Van der Hoorn a réalisé un énorme coup de force lors de la 3ème étape, en résistant au peloton pour s’imposer en solitaire après avoir été échappé tout l’après-midi. Les sprinters ont certainement loupé une occasion qu’ils ne trouveront certainement pas sur la 4ème étape !
Les coureurs partiront de Piacenza pour rejoindre Sestola, au terme d’une course de 187 kilomètres. Si la première partie de l’étape ne posera aucun problème, la seconde moitié et le final sera une toute autre histoire.
LE PARCOURS
Il n’y pas de difficultés référencées sur les 79 premiers kilomètres et la sortie de San Polo d’Enza. A compter de ce point précis, le profil du parcours va changer du tout au tout et devenir très vallonné sur les 100 derniers kilomètres.

A la sortie de Ciano d’Enza va débuter la première ascension du jour (non répertoriée) mais au sommet de laquelle seront attribués les points du sprint intermédiaire, dans le village de Rossena. Des sprinters tenteront ils de prendre l’échappée ?
Entre les kilomètres 82 et 108, c’est un enchaînement de courtes ascensions non répertoriées et de descentes qui sera proposé aux coureurs. La première ascension (vers le sprint intermédiaire) sera longue de 4km à 5.5% de moyenne. La seconde, 1.9km à plus de 7% de moyenne, la troisième à l’approche du village de Cortogno 2km à 5.8%. Enfin, la dernière côte de cet enchaînement sera la montée vers Branciglia (3km à 4%). Une descente de 4km mènera les coureurs jusqu’au pied de la première ascension répertoriée de la journée.


L’ascension vers le Castello di Carpineti débute au kilomètre 109 et se fera de plus en plus pentue en arrivant au sommet. Les deux derniers kilomètres avoisinent les 11% de moyenne, sur des routes plus étroites. Trop loin de l’arrivée pour espérer de gros mouvements, on devrait malgré tout y voir le peloton se réduire. La descente sera elle aussi sur une route étroite et probablement détrempée. Il faudra faire très attention de manière générale demain.

L’ascension vers Montolino sera la plus longue de la journée, 8.5km à 5.8% de moyenne. Très roulante dans ses 6 premiers kilomètres, les 2 500 derniers mètres seront plus violents surtout dans le final. La route ne sera pas en excellent état non plus vers le sommet, et elle sera étroite, de quoi étirer le peloton bien sévèrement. Le sommet se trouvera à 44km de l’arrivée.

Au kilomètre 164 débutera l’ascension (non répertoriée) vers Montecreto. 4 kilomètres à 7.6%, avec des pourcentages élevées vers le sommet. Une descente de 5 kilomètres mènera à l’ascension finale. La descente sera assez technique en son début, mais la route sera assez large. Il faudra de nouveau être vigilant à cause de la pluie. La nervosité à l’approche du final n’aidant pas, il faudra redoubler d’attention pour ne pas partir à la faute.

Dernière ascension de la journée, mais l’arrivée sera jugée 2.5km plus loin. 4.3km à 9.9%, la première bataille entre les leaders sera menée ici. Tout dépendra de quand les hostilités débuteront, mais des hommes pourraient perdre de très précieuses secondes dès demain. Les pourcentages violents et la route étroite après la sortie de Fanano nous donneront probablement un beau spectacle !
Une fois la bascule effectuée, il restera 2 500 mètres à parcourir. Le final ne sera pas en descente, car il comportera deux nouvelles bosses. La première, 400m à 6%, se trouve à 1 600m de l’arrivée. Une nouvelle courte descente mène à la deuxième bosse, 400m à 5.5%, à 900m de l’arrivée. Après 400m de plat, les 100 derniers mètres vers la ligne seront à un peu plus de 3%.
METEO
Le peloton est passé entre les gouttes hier, mais ça ne devrait pas être le cas aujourd’hui. De la pluie (beaucoup de pluie) est attendue demain après-midi. De plus, le vent soufflera fort, et en grande majorité de face/ trois-quarts face sur toute l’étape. Un vent d’Est, environ 30km/h au départ de Piacenza, le vent sera pleinement de face jusqu’à Parme, trois-quarts face jusqu’à la première ascension au kilomètre 82. Le vent tournera par la suite en provenance du Sud/Sud-Est et donc en majorité défavorable jusque dans les premières rampes de l’ascension finale. La fin de l’ascension et les 7 derniers kilomètres se feront vent de dos, de quoi favoriser les attaques !


