Tour de France 2021 – Etape 17 : Muret – Saint Lary Soulan (178.4km)

Peut-être l’étape reine de ce Tour 2021. S’il n’y a rien à signaler sur les 115 premiers kilomètres, l’étape sera toute autre sur les 60 derniers kilomètres avec l’enchaînement de Peyresourde, Azet et enfin l’arrivée au sommet du Col du Portet. Quintana s’y était imposé en solitaire en 2018.

LE PARCOURS

Première difficulté de la journée après 115 kilomètres de courses, Peyresourde est un long col de 13 kilomètres à près de 7% de moyenne. Il restera 49 kilomètres à parcourir au sommet. La descente du col fait 9 kilomètres est sera rapide, attention à quelques virages en épingle sur le bas de la descente. Les coureurs traverseront ensuite Loudenvielle pour arriver au pied de la seconde ascension de la journée.

Le col de Val-Louron sera le plus court de la journée, mais présentera tout de même de très forts pourcentages, surtout sur ses 4 premiers kilomètres. 28 kilomètres à parcourir à la bascule, dont 12 en descente. Une descente rapide et technique dans sa partie centrale avec de nombreux virages en épingle. La descente mènera à saint Lary Soulan, que les coureurs traverseront pour aller chercher le pied de la dernière ascension de la journée.

Le Col du Portet est un col très difficile. Long et pentu, c’est une longue ascension de plus de 45 minutes qui attend les coureurs pour aller chercher la victoire. Seul un excellent grimpeur pourra s’imposer ici. On pourrait aussi y voir des écarts conséquents. A la longueur du col et le pourcentage des rampes viendra s’ajouter l’altitude, le sommet étant à plus de 2 200m.

METEO

Les prévisions ne sont de nouveau pas bonnes pour demain. De la pluie est attendue dans l’après-midi et les températures vont continuer à chuter, jusqu’à moins de 10° au sommet des cols. La pluie s’y ajoutant, les coureurs sentiront d’autant plus le froid.

Fort vent d’Ouest sur les premiers kilomètres de l’étape, vent de face sur les 35 premiers kilomètres. Les coureurs prendront ensuite la direction du sud-ouest jusqu’au kilomètre 84, sur cette portion le vent sera moins fort et en grande partie de côté à 3/4 face. Ensuite jusqu’au kilomètre 115 et le pied de Peyresourde, le vent ne change pas de direction mais les coureurs si, il sera de côté avec des portions 3/4 dos.

Le vent faiblira par la suite au moment de la dernière partie de course et l’enchaînement des ascensions. Il sera cependant en grande partie de face dans Peyresourde, et plus de côté sur les deux autres ascensions.

LES PRETENDANTS

Avant dernière occasion pour les grimpeurs de s’exprimer sur ce Tour de France. Malheureusement, pour ceux d’entre eux étant loin au général et désireux de miser sur l’échappée, les 115 premiers kilomètres ne seront pas du tout à leur avantage. Le sprint intermédiaire placé au kilomètre 113.5 pourrait lui aussi dicter le ton de la course. Si Matthews, Colbrelli et pourquoi pas Philipsen tentent de prendre l’échappée, DQS devra rouler pour les empêcher de prendre les points, retardant d’autant plus le bon coup.

Les grimpeurs auront besoin de soutien pour sortir sur le plat, le risque de laisser trop de force rien que pour sortir et creuser sur le peloton sur la portion plane est grand, et ce sera autant de force qui manqueront dans un final extrêmement difficile.

Une arrivée au sommet est synonyme de points au classement de la montagne doublés, et il y aura en tout 60 points à prendre demain. Aucun doute, Poels, Woods et Quintana voudront être à l’avant dès Peyresourde pour ne laisser aucun point en route. Qu’en sera t-il de Van Aert ? La jumbo va t-elle réitérer l’expérience de laisser Vingegaard seul dans le peloton, ou bien le belge sera t-il le seul ayant un bon de sortie pour aller jouer les points de la montagne ? On l’a vu, Quintana s’est déjà imposé ici en 2018. Une ascension qui convient bien au colombien, tout comme les conditions météo attendues demain (à condition qu’il s’alimente correctement cette fois !)

