Giro d’Italia – Etape 16

Présentation de l’Etape

Salo > Aprica (202km) – 5 250m D+

Note : 5 sur 5.

Lendemain de la dernière journée de repos, début de troisième semaine avec une étape absolument brutale. Plus de 200km et 5 200m de dénivelé positif, une journée en enfer attend les coureurs du Giro demain !


Le Parcours

30 kilomètres de plaine pour démarrer l’étape avant d’entrer dans le vif du sujet. Au kilomètre 29 les coureurs devront grimper une côte non répertoriée de 5km à 5% suivie d’une très courte descente qui mènera directement au pied de la première ascension de la journée.

Le Goletto di Cadino devrait voir l’échappée du jour se former. Une ascension longue de près de 20km à 6.2% de moyenne, mais présentant des pentes assez irrégulières, alternant portions presque planes avec des pentes avoisinant les 10%. Un sommet qui va flirter avec les 2 000m d’altitude sans les passer.

La descente du col sera très longue, 22 kilomètres environ. Si elle présente quelques bouts droits, la route sera en général peu large et surtout très technique par endroit, notamment dans sa dernière moitié.

Une fois la descente terminée, c’est une portion de plaine de 30 kilomètres qui attend les coureurs, entrecoupée de quelques faux-plats montant. Rien de préoccupant en comparaison de ce qui va se présenter à eux au kilomètre 112.6 à la sortie d’Edolo.

La route commencera à s’élever mais le pied du Mortirolo n’est officiellement fixé qu’au kilomètre 117.3. A noter qu’il ne sera pas abordé par son versant le plus difficile, mais tout de même 12.6km d’ascension à 7.6% de moyenne sur une route pas excessivement large, cela n’est pas rien. Seulement une courte portion entre les kilomètres 9 et 10 présentant une pente plus douce.

Si l’ascension va peser très lourd dans les jambes des coureurs, sa descente va faire faire des cauchemars à beaucoup. Une descente de 15 kilomètres très technique, raide sur des routes étroites.

Il y aura ensuite une portion d’une vingtaine de kilomètres entre léger faux-plat descendant et plaine avant d’aborder la difficulté suivante, celle-ci étrangement non répertoriée au classement de la montagne, au kilomètre 166.4.

Une ascension assez courte comparée aux trois autres du jours mais présentant de très gros pourcentages notamment entre les kilomètres 1 et 4. La route sera ici aussi étroite.

La descente de 10 kilomètres qui suivra mènera les coureurs directement au pied de la dernière ascension de la journée.

L’ascension de la Santa Cristina sera longue de 13.5km à 8% de moyenne. Si les deux premiers kilomètres ne poseront aucun problème, plus les kilomètres défileront et plus la pente sera raide jusqu’à atteindre des portions à 12% de moyenne dans le dernier kilomètre. Une ascension vraiment difficile surtout dans sa deuxième moitié avec ses 6.5km à 10.1% de moyenne. La route se fera aussi beaucoup plus étroite dans la seconde partie d’ascension.

L’arrivée ne sera pas située au sommet mais 6 kilomètres plus loin. La majorité se fera en descente, une descente de 5km sur une route étroite présentant quelques virages en épingle au milieu.

La route s’élèvera de nouveau légèrement sur le dernier kilomètre pour aller chercher la ligne d’arrivée.


Météo

Une chose est sûre, les températures seront plus fraîches que ce que les coureurs ont connu la semaine dernière.

De la pluie est attendue demain à compter du milieu d’étape jusqu’à l’arrivée. Attention à la descente du Mortirolo qui pourrait être rendue encore plus dangereuse. Il y a aussi des risques d’orage. Une journée déjà bien compliquée qui pourrait vite devenir dantesque si la météo s’en mêle.


Le Scenario

Le Giro est connu pour son parcours très exigeant, cette troisième semaine en sera la démonstration. Une étape de 200km à plus de 5 200m de D+ au lendemain d’une journée de repos, cela est loin d’être anodin. Tous les coureurs ne réagissent pas de la même manière au sortir d’une journée de repos, et il vaudra mieux avoir bien géré sa récupération en vue de cette 16ème étape.

Encore une fois, qui de l’échappée ou des leaders au classement général se jouera la victoire ? Tout d’abord, le col placé 30km après le départ devrait voir une échappée de costaud prendre le large. Avec ce qui attend les coureurs j’ai du mal à imaginer un des membres du top 10 tenter de s’y glisser. En revanche on pourrait y retrouver des équipiers de certaines équipes (Astana – Bahrain – Bora en priorité) pour ne pas avoir à mener la chasse, ou alors pour que leurs leaders respectifs aient des relais plus loin dans l’étape.

