Il Lombardia 2023 Preview

IL LOMBARDIA

238 km

Ce samedi 7 octobre, les coureurs prendront le départ du Tour de Lombardie, cinquième et dernier Monument de la saison cycliste. Cette course mythique signe aussi la fin de la saison pour beaucoup de coureurs, un repos bien mérité avant la reprise en février !

Il Lombardia partira de Côme pour arriver à Bergame au terme d’une route montagneuse avec près de 4 500m de dénivelé positif. Un tracé quasiment identique à l’édition 2021 qui conviendra de nouveau aux grimpeurs. Il Lombardia 2023 Preview.


Le Parcours

Les choses sérieuses vont assez vite commencer sur ce 117ème Tour de Lombardie. Après seulement 30 kilomètres de course, les coureurs aborderont la première des 6 ascensions de la journée.

PASSO DEL GHISALLO
  • 8.3 km à 3.8 %

La Madonna del Ghisallo gravi depuis Asso. Une côte longue de plus de 8km à environ 4% de moyenne, l’endroit où la première échappée pourrait se former. La descente se fera en deux temps, et prendra fin au kilomètre 49 à l’entrée dans le village de Limonta.

Retour sur le plat pour une vingtaine de kilomètres, en partie le long du lac de Côme, en direction du sud. Cette portion sera seulement coupée par une côte non répertoriée de 3km à 6.5% de moyenne, avant que la partie plane ne reprenne jusqu’à l’entrée d’Almenno San Bartolomeo, au kilomètre 93. A compter de ce moment, la course ne devrait plus compter beaucoup de temps morts.

RONCOLA ALTA
  • 9.4 km à 6.6 %

Deuxième ascension de la journée, la Roncola sera aussi plus difficile. Près de 9.4 km à 6.6 % de moyenne et toute une partie centrale (6km) où les pourcentages moyens oscilleront entre 7 et 9%. Il y aura une portion de replat à l’entrée dans Roncola avant que la route ne s’élève de nouveau dans le dernier kilomètre. Avec un sommet à 137 km de l’arrivée, il y a peu d’espoir que la grande bagarre ne commence ici.

Le sommet sera suivi de 5 km en faux plat montant avant d’aborder la descente. Une descente longue de près de 10 km dont le pied mènera quasi directement le peloton à la troisième ascension de la journée, au kilomètre 122.

BERBENNO
  • 6.8 km à 4.6 %

L’ascension vers Berbenno est longue de 7 km à 4.6 % de moyenne. Une ascension roulante où le pourcentage n’excèdera pas 8% au plus fort de la pente. Au sommet, il restera 110km à parcourir. La descente sera longue de 9km, suivie par une portion de plaine.

SAN PELLEGRINO / ZAMBLA ALTA
  • 11 km à 6.2 %
  • 9.5 km à 3.5 %

A la sortie de San Pellegrino Terme, au kilomètre 150, débutera l’ascension vers Dossena. Avec ses 11 kilomètres, elle sera la plus longue ascension du jour. La portion centrale se fera sur une route légèrement plus étroite, et à moins de 80km de l’arrivée on peut imaginer que le rythme se sera accéléré. Il ne faudra pas aborder cette ascension en mauvaise position pour être sûr de pouvoir réagir rapidement au cas où certains voudraient faire exploser les choses à l’avant.

Passé le sommet, la route restera vallonnée jusqu’au pied de l’ascension suivante, la Zambla Alta. 9.5km d’ascension mais les 5km centraux ne sont que du faux plat. Ni trop longue ni très pentue, cette ascension pourra tout de même servir à creuser les écarts qui auront pu être crée dans l’ascension précédente. Les deux derniers kilomètres seront plus pentus à 7% de moyenne et un pic à 10%. Il faudra faire attention dans les 5 premiers kilomètres de la descente de la Zambla Alta qui seront très technique.

Profil descente Zambla Alta

Après cette longue descente et une portion de plaine d’une dizaine de kilomètres, les coureurs se trouveront au pied de la dernière ascension de la journée, au kilomètre 197.

