Strade Bianche 2021 (184km)

L’heure des “chemins blancs” a enfin sonné ! C’est personnellement ma course d’un jour préférée de l’année. Il est très intéressant de voir à quel point cette course attire les gros noms du peloton, et sa résonnance dans l’esprit des amateurs de la petite reine. Tout cela en “seulement” 15 ans d’existence. Il suffit de regarder les éditions passées pour comprendre ce que représentent ces Strade Bianche.

184km autour de Sienne dans la campagne Toscane, 11 secteurs de graviers pour un total de 64km, plus du tiers de la course. Un terrain accidenté tout du long avec une seule “longue” côte, le Montalcino (6.5km à 4.8% de moyenne) au kilomètre 60.

LES 11 SECTEURS

Le premier secteur de gravier intervient au kilomètre 18. La Vidritta est longue de 2km et en léger faux-plat descendant.

5 kilomètres plus loin, la Bagnaia sera le deuxième secteur de la journée. 6 kilomètres de route sur graviers dont la deuxième partie sera montante, avec des pourcentages jusqu’à 10%.

Au kilomètre 36 les coureurs aborderont le Radi, 3ème secteur de la journée. 4.4km de long avec une nouvelle fois du dénivelé et des passages à plus de 10% sur la fin du secteur.

Au kilomètre 47, le peloton entrera sur la Piana, le quatrième secteur. Moins difficile que le précédent, il fait tout de même 5.5km.

Placé au kilomètre 75, Lucignano d’Asso sera le 5ème et plus long secteur de la course. Peu de dénivelé, ce sont surtout ses 11.9 kilomètres qui présenteront la difficulté.

Immédiatement après le cinquième secteur, les coureurs emprunteront le Pieve a Salti. 8km sur une route accidentée, l’enchaînement avec les 12 précédents kilomètres rend ce secteur encore plus compliqué.

Kilomètre 112, début du 7ème secteur, San martino in Grania. 9.5km accidentés tout du long et dont le dernier kilomètre dépasse les 7% de moyenne.

Au kilomètre 130 il sera enfin le moment d’aborder la plus grosse difficulté de la journée, le 8ème secteur : le Monte Sante Marie. Principalement en montée, avec notamment le Monte Sante Marie (1km à 10.3%), c’est une succession de montées et descentes qui attend les coureurs sur ces 11 kilomètres. C’est ici que la course commencera à vraiment se décanter, et le peloton aura fortement fondu à la sortie de ces 11 kilomètres.

Au kilomètre 160, à Monteaperti, se situe le 9ème secteur. Court (800m) il n’en sera pas moins violent. Les 550 premiers mètres affichent une pente moyenne de 9.3%.

Le 10ème et avant dernier secteur se trouve au kilomètre 165. Le secteur de Colle Pinzuto est long de 2.4km et présente des pourcentages à plus de 15% par endroits, les 500 premiers mètres affichent 10% de moyenne.

Enfin, placé à 13km de l’arrivée, le 11ème et dernier secteur : le Tolfe. Une cuve d’un kilomètre, qui commence par une descente et se termine par une montée avec une nouvelle fois des pourcentages avoisinant les 15%.

En 2020, la course s’était décantée dans le Monte Sante Marie, le secteur de gravier le plus difficile du parcours, placé à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée. En 2019, Fuglsang et Alaphilippe avaient attendu un peu plus longtemps avant de s’extirper de ce qu’il restait du peloton. Quand on sait à quel point cette course est compliquée, difficile d’imaginer qu’une attaque avant ce fameux 8ème secteur puisse être décisive.

A 40km de l’arrivée, les coureurs changeront de direction et se retrouveront avec un vent de côté, voir de 3/4 dos sur certaines portions. Le vent soufflera entre 15 et 20km/h et ce jusqu’à l’entrée dans Sienne. Cela incitera les attaquants à tenter leur chance de loin, on peut s’attendre à une course explosive encore une fois !

LE FINAL

Après le dernier secteur de gravier, il restera donc 12 kilomètres à parcourir, et la course ne sera pas forcément gagnée. En 2019, Van Aert seul avait réussi à combler un trou de près d’une minute sur Fuglsang et Alaphilippe, les rejoignant au kilomètre et l’entrée dans la dernière côte.