Si personne n’est dangereux dans l’échappée, qui voudra prendre la charge de la chasse ? Avec ce que Bora a montré à Turin, on peut imaginer que les regards se tourneront vers eux en priorité. INEOS n’y aura aucun intérêt, Carapaz sera uniquement en défense du maillot face à ses adversaires directs. Quid de Bahrain et Astana ? Avec un Nibali retrouvé, l’équipe Kazakh pourrait tenter de garder les fuyards à portée de tir, tout comme la Bahrain pourrait vouloir le faire pour ses deux leaders.

L’échappée sera vraisemblablement composée d’excellents grimpeurs, et il n’y a pas un monde où le peloton rentrera sur eux simplement en roulant, une vraie chasse doit être menée ou bien l’écart maintenu raisonnablement dès le Goletto.

La portion de plaine entre le bas du Mortirolo et le pied de l’ascension vers Teglio me dérange. Avec sa descente technique le Mortirolo peut faire beaucoup de dégâts, mais les 20km de plaine pourraient en refroidir plus d’un. Mais dans ce cyclisme actuel où les attaques se font de plus en plus loin, je ne serais pas étonné de voir quelques excellents descendeurs tenter leur va-tout ici. Un peu à l’image de ce que DSM et Bahrain avait fait lors de la 20ème étape l’année dernière. Mais nous ne sommes peut-être pas assez avancé en troisième semaine pour assister à ce genre de mouvement.


Les Prétendants

Les chasseurs d’étapes

Trek : Ses larmes de joie à l’arrivée de la 15ème étape ne trompent pas, cette victoire est une vraie délivrance pour un Ciccone qui a retrouvé ses jambes. Un Giro sauvé mais l’italien ne semble pas vouloir s’arrêter là, et j’ai le sentiment que le maillot du meilleur grimpeur peut devenir un réel objectif. Excellent par mauvais temps, très bon grimpeur comme nous avons pu le redécouvrir et tout aussi bon descendeur, on se souvient de sa victoire en 2019 à Ponte di Legno dans cette même région et dans des conditions très compliquées. S’il a les mêmes jambes que dimanche et que l’échappée va au bout, il sera très difficile de lui contester la victoire.

BikeExchange : Deux victoires au compteur, Yates pourrait ne pas encore être rassasié. Son genou ne semble plus le géner et sa forme devrait être bonne car n’oublions pas qu’il s’était préparé en vue de remporter le Giro. Tout aussi fort que les leaders au GC même quand on voit sa victoire à Turin. Un autre gros client pour l’échappée demain. Capable de gagner ou d’exploser par beau comme par mauvais temps, Yates est une énigme.

Si un de deux hommes cités au-dessus se retrouve dans l’échappée du jour et que celle-ci peut se jouer la victoire, alors il y a de grandes chances qu’un des deux en sorte vainqueur. On peut tout de même citer quelques autres noms.

Eolo : Fortunato, désormais bien loin au général. Il ne lui reste que les échappés pour tenter de faire une partie de son retard et se rapprocher du T10, son objectif initial, ou bien pour viser les victoires d’étapes. Sa victoire au sommet du Zoncolan dans des conditions difficiles l’a révélée au grand public. Un nouveau coup ‘éclat sera compliqué demain, mais pourquoi pas.

UAE : UAE nous a encore fait la démonstration de son manque de sens tactique en l’absence de Pogacar. Tout le monde semble jouer de son côté laissant Almeida isolé, ou bien roulant pour rien juste parce qu’Almeida se sentait bien. Formolo sera leur meilleure carte ici mais j’ai des doutes pour plusieurs raisons. Premièrement, il sera certainement demandé à tout le monde de rester auprès d’Almeida dans une étape qui pourrait être compliquée pour lui. Ensuite, Formolo n’a pas paru aller bien du tout sur la 14ème et encore plus sur la 15ème étape, avouant avoir passé la pire journée de sa vie. Mauvaise forme passagère ?

Astana : Dombrowski n’a pas réussi à accrocher le bon coup lors de la 15ème étape, à la différence de ses équipiers De La Cruz et Tejada. On l’a vu tenter régulièrement mais par deux fois les leaders au général ont décidé de se jouer la victoire. S’il est à l’avant demain, attendons-nous de nous à ce que les leaders reprennent l’échappée, jamais deux sans trois ! Blague à part, excellent grimpeur qui performe dans des conditions difficile, cette étape lui convient.