PASSO DI GANDA
  • 9.2 km à 7.3 %

Le Passo di Ganda sera long de 9.2km à 7.3% de moyenne, l’ascension la plus pentue de la journée. Les 6.5 premiers kilomètres seront relativement roulant avec des pourcentages moyens entre 5% et 7%. La partie la plus difficile interviendra 2 km après le village d’Orezzo (kilomètre 204). La route sera alors beaucoup plus étroite et pentue, 9.8% de moyenne sur les 3 derniers kilomètres et une portion à 15% dans le dernier kilomètre. Un point clé de la course que cette ascension du Passo di Ganda, c’est ici que Pogacar avait en partie construit sa victoire en 2021. Il restera un peu moins de 32 km à parcourir une fois au sommet.

Au sommet, il y aura une succession de courtes descentes et replat avant d’entamer la “vraie” descente du col à la sortie de Selvino, kilomètre 213. C’est une nouvelle descente technique qui attend les coureurs, notamment sur les 6 premiers kilomètres après la sortie de Selvino.

Profil descente Passo di Ganda

Au pied de cette descente il y aura une portion plane et quasiment qu’en ligne droite pour rejoindre Bergame. Mais avant de rallier la ligne d’arrivée, il y aura une toute dernière difficulté à surmonter : le Bergamo Alta. Une courte côte, pentue, qui pourra permettre de faire la dernière sélection avant d’aller se jouer la victoire.

Profil des 5 derniers km

Cette côte comporte une section pavée de 300m après la porte Garibaldi. A partir de ce point, la route se rétrécie et la pente se fait plus importante, une moyenne de près de 8% sur les 1 300 premiers mètres, avec une pente maximum à 12%.

Porte Garibaldi
Secteur pavé du Bergamo Alta

La pente se radoucie sur le sommet, 400 m avant la bascule. Passer au sommet avec quelques secondes d’avance ici pourrait être synonyme de victoire, ou en tout cas une belle option sera prise. Suivra une descente de 2.5 km avant les 700 derniers mètres de course en ligne droite, sur du plat.


Météo

Beau temps, températures autour des 25° et un vent très faible qui ne devrait pas influer sur le scenario de la course.


Le Scenario

L’alternance est à nouveau de mise sur le Tour de Lombardie avec ce départ de Côme qui fait directement suite au départ de Bergame de l’année dernière. Cette édition présente un peu moins de dénivelé que dans le sens inverse, mais tout de même plus de 4 500 mètres de dénivelé positif au programme.

Avec un parcours identique à celui de 2021, il est possible d’envisager deux scénarios possibles. Tout d’abord, un scénario presque identique à celui de 2021 où tous les favoris attendent le Passo di Ganda (un peu plus de 30 km de l’arrivée) pour lancer leur attaque. Les plus forts parviendront à se détacher et pourraient ne pas être rejoints jusqu’à Bergame si la cohésion est bonne.

Il est également possible que les choses se décantent plus tôt. L’enchaînement Passo della Crocetta / Zambla Alta semble tout indiqué pour ce scénario d’anticipation. La portion de plaine entre le bas de la descente et le pied du Passo di Ganda pourrait en décourager certains malgré tout.

En ce qui concerne le Bergamo Alta dans le final, que ce soit en 2016, 2021 ou lors du Giro 2023, il semble difficile pour un coureur de s’y isoler. Peu importe où la course va se décider, un sprint très réduit reste le scénario privilégié pour la victoire ici.


Les Prétendants

Double tenant du titre, Pogacar s’aligne sur le Tour de Lombardie avec l’objectif d’aller chercher une troisième couronne d’affilée, une performance que seuls Binda et Coppi ont réalisée. Pour cela, le Slovène va aborder la course avec une préparation assez proche de ces deux dernières années : une coupure d’un mois entre août et septembre et une reprise sur des courses d’un jour, notamment sur les semi-classiques italiennes. Pas de victoire cette année sur les courses italiennes, à l’instar de 2021, mais de très bons résultats avec 4 top 5 sur ses 4 courses.

