Début de cette 3ème et dernière semaine de ce Giro. 193 kilomètres au départ de Canazei pour une arrivée au sommet de Sega di Ala.
LE PARCOURS
Les 55 premiers kilomètres ne seront qu’un long faux plat descendant. On peut donc imaginer que la bataille pour l’échappée fera rage, la première difficulté n’intervenant qu’après ce 55ème kilomètre.
L’ascension de Sveseri sera courte mais violente, 2.9 kilomètres à 9.3% de moyenne. On peut imaginer que si l’échappée ne s’est pas formée avant, c’est ici qu’elle trouvera un terrain plus propice à creuser les écarts. Seulement, si elle ne sort toujours pas ici, les choses pourraient vite se compliquer, du moins pour les grimpeurs, car ce sont ensuite 35 kilomètres en descente jusqu’au sprint intermédiaire de Trento puis 50 kilomètres de plat qui attendent les coureurs. Au kilomètre 140 débutera enfin la seconde partie de la course, la plus difficile.

L’ascension du Passo San Valentino servira de mise en bouche pour ce qui attend les coureurs dans le final. Et quelle mise en bouche : 15 kilomètres à 7.8% de moyenne.
Une première sélection sera faite ici dans les coureurs de l’échappée. Dans le peloton, INEOS n’a pas d’intérêt particulier à visser. Bernal a montré être au-dessus des autres, pas besoin de cramer ses équipiers à ce moment là. Si coup de force il doit y avoir, cela viendra soit d’Astana soit d’EF, les 2 équipes que nous avons vu tenter quelque chose dernièrement, avec les conséquences que l’on connaît ! Est-ce que BikeExchange aura les moyens de se mêler aux deux autres équipes ? La route sera étroite, parfait si une équipe décide de mettre en route.
Il y aura ensuite une longue portion descendante de 17 kilomètres, entrecoupée par endroit de portions de replat, surtout dans sa partie finale. Autour du village de Fontechel (kilomètre 165) il y aura quelques portions techniques, mais peut-être pas assez difficile pour y créer des écarts conséquents.
Il y aura une dizaine de kilomètres de plat au pied de la descente qui mèneront les coureurs au pied du juge de paix de la journée : Sega di Ala.

Des mots même d’un des régional de l’étape, Damiano Cunego (vainqueur du Giro 2004 pour les plus jeunes), une ascension difficile et la portion entre les kilomètres 7 et 9 “incroyable”.
6 premiers kilomètres à plus de 10% de moyenne, avant un “replat” à 7.5%. Puis la troisième partie de l’ascension, terrible : 2 kilomètres à plus de 12% de moyenne avec des pentes avoisinant les 20% dans certains lacets.
Le final sera plus “simple”, à 5.3% de moyenne sur les 2 derniers kilomètres. Mais à ce moment là, les dégâts seront probablement déjà fait. Une ascension qui, comme le Zoncolan et le Passo Giau, mettra chacun à sa place.