Les leaders

INEOS : Actuel porteur du maillot rose, Carapaz se voit dans un rôle de défense plutôt que d’attaque. Pourtant, il faudra bien attaquer Almeida un jour et prendre assez de temps sur lui en vue du c.l.m afin de ne plus avoir à s’en préoccuper dans la montagne. Si la pluie fait bien son apparition, attendons-nous à une bonne performance de Richard dans des conditions dans lesquelles il excelle. Ce n’est probablement pas INEOS qui roulera pour l’étape cependant. Sa performance dans le Blockhaus lui donnera confiance dans Santa Cristina, une ascension assez similaire.

Bora : Deuxième à seulement 7″ de Carapaz, Hindley est son adversaire direct pour le moment. Il est apparu aux yeux de tous qu’INEOS est friable, et c’est Bora qui a exposé leur (relative) faiblesse au grand jour à Turin. Ils seraient bien inspirés de remettre le couvert demain, et ce le plus tôt possible pour isoler Carapaz. Et par la même occasion mettre Almeida en difficulté. Avec Buchmann a un peu moins de 2′ au général il pourrait aussi être utilisé pour mettre de la pression sur les grenadiers en attaquant pendant qu’Hindley et Carapaz se marquerait. Je ne m’attends pas forcément à une grande manœuvre d’Hindley jusque dans le final, où il fera confiance à son sprint.

UAE : S’il y a bien un homme pour qui je me fait du soucis demain, c’est Almeida. On le sait, il a des difficultés sous la pluie et dimanche ses lacunes en descente on été exposées. Si l’on regarde la météo et la descente du Mortirolo, tout est réuni pour qu’il passe une mauvaise journée. Il aura besoin d’un Formolo en grande forme à ses côtés pour limiter les dégâts. Opération survie pour le portugais.

Bahrain : Une des équipes qui doit tirer profit du profil de l’étape et des conditions météo demain. Landa et Bilbao ont tout deux perdu du temps sur l’étape de Turin et verront une occasion de corriger le tir. Avec la Bora, c’est l’équipe qu’il faut s’attendre à voir prendre les choses en main pour mettre d’une part Almeida en difficulté et tenter d’isoler Carapaz au plus vite. Un peu plus loin au général, à l’image de Buchmann, Bilbao pourrait tenter de s’échapper dans la descente du Mortirolo pour accentuer la pression et effectuer un rapproché au général. Tout comme Landa pourrait profiter du marquage Hindley/Carapaz dans Santa Cristina pour grapiller un peu de temps. Une ascension assez proche du Blockhaus où il était un des 3 meilleurs.

Astana : Que dire de Nibali ? Le sicilien semble libéré depuis l’annonce de sa future retraite, il court à un niveau qu’on avait plus revu depuis 2019 et sa deuxième place au général du Giro. Giro qu’il aurait dû gagner s’il ne s’était pas préoccupé uniquement de Roglic. Excellent par mauvais temps, en forme sur les troisième semaine et capable de gérer les lendemain de jour de repos, si ses jambes sont effectivement celle de 2019, il sera dans le match pour la victoire. Et pour le moment, aucun signe ne permet de penser que ça ne sera pas le cas, sa forme allant en s’améliorant au fur et à mesure des jours depuis le départ. De plus, ses 3′ de retard sur Carapaz lui donneront la possibilité d’attaquer sans être automatiquement pris en chasse. Pourquoi pas tenter de mettre la pression à ses adversaires dès la descente du Mortirolo ? Peu oseront le suivre, mais les 20km de plaine seront terribles s’il est seul.


Mes Choix

Je m’attends à une course agressive de la Bora et des Bahreïnis en particulier. Ces équipes imprimeront un rythme élevé pour mettre UAE et INEOS sous pression, un rythme qui ne permettra pas aux échappés de prendre assez d’avance pour aller se jouer la victoire. Je n’imagine pas les favoris arriver groupés dans Aprica, il y aura eu des attaques et des hommes auront cédés. J’imagine ici Pozzovivo et Almeida notamment perdre du temps. Hindley s’est montré fort mais sur une journée comme demain, Carapaz aura ma faveur si les deux venaient à ne pas arriver ensemble. En revanche, dans le scenario où ils se marqueraient trop, Nibali est un des hommes qui pourrait en profiter pour aller décrocher le gros lot. Ciccone et Yates seront tout de même à surveiller dans l’échappée, si deux hommes ont potentiellement les capacités de résister demain, ce sera probablement un des deux.

  • Carapaz @ 4.55 (0.25%)
  • Nibali @ 10.4 (0.2%)

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :