Giro d’Italia 2021 – Etape 20 : Verbania – Valle Spluga – Alpe Motta (164 km)

Dernière étape avant le contre-la-montre dimanche. Un parcours à travers les alpes, avec 3 cols au programme dont 2 au-dessus des 2 000m. 4 200m de dénivelé positif sur 162 kilomètres, une étape qui, si elle tient ses promesses, s’annonce dantesque.

LE PARCOURS

A l’instar de la 19ème étape, les départ sera plat, et ceux jusqu’au kilomètres 80 et la première ascension de la journée, qui sera aussi la plus longue.

Le Passo San Bernardino, 23.7km à 6.2% de moyenne. Comme on peut le voir, l’ascension est divisée en 3 paliers séparés par des zones de replat. Les 7 premiers kilomètres seront les plus pentus, mais les nombreuses fluctuations de pourcentages empêcheront de trouver un rythme régulier sur toute l’ascension. Le premier des 2 cols à passer la barre des 2 000m. La longueur du col et sa difficulté font qu’au sommet le peloton devrait être déjà bien réduit. Il restera 58km à parcourir au sommet. La descente sera relativement courte (7 kilomètres) mais extrêmement technique dans sa partie finale.

A la suite de la descente, le peloton traversera la vallée sur une route en léger faux-plat descendant sur 10 kilomètres pour arriver au pied du second col de la journée.

Bien plus court que le premier col et plus pentu. 9 kilomètres à 7.3% de moyenne. Nous passerons encore la barre des 2 000m d’altitude. Si la bataille n’a pas été lancée entre les favoris dans San Bernardino, nul doute qu’elle fera rage ici. Les pourcentages, notamment sur les 3 derniers kilomètres, devraient permettre d’essorer encore plus le peloton en menant un grand train. Et pourquoi pas tenter une attaque ? au sommet, nous serons à 29km de l’arrivée.

Ce qui peut inciter à l’attaque dans le Splügenpass, c’est le fait qu’il n’y a quasiment que de la descente jusqu’au pied de la dernière ascension de la journée. Mis à part 2km de plat au début et 1km sur la fin, ce sont presque 20km de descente qui attendent les coureurs après la bascule.

Le début de la descente se fera sur une route étroite et technique, il faudra rester lucide pour ne pas partir à la faute. Il y aura une dizaine de lacets à négocier avant la première zone de plat.

Lacet de la descente du Splügenpass

La fin de la descente, à l’approche du village d’Isola, sera de nouveau technique sur une route étroite.

7.3 kilomètres à 7.6% de moyenne, mais un kilomètres de plat au milieu et dans les 300 derniers mètres. Les deux derniers kilomètres afficheront des pentes moyennes aux alentours de 10%. Si ce col est difficile, il ne sera pas suffisant pour faire des écarts significatifs entre les 3 premiers au classement général, sauf défaillance.

Profil des 3 derniers kilomètres de l’étape

METEO

Si l’on en croit les prévisions, les coureurs ne devraient pas subir la pluie demain, et des températures relativement douces. Normalement rien de comparable avec les conditions de la 16ème étape.

Au départ de Verbania, le vent soufflera du Sud, poussant les coureurs dans le dos. Mais très vite, la direction s’inversera, à l’approche de Cannobio après seulement 20 kilomètres. Le vent soufflera en provenance du Nord pour le reste de la journée. D’abord faible, sous les 10km/h, le vent aura tendance à s’intensifier à l’approche de l’arrivée, aux alentours de 15km/h.

  • Vent de face sur les 60 kilomètres de plat jusqu’à la première ascension
  • Vent de face dans San Bernardino ainsi que dans la descente, n’incitant pas aux attaques
  • Vent de côté entre San Bernardino et le Splügenpass
  • Vent de dos dans le Splügenpass et la descente jusqu’au pied de la dernière ascension, bonne nouvelle pour les attaquants
  • Vent de face dans les 5 premiers kilomètres d’ascension de la dernière ascension, puis vent de dos dans les derniers kilomètres avec les passages à 10% de moyenne

LES PRETENDANTS

Si le scenario de la 19ème étape avait très bien été anticipé avec Bike exchange et Deceuninck qui ont pris les choses en main, le scenario de cette 20ème étape me semble plus compliqué à cerner.

Commençons par INEOS. On l’a vu, et c’était logique, ils roulent sur la défensive. Bernal commence à montrer des signes de faiblesse après deux semaines à survoler le Giro. Son avance au classement est suffisante pour tenir le rose, nul besoin d’attaquer. Demain ne devrait pas faire exception. Ses équipiers rouleront le plus longtemps possible pour le protéger et empêcher ses adversaires direct de prendre trop de temps. Il restera lui restera ensuite à terminer le travail en gardant la roue de Yates ou bien, comme hier, limité les dégâts. Avec près de 3′ d’avance sur le britannique, je ne pense pas que le colombien perdra le rose.