Il est évident qu’il lui manque encore un petit quelque chose, tout comme cela était le cas les deux années passées à l’approche du Tour de Lombardie. En 2021, Pogacar a abandonné le Giro dell’Emilia et a été incapable de suivre Roglic/Yates à Superga, puis battu au sprint par Almeida sur Milan – Turin, le tout 1 semaine puis 3 jours avant le Tour de Lombardie. Le jour J, personne n’avait pu le suivre dans le Ganda et il avait fallu une énorme descente de Masnada (né à Bergame) pour le reprendre dans la plaine. L’année dernière, il n’a pas pu suivre la roue de Mas dans San Luca, ni se débarrasser de Pozzovivo dans le final, à une semaine du Tour de Lombardie.

Malgré son manque de victoires, ses prestations ne semblent en rien alarmantes en prévision du Tour de Lombardie en comparaison des années précédentes. Il reste le grand favori à sa propre succession.

Quant à savoir comment UAE jouera la carte Yates, jusqu’ici, il n’a jamais vraiment été utilisé comme un second leader. J’ai du mal à imaginer que les plans changeront pour le Tour de Lombardie et pourtant, cette solution pourrait permettre à l’équipe d’augmenter grandement ses chances de victoire. Tout le monde aura les yeux rivés sur Pogacar, ils ne marqueront probablement pas le Britannique.

Roglic a poursuivi son immense saison en prenant la 3e place de La Vuelta ainsi que 2 victoires d’étapes, et une victoire au sommet de San Luca le week-end dernier. Une fin de saison et un niveau de forme assez proche de ce qu’il avait montré en 2021, remportant la Vuelta et signant le doublé Giro dell’Emilia / Milano – Torino un mois plus tard. Alors qu’il apparaissait de nouveau comme l’un des grands favoris, si ce n’est le favori, pour le Lombardia, il ne prendra que la 4e place, ne pouvant suivre l’accélération de Pogacar.

Sa fin de saison est aussi assez proche de ce qu’il avait fait en 2019 en enchaînant sa Vuelta victorieuse avec le doublé Giro dell’Emilia / Tre Valli, avant de finir 7e du Lombardia, un peu court mais aussi piégé tactiquement. La forme est indéniablement bonne, et il devrait de nouveau jouer les premiers rôles. Malgré tout, avec son passé, il est difficile d’en faire le favori ultime même si sa victoire serait tout sauf une surprise.

Evenepoel sera le seul parmi les favoris à ne pas avoir disputé au moins une course avant le Lombardia, ce qui suscite quelques doutes quant à sa forme. Il devrait cependant bénéficier de sa condition physique post-Vuelta et, par conséquent, être pleinement en course pour la victoire.

Déjà aligné en 2021, il n’avait pas été en mesure de suivre les meilleurs dans le Passo di Ganda, décrochant rapidement. À moins d’un problème majeur, il est difficile d’imaginer que cela se reproduira cette année.

Le Belge excelle dans la préparation de ses objectifs, il est même l’un des meilleurs dans le domaine sur les courses d’un jour. Cependant, cette fois-ci, il sera confronté à une forte concurrence, notamment avec Roglic et Pogacar, tous deux en excellente forme. Nous devrions enfin assister à une véritable bataille entre eux, sur une seule journée, alors qu’ils seront au meilleur de leur forme.

Avec le sprint comme nouvelle arme cette année, il aura confiance en sa capacité à jouer la victoire même en petit comité, là où il aurait été contraint de partir seul il y a seulement un an. S’il est suffisamment fort pour distancer 98% du peloton, Pogacar et Roglic sont d’un tout autre calibre. Si le Belge tente une attaque lointaine, les deux Slovènes réagiront immédiatement, car même en combinant leurs efforts, leurs coéquipiers ne pourront pas rattraper Remco.

à l’image de Yates côté UAE, Soudal aura Van Wilder au départ de la course. Le belge a montré être en excellente forme et pourrait aussi être utilisé en tant qu’option offensive. Mais, encore à l’instar de Yates, j’imagine qu’il sera plutôt au chevet de son leader.