Comme on peut le voir à 2 kilomètres de l’arrivée, la route va de nouveau s’élever avec l’entrée dans le centre de Sienne, à gauche par la via Esterna di Fontebranda. 800m plus loin, après avoir passé la Porta di Fontebranda, la route sera alors pavée et les coureurs prendront à gauche la via Santa Caterina. Sur les 500 prochains mètres, la pente moyenne passe les 12%, avec un pic à 16% en haut de la Santa Caterina, puis les coureurs prendront un virage serré sur la droite.

Aux 300m, la route commencera à descendre. Si plusieurs coureurs arrivent ensemble à ce point et que l’un d’eux bascule avec quelques mètres d’avance, il sera très compliqué de le reprendre, voir impossible. Dernier virage serré à droite aux 120m qui mène à une descente à 7% de moyenne jusqu’à la Piazza del Campo et l’arrivée. Concernant la météo, pas de pluie prévue demain.

120 derniers mètres des Strade Bianche, descente à 7% de moyenne

LES PRETENDANTS

Une nouvelle fois, cette course attire les plus grands noms du cyclisme. Cette année, 3 des 4 précédents vainqueurs seront présents : Le vainqueur sortant Van Aert, le champion du monde Alaphilippe et l’ancien double vainqueur de l’épreuve, Kwiatkowski.

Trois hommes semblent largement sortir du lot pour la victoire finale : Van der Poel, Alaphilippe et Van Aert. Beaucoup s’accordent à dire qu’un de ces 3 là l’emportera, et la probabilité est effectivement grande. Mais il ne faut pas oublier que lors de l’édition 2020, ces 3 hommes étaient déjà là, MVDP et Alaphilippe n’avaient pas fini avec le groupe de tête. Tout est possible sur cette course.

Pour l’emporter, il faut bien évidemment être dans une forme incroyable et avoir des jambes de feu, mais la tactique sera elle aussi primordiale. Pour y voir plus clair, un petit tour des forces en présence s’impose.

DQS : Commençons par l’évidence. La Deceuninck se présente à Sienne avec la plus grosse équipe sur le papier. Leader incontesté sur cette course, Alaphilippe vient pour chercher une seconde victoire. Il aura la chance d’être accompagné par Almeida, Asgreen, Stybar et Ballerini. Stybar ne semble pas être au mieux de sa forme en ce début de saison, mais il n’en reste pas moins un ancien vainqueur des Strade. Il faut aussi souligner que sur ses 6 dernières participations, il n’a pas fini au delà de la 7ème place ! Almeida et Asgreen sont tout 2 d’excellents rouleurs, même si j’avoue ne pas savoir comment Almeida va se comporter sur les routes de graviers. Je pense qu’il devrait passer avec le groupe de tête à la sortie de Sante Marie malgré tout. Ballerini est l’homme en forme de la formation belge. Vainqueur de l’Omloop, j’étais persuadé que cette course lui convenait. Il s’est aligné sur le Trofeo Laigueglia, course qu’il ne pouvait pas gagner, probablement pour la simple et bonne raison d’emmagasiner des kilomètres. La Deceuninck a toutes les clés en main pour repartir avec la victoire. Les coéquipiers de Julian doivent se succéder pour mettre sous pression les autres leaders qui pourraient se retrouver isolés assez rapidement. Si Alaphilippe se présente au pied du dernier kilomètre dans le groupe de tête (il n’a pas besoin d’attaquer), alors la victoire est à lui.

Jumbo : Van Aert sera la meilleure carte, et très probablement la seule. L’équipe arrive avec des coureurs de qualité, comme Foss ou Gesink, mais pas sûr que cela soit suffisant pour aider Van Aert qui devra probablement se débrouiller seul. Les Strade seront sa course de reprise, mais je ne m’en fais pas pour lui : il remporte l’édition 2020 qui était aussi sa course de reprise. De plus, il sort d’un stage à Tenerife où, si on en croit ses données statistiques, il tenait une forme excellente. Il sera assurément un des meilleurs sur les secteurs de gravier, en revanche il devra absolument tenter de s’isoler dans le final pour accroître ses chances de victoire, comme l’année passée. S’il emmène Julian dans sa roue au pied de la dernière montée, il aura probablement déjà perdu. Le vent ne soufflera plus de face à partir du kilomètre 145, Wout pourra alors en profiter (peut-être pas d’aussi loin, mais qui sait ?).

