19ème étape d’un Giro toujours ouvert. Si le podium semble se dessiner, rien n’est encore joué avec l’avant-dernière des 2 étapes de montagne restantes. Direction les Alpes !
LE PARCOURS
Des deux étapes de montagne restantes, la 19ème est probablement la moins difficile, en partie du au changement de parcours sur la première ascension. Une étape courte qui emmènera le peloton jusqu’au sommet de l’Alpe di Mera.
L’étape débutera de nouveau sur du plat pour de longs kilomètres, puis la route s’élèvera en un long mais doux faux-plat montant jusqu’au kilomètre 70. On le sait, ce type de départ n’est pas pour favoriser les purs grimpeurs qui auront très certainement besoin d’être accompagnés pour se glisser dans l’échappée. Les choses pourraient se décanter avec la première ascension au programme, si l’échappée n’est pas sortie avant.

Une longue ascension de près de 14km à seulement 3% de moyenne. De nombreuses zones de plat et de descentes entrecoupées de courtes ascensions. Suivra une descente d’une dizaine de kilomètres vers le Lac Majeur où elle se fera un peu plus technique.
Après une section plane d’une vingtaine de kilomètres, la route commencera à s’élever légèrement jusqu’au pied de la seconde ascension du jour.

7.5km à 6.4% de moyenne. Des portions assez pentues notamment dans sa première partie. Comme nous avons pu le voir lors de la 17ème étape, il est probable qu’une équipe décide de contrôler la course assez tôt et imposer un tempo pour maintenir les échappés à porté de tir d’une part, et surtout pour mettre à mal certains leaders et leurs équipiers. Cette ascension sera parfaite pour réitérer l’expérience. Bien qu’aucun leader ne devrait être mis en difficulté ici, certains équipiers pourraient commencer à lâcher prise si le rythme est trop soutenu.
La descente qui suit (9 kilomètres) sera assez technique, notamment dans sa partie finale après le village de Civiasco. La longue vallée qui suivra rend très peu probable l’attaque d’un leader dans le Passo della Colma. Après ces 20 kilomètres de plat viendra l’heure d’aborder l’ascension de l’Alpe di Mera, juge de paix du jour.

9.7km à 9% de moyenne. Des pourcentages moyens assez identiques à ceux du Zoncolan et de Sega di Ala, mais l’ascension sera aussi moins longue, la rendant potentiellement moins difficile que les deux autres.
Ici encore, des écarts pourront être fait notamment à la vue des 4.7 derniers kilomètres où les pourcentages ne passeront que rarement sous les 10%. Pas moins de 24 virages en épingles bien moins faciles à gérer que de belles et longues courbes ! Attention aux coups de moins bien.
METEO
Le temps sera couvert tout l’après-midi mais il ne devrait pas pleuvoir sur les routes du Giro. Des températures aux alentours de 20° toute la journée.
Sur la première partie de l’étape, jusqu’à la première ascension, le vent proviendra du Sud-Est, un vent de dos pour accompagner les coureurs donc. Au fur et à mesure de l’après-midi, le vent aura tendance à souffler depuis le Sud, la portion entre le sprint intermédiaire et le pied du Passo della Colma sera courue avec un vent défavorable.
L’ascension du Passo della Colma ainsi que sa descente se feront avec un vent de côté. Vent de côté aussi sur le début de la vallée qui suivra, la deuxième partie de plat jusqu’au pied de l’Alpe di Mera sera vent de face.
L’ascension de l’Alpe di Mera se fera aussi avec un vent de Sud / Sud-Est, ce qui signifie qu’il sera de face. Cependant, l’ascension est bien abritée par les arbres, et les nombreux virages en épingles atténueront la durée des portions défavorables. Les 700 derniers mètres de l’ascension seront en revanche plus exposés, les 200 derniers mètres seront vent de dos.
De manière générale, le vent ne devrait pas souffler fort demain, entre 6 et 8km/h tout au long de l’étape.