LES PRETENDANTS
Quelles sont les chances de l’échappée demain ? On l’a vu aujourd’hui, ne jamais dire jamais ! De nombreux sprinters et leurs équipiers étaient présents, mais en voulant laisser la complète charge de la chasse à la Bora, ils n’ont jamais pu rentrer sur Van der Horn qui s’impose en solitaire.
Malgré tout, je ne crois pas en les chances de l’échappée demain, pour plusieurs raisons. Les 80 premiers kilomètres ne se prêtent pas à une échappée de costaud, et à la vue du final de l’étape, il faudra être fort pour résister au peloton et s’imposer. Ensuite, le vent sera en majorité défavorable tout l’après-midi et soufflera fort, ce qui ne favorisera pas les échappées. Enfin, la possibilité de mettre à mal leurs adversaires et le possible changement de leader au général à l’issue de l’étape devraient inciter les favoris au classement à se découvrir.
La pluie et le vent rendront cette étape très difficile pour les organismes. Alliés à la répétition de côtes dans le final et surtout l’ascension finale, le vainqueur devra aimer les forts pourcentages et se sentir à l’aise lorsque le temps est exécrable.
Comment se comporteront Yates, Bernal et Landa, trois des favoris à la victoire finale ? La dernière côte sera très dure, mais vent de dos sur les derniers kilomètres, ce qui va favoriser les attaques. Mais attaquer aussi tôt dans la course ne risque t-il pas de mettre en péril leurs forces pour plus tard ? Bernal avec ses problèmes de dos, et Yates et son inconstance sur 3 semaines seront peut-être plus sur la défensive pour le moment.
Carthy est très bon sur les pourcentages proposés dans la côte finale, mais les 2 500 derniers mètres ne sont pas à son avantage. Pour gagner, il devra attaquer et probablement arriver seul. Difficile d’imaginer qu’on le laisse prendre du temps gratuitement demain.
La Deceuninck dispose de 3 options demain : Almeida, Masnada et Evenepoel. Dans les favoris au GC, Almeida est probablement le plus rapide au sprint. Il n’a pas d’intérêt à attaquer, rester dans les roues pour jouer la victoire au sprint en petit comité. Evenepoel devrait lui être utilisé comme dynamiteur. Très peu probable qu’on le laisse partir seul, personne ne sait réellement de quoi il est capable sur ce Giro, ce serait prendre un énorme risque. Mais ses attaques pourront user les jambes des autres leaders. Quel sera le rôle de Masnada demain ? On l’a vu sur le Tour de Romandie, dans des conditions dantesques et sur les forts pourcentages, l’italien a répondu présent. Il est fort probable qu’on lui demande juste de rester au contact de ses leaders, mais en cas d’attaque, lui ne serait pas forcément vu comme un réel danger au classement général. Une option à ne pas négliger.
Bilbao et Vlasov ont tout deux montré de belles choses sur le Tour des Alpes, terminant respectivement 2ème et 3ème derrière Yates. Bilbao dispose d’un tempérament offensif et d’une bonne pointe de vitesse. Devra t-il rester auprès de Landa, ou aura t-il sa carte à jouer ? Un podium possible en cas de présence sur un sprint en petit comité. Pour Vlasov, auteur d’un très bon contre-la-montre, l’important sera de ne pas perdre de temps sur ses adversaires et de suivre les attaques.
On peut aussi citer quelques outsiders pour demain si jamais les leaders se neutralisent. Des hommes comme Ciccone (qui avait obtenu sa première victoire pro à Sestola sur le Giro 2016 !), Formolo, Mollema ou encore Soler. 4 hommes portés sur l’attaque qui ne seront pas vu comme des dangers immédiat pour le classement général. Ciccone a tenté dans le final de la troisième étape, comme beaucoup de fois depuis le début de la saison, sans succès. A moins qu’il ne lui soit demandé de travailler pour Nibali (ce que je n’espère pas), Giulio pourrait tenter sa chance. J’ai quelques doutes sur Mollema qui a annoncé vouloir perdre du temps en 1ère semaine, demain pourrait être l’occasion.
Soler a remporté une très belle étape sur le Tour de Romandie en attaquant au sommet de la dernière difficulté de la 3ème étape, pour aller s’imposer en solitaire sous la pluie. Pourrait-il remettre le couvert demain ? Formolo devrait pouvoir tenir le choc des conditions climatiques (il avait pris la 6ème place de la terrible 5ème étape de Tirreno cette année). Probablement un ton en dessous des tops favoris, l’ancien champion d’Italie aura tout de même ses chances dans la dernière ascension.
MES CHOIX
Une nouvelle étape très dure à prédire mais qui devrait nous offrir un beau spectacle. Comme je l’ai dit, je ne me concentre volontairement pas sur le scénario échappé. Non pas qu’il soit impossible, loin de là, je pense simplement que demain sera l’occasion de la première bataille entre favori.
Cependant, tous ne devraient pas jeter toutes leurs forces dans la bataille, et des outsiders ont de belles chances de victoires, car ils seront probablement moins surveillés. Je pense notamment à Ciccone, Formolo et Masnada. On le sait, les coureurs aiment se montrer sur leur tour national, et les trois italiens m’ont semblé en bonne forme sur leurs dernières sorties. Soler et Bilbao sont aussi deux options très intéressantes de mon point de vue pour demain, eux-aussi “moins dangereux” pour les leaders et pouvant probablement bénéficier d’un peu de liberté. Enfin, si un petit groupe de favoris venait à basculer ensemble au sommet, je compterai sur Almeida pour le régler au sprint.
- Almeida @ 10 (0.3%)
- Ciccone @ 30 (0.15%) + T3 @ 8 (0.15%)
- Formolo @ 35 (0.1%) + T3 @ 10 (0.1%)
- Masnada @ 100 (0.05%) + T3 @ 25 (0.05%)