L’heure est enfin arrivée, l’heure du mythique Zoncolan ! Une arrive au sommet du monstre après une étape de 205km. Le premier vrai test en haute montagne de ce Giro.
LE PARCOURS
Les 135 premiers kilomètres ne seront pas excessivement compliqués avec une seule ascension répertoriée : le Castello di Caneva (3.4km à 4.4%) au kilomètre 73.5. Mis à part cela, la première moitié de l’étape sera relativement plate.

Au kilomètre 136 arrivera la première vraie difficulté de la journée. Forcella di Monte Rest (10.5km à 5.9%). relativement simple dans sa première partie, les pourcentages s’accentuent au milieu. Je n’imagine pas d’attaques ici, quand on sait ce que réserve la fin de l’étape.
Après la descente (technique avec de nombreux lacets) et une nouvelle petite côte de 2 kilomètres, la route se fera de nouveau plate sur 20 kilomètres pour emmener le peloton au pied de la dernière ascension de la journée.

La fameux Zoncolan. Un monstre de 14 kilomètres à 8.5% de moyenne. Les 3 derniers kilomètres affichent une moyenne de 13%, avec des rampes à plus de 20%.
Ici, impossible de se cacher, car mis à part une portion bien moins sévère au 10ème kilomètre, les pourcentages seront terrible, voire insoutenable dans le final. Les écarts pourraient être grand à l’arrivée.
Tenter de sortir dès le pied serait quasiment du suicide, mais nulle doute que le rythme imposé dès les premiers hectomètres sera très élevé.
METEO
Mauvaise nouvelle pour le peloton, la pluie fera de nouveau son apparition demain. Il faudra faire attention dans la descente de Forcella di Monte Rest et ses virages en épingle. La montée du Zoncolan se fera aussi sous la pluie, ajoutant une difficulté supplémentaire. Comme si cela était nécessaire.
Concernant le vent, un vent d’Est / Nord-Est soufflera jusqu’à Manago, ce qui signifie qu’il sera défavorable sur les 110 premiers kilomètres de l’étape. Mais il devrait souffler à moins de 10km/h.
Le vent sera plus favorable pour la suite de l’étape jusqu’au Monte Zoncolan, où l’ascension se fera vent de côté, avec bien évidemment des portions face/dos en fonction de certains lacets.
LES PRETENDANTS
Les 75 premiers kilomètres étant entièrement plat, cela n’est pas une bonne nouvelle pour les grimpeurs qui auraient dans l’idée de prendre l’échappée. On peut même pousser jusqu’au kilomètre 130 avant la première ascension répertoriée. L’étape est compliquée mais à 95% pour la montée du Zoncolan. Il sera aisé, si les équipes de leaders le désirent, de contrôler l’échappée pour s’assurer de la reprendre dans la Monte Zoncolan.
Il convient tout de même de noter que jusqu’ici, elles n’ont pas forcément montré une réelle volonté de chercher la victoire d’étape. Malgré tout, j’ai dans l’idée que demain pourrait être différent. L’ascension final est tellement difficile qu’il ne sera pas nécessaire de revenir à 2min des hommes de tête au pied du Zoncolan. La chasse étant plus facile, et le Zoncolan une ascension mythique, certains voudront peut-être y accrocher leur nom au palmarès.
Bernal est le plus fort de ces 2 premières semaines, il n’y a absolument aucun doute là dessus. Il trouvera des pentes à sa convenance demain. A l’aise sous la pluie comme on a pu le voir en première semaine, il pourrait vouloir mettre plus de temps entre lui et ses adversaires, tant que sa forme est au top. Le train de la INEOS va se mettre en marche dès le pied pour propulser la fusée colombienne dans les derniers kilomètres.
Vlasov est second à 45” de Bernal. Auteur lui aussi d’un très bon début de Giro, le russe aura ses chances demain. On l’a vu sur les pentes de l’Angliru en 2020 où il prend la 2ème place, les forts pourcentages lui conviennent !