Demain la difficulté de l’enchaînement des cols et la terrible ascension finale semble indiquer que les favoris au classement général pourrait se jouer la victoire. INEOS, Jumbo et EF vont devoir tenter de faire vaciller Pogacar. Cela ne sera pas simple, on sait que le slovène adore les conditions difficiles, il suffit de voir sa démonstration lors de la 8ème étape pour s’en rendre compte. Les échappés, même si très bons grimpeurs, auront besoin de beaucoup d’avance au pied du Portet, une avance dont ils pourraient ne pas bénéficier si les équipes de leaders décident de contrôler l’écart et d’emmener un gros train dans le Portet pour faire sauter les équipiers.

Si je donne peu de chance à l’échappée matinale d’aller au bout, cela ne veut pas dire que seul un homme du top 5 a une chance de s’imposer. On l’a vu avec Quintana en 2018, sortir du groupe des favoris dans le Portet peut aussi être la solution. Un bon grimpeur loin au général peut espérer ne pas être pris en chasse par les leaders. Il conviendra bien entendu d’attendre un potentiel moment d’accalmie sous peine de voir le train INEOS les ramener.

D’après moi, il faudra garder un œil sur Gaudu, Bilbao, M.A. Lopez, Higuita et Chaves. Pour une partie de ces hommes là, seule une victoire pourrait sauver leur Tour. Bilbao pourrait tenter de s’extirper du peloton dans le Portet sans forcément être pris en chasse, bien loin du podium, idem pour Gaudu. Chaves a déjà tenté, sans succès. Mais à la recherche d’une victoire d’étape pour compléter le triptyque, nul doute qu’il tentera encore entre demain et jeudi. Higuita a aussi montré de bonnes choses depuis le début du Tour, et s’il ne lui est pas demandé de rester aux côtés d’Uran, on pourrait le voir tenter sa chance. Même situation pour Lopez avec Mas.

Carapaz doit absolument reprendre du temps à Vingegaard et Uran avant le contre-la-montre de samedi. Et il ne lui reste que deux étapes. INEOS doit dès demain tenter de les isoler pour lancer son colombien. Uran sera très dur à décrocher, et si Vingegaard a semblé inébranlable en deuxième semaine sous la chaleur, le mauvais temps pourrait peut-être jouer en la faveur de Carapaz.

Derrière eux, on assistera probablement à un marquage entre les prétendants aux places d’honneur, comme ce qu’on a pu voir sur l’étape d’Andorre. Malgré tout, si un homme arrive à créer une différence sur les autres, je pense que ce pourrait être Enric Mas. L’espagnol a annoncé vouloir être plus agressif, lui qui aspire encore au podium. Un col comme le Portet est plus dans ses cordes qu’un Kelderman ou Lutsenko à mon sens. A 1’30 du podium, il ne serait peut-être pas immédiatement pris en chasse par Vingegaard ou Uran, si ces deux hommes décident d’être plus sur la défensive.

MES CHOIX

Je penche pour un scenario où la victoire d’étape reviendrait à un des leaders au classement. Les statistiques des étapes de montagne sur ce Tour ne parlent pas en la faveur des leaders pour la victoire, mais les choses pourraient changer. Par temps froid et pluvieux, personne n’a pu arriver à la cheville de Pogacar en première semaine, je pense que ce sera de nouveau le cas demain. Je m’attends à un Carapaz très offensif qui doit tout tenter pour décrocher un podium, et à un Uran qui se contentera de rester dans les roues pour conserver sa place sur le podium. Les hommes du top 5 à 9 devraient essayer d’attaquer s’ils en ont les moyens, mais il y a de grandes chances qu’ils se couvrent entre eux. Souvent présent en 3ème semaine, je pense que Mas peut espérer accrocher un podium d’étape demain.

Les chances de l’échappée sont loin d’être inexistante, mais elle devra être fournie, les purs grimpeurs (les seuls en mesure de gagner cette étape) auront besoin d’équipiers pour les emmener sur les 115 premiers kilomètres. Si un fuyard venait à décrocher la victoire, je ne suis pas sûr qu’il provienne de l’échappée matinale comme dit plus haut.

  • Pogacar et Carapaz T3 @ 4.65 (0.35%)
  • Mas T3 @ 7.50 (0.25%)
  • Chaves @ 30 (0.1%)
  • Bilbao @ 52 (0.1%)

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