Après une saison très difficile, Carapaz semble retrouver sa meilleure forme en cette fin de saison, prêt à se mesurer à ses adversaires. L’Équatorien a progressé tout au long du mois de septembre, et bien qu’il n’ait pas réussi à décrocher une victoire, ses performances lors de l’enchaînement Giro dell’Emilia / Tre Valli ont été plus que rassurantes, elles ont été très encourageantes même.

Les résultats sont d’autant plus étonnants que Carapaz prend très rarement part aux courses en fin de saison. La dernière fois que cela s’est produit, c’était en 2019, et il n’avait terminé aucune des courses italiennes, et encore avant, en 2016. Bien qu’il ne soit pas nécessairement reconnu comme le meilleur coureur sur les courses d’un jour, il a déjà démontré sa capacité tactique à profiter du marquage des favoris entre eux, comme lors de sa victoire aux JO de Tokyo ou en 2019 lorsqu’il a pris le pouvoir sur le Giro. Sa condition actuelle devrait lui permettre de jouer un rôle majeur, et étant donné son tempérament, il est presque certain qu’il tentera sa chance en attaquant. Cependant, il reste à voir si cette stratégie sera couronnée de succès.

Lors de ses dernières courses après La Vuelta, Vlasov semble être en très grande forme. En terminant 6e au Giro dell’Emilia et 3e aux Tre Valli, le Russe a une fois de plus montré qu’il possède une pointe de vitesse lui permettant de rivaliser avec les meilleurs leaders dans cet exercice. À en juger par ses performances, il devrait être en mesure de rejoindre le groupe de tête après l’ascension du Passo di Ganda. Bien qu’il éprouve quelques difficultés lors des longues ascensions, celles prévues pour samedi semblent tout à fait à sa portée. À l’instar de Carapaz, il pourrait être tenté d’anticiper en espérant que les favoris se neutralisent entre eux. À moins qu’il ne décide de faire confiance à son sprint.

À la même période l’année dernière, Mas volait. Il avait mis Pogacar en grande difficulté sur le Giro dell’Emilia avant de rivaliser avec le Slovène lors du Tour de Lombardie. Malheureusement pour lui, son manque de pointe de vitesse ne lui avait pas permis de remporter la course. Cette année, bien qu’il ne soit pas en mauvaise forme, Enric semble tout de même être un cran en dessous de sa condition de l’année dernière.


Mes Choix

J’imagine un scénario assez proche de ce que nous avons vu en 2021, à savoir que les meilleurs se détacheront dans le Passo di Ganda. Cette année, je ne pense pas qu’un coureur soit en mesure de partir seul. J’envisage plutôt un groupe assez restreint de 5 à 6 coureurs (Pogacar – Roglic – Evenepoel – Carapaz, au minimum) qui se retrouveront ensemble dans la vallée jusqu’à Bergame pour se disputer la victoire au sprint, et qu’ils ne seront pas rattrapés.

Dans ce scénario, Roglic, Pogacar et Evenepoel semblent se distinguer. Analysons les différentes issues. Commençons par Roglic. Le Slovène est l’un des leaders les plus rapides au sprint, même si son talent s’exprime encore mieux sur les arrivées punchy. Si je le vois dans le groupe qui se bat pour la victoire, je me pose des questions sur sa fraîcheur après une course aussi longue et sur l’efficacité de son sprint.

En revanche, Pogacar et Evenepoel sont deux coureurs extrêmement résistants. Le Belge a considérablement amélioré sa qualité en matière de sprint. Par le passé, il était impensable pour lui d’espérer l’emporter en petit comité, mais désormais, ce n’est plus un objectif inatteignable. Si l’on parle de sprint après une très longue distance, Pogacar est indéniablement l’un des (sinon le) meilleur dans cet exercice. Plus explosif qu’Evenepoel, Tadej bénéficierait d’un sprint plutôt court, là où les débats seraient peut-être plus équilibrés si le sprint était lancé de loin par Remco. Malgré tout, à mon avis, Tadej possède toujours un avantage au sprint. Une victoire de Pogacar donc, qui disposera de Roglic et Evenepoel. Je vous invite aussi à aller écouter l’épisode du Coup Tordu où Vincent, Thibaud et moi exposons nos arguments.


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