Ces mêmes forts pourcentages conviendront aussi à Carthy, vainqueur au sommet de l’Angliru. Un bon début de Giro qui le met à la quatrième place pour le moment. Big Hugh va enfin entrer sur son terrain de prédilection. Il y trouvera de la concurrence, mais il devrait faire plus que de la figuration.
2ème ici-même en 2018, à 6 petites secondes d’un Froome stratosphérique, Yates a prouvé que le Zoncolan est un col qui lui convient. A noter tout de même qu’il sera gravi par un autre versant cette année Très discret depuis le début, il pointe à 1’22 de Bernal. L’heure est enfin venue de sortir de sa cachette et de commencer à faire son retard. Avec la forme affichée au Tour des Alpes, j’ai tout simplement du mal à croire qu’il ne soit pas en forme pour se Giro. Je pense qu’il a apprit de ses erreurs et qu’il se réservait pour cette fin de Giro. Début de réponse dès demain.
Buchmann passait quasiment inaperçu jusqu’à son attaque dans le final de Montalcino. Une attaque tranchante que seul Bernal a pu couvrir. La forme arrive peu à peu, mais est-ce que ce sera suffisant pour rivaliser avec les tout meilleurs demain ? J’ai des doutes.
On sait Evenepoel à l’aise sur les forts pourcentages, mais qu’en est-il sur les forts pourcentages dans des ascensions de plus de 40 minutes ? De plus, il a commencé à montrer des faiblesses physiques (logiques) sur l’étape de Montalcino. Son manque de compétition ne peut, à mon avis, que se faire ressentir de plus en plus.
Ciccone réalisait un début de Giro excellent, et une étape de Montalcino parfaite avant de sauter dans la dernière côte et finir à 1’50 de Bernal. Très bon dans les forts pourcentages, il a été un de ceux ayant le mieux géré les étapes où la pluie était présente. Désormais relégué à 2’24 de Bernal, on l’a vu tenter avant-hier avec Nibali, sans succès car la INEOS n’a pas laissé partir. Les deux italiens sont tournés vers l’offensive, et si les jambes répondent demain, ils tenteront de nouveau leur chance. Un acte qui pourrait fortement ressembler à un quitte ou double.
N’enterrons pas les chances de l’échappée tout de même, car ce Giro leur fait la part belle ! Pas sûr qu’être juste bon rouleur suffise demain, il faudra savoir grimper, et bien même ! On peut noter les noms suivants : Formolo et Martin, loin au général. Mais pas sûr qu’INEOS ne les laissent prendre de la marge afin d’éviter de les remettre dans le jeu au classement. S’il n’est pas chargé de faire la nounou pour Buchmann, est-ce que Fabbro aura un bon de sortie dans sa région natale ? A moins que ce ne soit pour servir de satellite, ou pour s’ôter du poids de la course, il pourrait lui être demandé de rester auprès de l’allemand. Mollema ne semble pas assigné à la protection de ses leaders et pourrait retenter sa chance. Hindley, désormais à 17′ pourrait lui aussi tenter de sortir, sauf si on lui demande de rester avec Bardet. Et bien entendu, la Movistar qui enverra la moitié de son équipe à l’avant pour tenter de jouer le classement par équipe, après l’abandon de Soler. Et est-ce qu’un jour Cepeda tentera de prendre une échappée ?
MES CHOIX
Bernal est le favori logique à mes yeux, comme pour beaucoup de monde. Tout semble pointer vers le petit colombien demain. Je pense tout de même que la paire de britannique Carthy/Yates aura sa chance. Il va falloir sortir du bois pour commencer à mettre Egan en difficulté. Les 2 ont une belle carte à jouer sur des pentes qu’ils devraient apprécier. Vlasov sera pour moi le quatrième homme fort demain en haut du Zoncolan, avec une place sur le podium à la clef.
- Double chance Yates/Carthy @ 6.5 (0.5%)
- Vlasov T3 @ 4 (0.25%)