Alpecin : Van der Poel est le 3ème des grands favoris pour la course. Le champion du monde de cyclo-cross connait un excellent début de saison, malheureusement “coupé” par le cas de Covid chez Alpecin lors du Tour des UAE. On l’a vu à l’attaque sur KBK et sur le Samyn, sans succès, mais aucun doute sur le fait que les jambes sont là ! Un coureur offensif et puissant, il tentera de mettre vite la pression sur ses adversaires en attaquant. Tout comme Van Aert, il ne possède pas l’équipe autour de lui pour lui permettre de gérer la course. Il ne devra probablement compter que sur lui, et ça, il sait faire.

INEOS : L’équipe britannique se présente sur cette édition 2021 avec de beaux noms aussi, dont l’ancien double vainqueur, Kwiatkowski. Malheureusement, le polonais a lourdement chuté sur le Trofeo Laigueglia, et bien qu’il prenne le départ, les chances de le voir figurer dans le top 3 sont faibles. Bernal sera aussi de la partie. Pas de victoire en 2021, mais le colombien s’est clairement montré à son avantage ces dernières semaines. Je serais étonné cependant qu’on le voit avec le groupe des favoris dans le final. Enfin, le jeune prodige Pidcock sera aussi au départ, et probablement la carte d’INEOS. Le britannique sort aussi d’un très bon début de saison en CX, et ses débuts sur route chez les pros ont laissé voir de belles choses. Sur ce genre de course, son manque d’expérience pourrait lui être préjudiciable, bien qu’il ai les capacités de se battre pour une place dans le top 5.

Astana : Fuglsang a terminé à la 5ème place l’année dernière et 2ème en 2019. Le danois apprécie cette course, mais la forme qu’il a affiché dernièrement ne m’a pas vraiment convaincu. Il a certes tenté, mais il n’a pas la forme qu’il avait lors de sa saison 2019. Quand on compare avec les autres favoris, je pense qu’il lui manquera quelque chose pour la victoire.

UAE : Pogacar arrive tout juste auréolé de son titre au Tour des UAE. La forme est là, aucun doute, mais est-ce que ce type de terrain lui convient ? Un des meilleurs grimpeurs du peloton, je suis plus sceptique sur la partie gravier. Le slovène a une âme d’attaquant, et s’il peut, il tentera quelque chose. Formolo sera aussi de la partie. 2ème de l’édition 2020, l’italien ne m’a pas vraiment impressionné sur son début de saison au Tour des UAE. Il me semble un peu juste.

Trek : Mollema est dans une super forme, une victoire sur le Tour du Var et le Trofeo Laigueglia, plus tôt cette semaine. Il sera accompagné d’un autre homme en forme, Brambilla. L’italien, récent vainqueur du Tour du Var, a déjà décroché un top 3 sur les Strade en 2016.

On peut aussi citer d’autres coureurs comme Wellens, 3ème en 2017, Van Avermaet qui n’a fini que 2 fois hors du top 10 des Strade depuis 2009, et Bettiol très bon coureur de classique vainqueur de Tour des Flandres 2019.

Pour la victoire, je pense que le collectif et la force de la Deceuninck fera la différence. Dans le Wolfpack, Alaphilippe est celui qui a le plus de chances de s’imposer. Mais, si la course se fait plus tactique et que la DQS possède encore plusieurs coureurs à l’avant à la sortie de Sante Marie, ils attaqueront. Je pense qu’il faut choisir un 2ème DQS pour couvrir un scénario ou les 3 monstres se regarderaient et laisseraient partir un coup. Stybar semble la seconde option évidente, et bien qu’il n’ai pas vraiment brillé depuis la reprise, son palmarès sur cette course parle pour lui. Et si la surprise venait de Ballerini ? Sur le Tour de la Provence, il remporte 2 étape affichant 2500m de dénivelé positif (3000m pour les Strade), et dans l’Omloop, il passait les pavés de belle manière. Pour une place sur le podium, je vais miser sur un homme en grande forme, Mollema.

MES CHOIX

  • Alaphilippe @ 5.50 (0.5%)
  • Mollema Top 3 @ 9 (0.25%)
  • Stybar Top 3 @ 9 (0.25%)
  • Ballerini Top 3 @ 18 (0.2%)

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