LES PRETENDANTS
Pour les équipes le désirant, les deux premiers tiers de l’étape, jusqu’au pied du Passo della Colma seront possible à contrôler. On l’a vu sur la 17ème étape, la BikeExchange de Yates ont montré une volonté de maintenir un écart raisonnable avec l’échappée et imprimer un rythme soutenu toute l’étape pour ne pas laisser de repos. Il y a fort à parier qu’ils tenteront de nouveau demain après avoir vu Bernal craquer dans Sega di Ala.
Ils pourraient de plus trouver des alliés de circonstance dans la Deceuninck. Almeida a réalisé une énorme ascension avant-hier, et en vue du contre-la-montre de dimanche, ses ambitions au classement ont peut-être été revue à la hausse. J’imagine donc plus un scenario comme l’étape de Sega di Ala que celui du Zoncolan, bien que tout se décidera dans la dernière ascension.
Yates a semblé retrouver de sa superbe dans Sega di Ala après son énorme tir subit dans le Passo Giau. Il est probable que les conditions très difficiles aient joué un rôle sur la 16ème étape. La vérité d’un jour n’étant pas celle du lendemain, il aura très bien géré la journée de repos et aura réalisé une très belle ascension de Sega di Ala sur la 17ème étape. Les pentes assez identiques et une météo de nouveau clémente, on peut s’attendre à revoir le Yates de Sega di Ala. Attention tout de même, le britannique est loin d’être le coureur le plus fiable du peloton. Avec plus de 3′ de retard sur Bernal, il ne peut pas attendre la dernière étape, cela serait trop risqué. Simon attaquera dès demain et ne retiendra pas ses coups.
S’il est un homme qui semble aller de mieux en mieux, c’est bien Almeida. Désormais seul leader de la Deceuninck, le portugais aura réalisé de belles ascensions entre le Passo Giau et Sega di Ala, prenant même le KoM dans cette dernière ascension. A 8’45 au général, le portugais ne sera pas vu comme une menace s’il venait à placer une attaque. En tout cas pas par Yates, Bernal et Caruso. L’ascension finale lui convient parfaitement, il a une vraie chance de décrocher la victoire demain et de se rapprocher d’un top 5.
Après 2 semaines de domination sans partage, Bernal a montré un premier signe de faiblesse dans Sega di Ala, concédant 50” à Yates. Rien de dramatique, il termine dans le même temps que son dauphin Caruso, toujours à 2’21 au général. Cet écart est suffisant pour le dernier contre-la-montre. Quel Bernal auront nous sous les yeux demain dans l’Alpe di Mera ? Il faut espérer pour le petit colombien que sa défaillance n’était dû qu’à une mauvaise alimentation en course ou juste une mauvaise gestion de sa journée de repos. Le plus terrible serait que son mal de dos ne se réveille et l’handicape trop sur cette fin de Giro. L’ascension finale demain sera plus courte et devrait par conséquent lui permettre de perdre moins de temps que dans Sega di Ala si tel devait être le cas. Si c’est le Bernal du Zoncolan, alors il sera impossible de le décrocher.
Caruso est dans la forme de sa vie. L’information importante à noter : il est seul qui n’a pas (encore?) connu une journée de moins bien sur ce Giro. Toujours dans la gestion, jamais au-delà de ses limites, Damiano est la représentation exacte de ce qu’il faut pour aborder la troisième semaine de ce Giro : l’expérience. Je pense qu’une deuxième place le contenterait grandement et qu’il ne risquera pas tout. 2’21 de retard sur Bernal, c’est trop même en prenant en compte ses qualités contre-la-montre. Mais Caruso a t-il seulement les moyens de faire plier Bernal dans la montagne ? J’ai des doutes sur ce point.
Derrière, Bardet, Vlasov mais surtout Carthy ont pris un éclat dans Sega di Ala et sont désormais tous relégués à plus de 6′ de Bernal. Bien sur, la réalité d’un jour n’est pas celle du lendemain, mais j’ai du mal à les voir retourner le Giro. Si Bernal a semblé avoir un coup de moins, que dire de ces 3 là. Si la météo avait été moins clémente, j’aurais revu mon jugement sur Bardet. Mais on l’a vu dans Sega di Ala, cette météo ne l’avantage pas. Les 3 ne seront pas marqués, mais auront-ils les ressources pour suivre ou placer une attaque lorsque Yates enclenchera ? Je ne vois pas ces hommes capable de reprendre du temps au Top 3 demain, du moins rien de conséquent. Le temps qu’ils prendraient potentiellement serait plus dû au fait qu’ils ne sont pas dangereux au général plutôt qu’une démonstration de force.
Ce Giro a vu énormément d’échappés se jouer la victoire, et bien que je m’attende à un GC day demain, je serai loin d’être surpris si un rescapé de l’échappé venait à lever les bras sur la ligne ! Dans cette optique, je note les noms de Fabbro, Formolo, Mollema, Bennett, Martin et Pedrero. Et deux grandes questions : est-ce qu’Ulissi rééditera son exploit de Sega di Ala, mais surtout, est-ce que Cepeda tentera sa chance ?
MES CHOIX
De ce qu’il a montré sur les dernières étapes de montagne, Almeida me semble un choix logique pour demain. Il y a de grandes chances que la DQS roule pour revenir sur l’échappée et permettre à Joao de jouer la gagne. Assez loin au général pour ne pas être vu comme une menace, et en cas d’arrivée en petit comité, sa vitesse pourra faire la différence : les chances sont grandes ! Bernal devrait se contenter de suivre Yates, je ne pense pas qu’il attaquera. Idem pour Caruso, même si tous ont vu une fissure apparaître dans l’armure du colombien. La régularité de l’italien pourrait lui permettre d’accrocher un podium demain.
- Almeida @ 5.70 (0.5%)
- Almeida et Caruso podium @ 10 (0.2%)
- Formolo @ 20 (0.1%)
- Fabbro @ 61 (0.05%)
- Cepeda @ 130 (0.05%)