Un peu dans la même stratégie conservatrice, Damiano Caruso est à deux doigts de concrétiser un des plus beau moment de sa carrière. Venu en tant que lieutenant de Landa, il se retrouve désormais à la deuxième place du podium et possède un coussin très confortable de 3’50” sur Vlasov quatrième. Il aura probablement été le coureur le plus constant du top 10, ne se mettant jamais trop dans le rouge et par conséquent n’explosant jamais. Je ne le vois pas craquer demain non plus, tout comme je ne le vois pas attaquer. S’il le peut, il tentera de conserver sa seconde place, mais il ne prendra pas le risque de perdre le podium pour ça.

Yates a semblé renaître sur cette troisième semaine. Mais peut-être avec un temps de retard. S’il a dominé Bernal sur les deux dernières étapes de montagne, lui reprenant 1’20”, il est toujours à 2’49” du colombien. Avec une seule étape de montagne restant, cela risque d’être trop juste. Une seule solution pour Simon : attaquer de loin en espérant faire sauter les équipiers de Bernal au plus tôt. Mais se débarrasser de Martinez semble quasiment impossible tant le coureur d’INEOS apparaît solide. L’ange gardien de Bernal dans Sega di Ala. Attendre le dernier col ne lui permettra pas de reprendre tout ce temps, ou alors il faudrait une défaillance monumentale de Bernal.

Yates doit donc attaquer de plus loin. Peut-il le faire dès San Bernardino ? Le vent de face dans l’ascension et la descente, ainsi que les 10km de vallée avant le Splügenpass pourraient le refroidir, voir réduire à néant ses efforts. On peut imaginer que la BikeExchange tentera d’envoyer des hommes à l’avant qui lui serviront de relais lors de son attaque. Mais est-ce qu’INEOS laissera partir une échappée avec des Bike Exchange dedans ? Le vent de face dans la plaine avant San Bernardino sera aussi un frein à l’échappée.

Bien que j’espère une attaque de Yates dès San Bernardino, il semble plus probable que celle-ci intervienne dans le Splügenpass. Il faudra tout de même imprimer un tempo dans San Bernardino pour isoler au plus possible Bernal et le forcer à couvrir lui-même les attaques. S’il semble compliqué de décrocher Martinez dans les ascensions, on a pu remarquer qu’il en est autrement dans les descentes. La descente de San Bernardino, très technique, pourrait être utilisée à cet effet.

S’il est un homme qui tient une excellente forme en 3ème semaine, c’est bien Almeida. Deux fois second pour une poignée de seconde lors des deux dernières étapes de montagne. A la recherche d’une victoire sur ce Giro, et pourquoi pas d’une entrée dans le top 5 voire 4 au général, il devrait être de nouveau à l’affut demain. Si la longue ascension de San Bernardino avait été placée en tant qu’avant-dernier col de la journée, je n’aurais probablement pas compté Joao dans mes favoris. Ici en revanche, je ne pense pas que San Bernardino sera montée au rythme effréné du Stelvio 2020, dans lequel le portugais avait perdu pied. Les pentes seront de plus moins raide. Moins à son avantage sur ce type de longue montée, je le pense malgré tout tout à fait capable de basculer avec les premiers, et les deux derniers cols lui correspondent beaucoup mieux. La question pour Joao est de savoir s’il doit suivre Yates lorsque celui placera son attaque s’il la met loin de l’arrivée. Il est probable qu’Almeida n’ai plus d’équipier à ce moment là, et à part INEOS, aucune équipe ne pourra rouler derrière. Il faudra être malin et profiter du duel Bernal/Yates pour aller décrocher la victoire.

Pour Carthy et Vlasov, la messe semble être dite. Les deux n’auront jamais vraiment eu l’occasion d’exister dans ce Giro et à moins de retrouver leurs jambes cette nuit par miracle, je ne vois pas comment ils pourraient prétendre à la victoire d’étape demain. Un petit sursaut de Vlasov sur la 19ème étape, mais pas certain que cela veuille dire que sa forme arrive. Ou alors sa préparation a été très mal calculée !

Avec des températures plus clémentes, un peu moins de soleil et des descentes techniques, Bardet doit avoir un œil sur l’étape de demain. Il n’est pas au niveau du top 4 dans les ascensions sur ce Giro, mais dans les descentes, il est probablement un des meilleurs, en témoigne son numéro dans la descente du Passo Giau. Est-ce que cela sera suffisant pour prendre assez d’avance avant la dernière ascension et résister aux retours des favoris ? Je ne pense pas.

Ce scenario GC repose en grande partie sur la volonté de Yates de renverser le Giro et sur celle d’Almeida de remporter une étape. Mais si ils attendent trop avant de lancer l’offensive, les échappés pourraient bien se jouer de nouveau la victoire. Je ne cocherai que trois noms pour l’échappée demain : Formolo, Martin et Nibali.

MES CHOIX

  • Almeida @ 4.55 (0.6%)
  • Formolo @ 23 (0.15%)
  • Nibali @ 30 (0.15%)

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