas, il pourra compter sur un train composé d’Oliveira – Gibbons – Trentin qui n’a rien à envier à ceux cités plus haut.
Derrière ces 4 hommes il y aura bien sûr des outsiders qui se battront pour décrocher une place sur le podium, voire mieux, même si cela risque d’être compliqué. On peut citer entre autre :
- Meeus et Laas pour la Bora, même si le leadership ne semble pas décidé pour le moment. Il faudra suivre les interviews d’avant étape pour être fixé. Meeus a semblé un ton en dessous sur le Tour de Burgos, pas sûr qu’il fasse mieux demain. Laas a lui remporté un étape sur le tour de Norvège, il pourrait être privilégié pour le premier sprint massif. A confirmer
- Matthews sera la carte de la BikeExchange, comme bien souvent. Il n’a pas la vitesse nécessaire pour s’imposer sur un sprint massif “classique”. Mais comme sur le Tour, il ne devrait jamais être trop loin de la 5ème / 8ème place non plus.
- Dainese, à l’image de Meeus, a semblé un ton en dessous sur le Tour de Burgos, mais a malgré tout réussi à décrocher une deuxième place sur la 2ème étape. A surveiller, bien que je pense qu’il soit un peu court.
- Cimolai devrait profiter des étapes plus accidentés et de sprint réduit comme cela était le cas sur le Giro.
- Aberasturi a réalisé de bons résultats cette saison, et dernièrement deux T5 dont une place de 2ème sur le Tour de Burgos. Malgré tout, je pense que la concurrence demain sera un peu plus relevée.
MES CHOIX
Dans les 4 favoris, faut-il faire le choix de partir sur des hommes qui n’ont plus couru depuis le Tour de France et compter sur leur fraîcheur, ou plutôt sur les hommes qui ont couru plus récemment ? Pour demain, Philipsen est mon favori pour la victoire, une juste récompense pour celui qui est si souvent passé à deux doigts. Je ne suis pas fan de la tactique d’UAE sur les sprints, mais Molano est clairement en forme, et lui a des jours de courses dans les jambes, à l’instar de Jakobsen mais qui a abandonné sur chute lors de sa dernière course il y a deux semaines.
- Philipsen @ 5.55 (0.4%)