METEO
Le peloton sera gâté demain : pas de pluie ! Cela va faire du bien au moral et aux organismes.
Il soufflera un vent de Sud-Ouest tout l’après-midi, ce qui signifie que la majorité de la course se fera avec un vent défavorable, jusqu’au pied de l’ascension de San Valentino au kilomètre 140. L’ascension et sa descente se feront avec un vent plus favorable.
Les 10 kilomètres de plaines entre les deux ascensions seront vent de face, et finalement l’ascension de Sega di Ala se fera avec un vent majoritairement de côté.
Le vent ne soufflera cependant pas fort demain (moins de 10km/h), et l’ascension de Sega di Ala sera bien abritée.
LES PRETENDANTS
Qui voudra rouler derrière l’échappée demain ? Certainement pas INEOS. Bernal a le maillot bien accroché aux épaules, aucun intérêt de prendre des risques et de fatiguer ses équipiers avant la montée finale. Bernal doit simplement être sur un mode plus défensif cette semaine, il a déjà crée les écarts. Astana et EF pourraient être intéressé par la chasse, mais comme sur le Zoncolan et le Passo Giau lorsqu’elles ont essayé, elles se sont pris un sévère retour de bâton.
Cela ne signifie pas que ces équipes ne rouleront pas, mais probablement pas avant l’ascension finale, où les échappés pourraient avoir gardé assez d’avance pour pouvoir se jouer la victoire, comme sur le Zoncolan. Bien que les écarts soient facilement contrôlable avant l’ascension de San Valentino, je ne pense donc pas qu’une équipe prenne la responsabilité de la chasse.
Pour prendre l’échappée, il faudra être bon rouleur ou bien avoir un équipier bien sympathique pour aider à s’y glisser, car mis à part la côte au kilomètre 55, les 140 premiers kilomètres risquent de ne pas plaire aux purs grimpeurs ! La bataille devrait faire rage pendant un petit moment pour prendre la bonne.
Pour se donner une idée des hommes pouvant composer cette échappée, il faut regarder les hommes présents à l’avant lors de l’étape du Zoncolan et du Passo Giau.
On peut commencer avec les “usual suspects”, Mollema et Bennett. Très souvent à l’avant, mais pourtant toujours battu jusqu’ici, souvent sur des étapes qui semblaient mieux leur convenir qu’au vainqueur sur le papier. Si je ne crois pas en Bennett, je pense que Mollema a ses chances demain. Il n’est pas sorti sur l’étape du Passo Giau, demain devrait être son tour. Bon rouleur et bon grimpeur, ils cochent à priori toutes les cases.
Pedrero a réalisé une excellente ascension du Passo Giau, avant d’être rattrapé et dépassé par les leaders et Almeida. S’est-il économisé voyant qu’il ne pourrait pas gagner, ou bien était-il tout simplement à bout de force ? On ne le saura pas. En revanche, la forme est bonne et il représente la meilleure chance de Movistar, qui n’a plus qu’une victoire d’étape à jouer sur ce Giro. La seule chose qui me dérange, c’est que justement, il court chez Movistar et ça pourrait bien être Oliveira qui se retrouve à l’avant.
Formolo et Martin n’ont aussi que les victoires d’étape à aller chercher, désormais trop loin au général. Martin trouvera en Sega di Ala une ascension aux pourcentages qui devraient lui convenir ! Dans le groupe des favoris, je ne donnerait pas beaucoup de chances à Formolo de s’imposer. Mais ici, en considérant que l’échappée ne sera pas composée uniquement de grimpeurs à la vue du départ, ses chances augmentent à mes yeux. A noter que Formolo sera le local de l’étape, Sega di Ala n’étant qu’à une vingtaine de kilomètres de Negrar, son village natal.
Fabbro aura désormais plus de liberté avec l’abandon de Buchmann. Le petit grimpeur aura très probablement besoin de soutien pour se glisser dans l’échappée, l’aide de Grossschartner pourrait être primordiale. Il était dans la bonne sur l’étape du Passo Giau avant de prendre la cassure dans la descente. Demain, s’ils accrochent les bonnes roues et qu’il se retrouve dans le groupe de tête au pied de Sega di Ala, il pourrait être un des meilleurs grimpeurs à l’avant !
Il convient bien entendu de citer les 3 hommes qui ont fait le spectacle dans le Zoncolan : le vainqueur Fortunato, Tratnik et le surprenant 3ème Covi. Les pentes de Sega di Ala ne seront pas bien différentes du Zoncolan, il ne paraît donc pas insensé de penser à ses 3 hommes pour l’échappée et une potentielle victoire d’étape.
Nibali était aussi présent dans l’échappée du Passo Giau. Un peu court cependant, mais les signes d’un retour de forme après sa blessure sont bien là ! Vincenzo ne joue plus le général et ne semble pas cantonné au rôle d’équipier pour Ciccone. Il faut noter que le requin s’est déjà imposé sur les pentes de Sega di Ala en 2013 à l’occasion du Tour du Trentin. A l’image du Tour 2019 où il n’avait plus rien à jouer et part remporter vaillamment l’étape de Val Thorens, Nibali va t-il en décrocher une sur ce Giro ?
Enfin, mon intuition me dit que Cepeda a enfin compris que le Giro a débuté, et qu’il tentera de prendre l’échappée demain ! Je ne t’abandonnerai pas Jefferson Alexander.
Chez les favoris, verra t-on EF et Astana tenter de durcir la course dans Sega di Ala ? C’est possible, mais Bernal semble tout bonnement intouchable pour le moment et se contentera de couvrir les attaques de Carthy, et peut-être Yates et Vlasov, qu’il ne voudra pas laisser revenir dans la course. Je m’attends à une stratégie très défensive de Caruso, qui voudra protéger sa deuxième place. Ciccone et Bardet devraient avoir un peu plus de marge, et si on se réfère au Zoncolan, je m’attends à une nouvelle bonne ascension de Ciccone. Romain semble avoir retrouvé ses jambes, mais les écarts qu’il a creusé / comblé lors de l’étape du Passo Giau sont surtout dû à son incroyable descente. Je doute qu’il en creuse demain.
MES CHOIX
Je pars tout d’abord sur le requin de Messine demain. Des jambes retrouvées, une blessure qui semble moins l’handicaper, une ascension qu’il connaît et une liberté d’action : tous les ingrédients pour que Nibali morde demain ! La Trek enverra très certainement quelqu’un à l’avant, et si Vincenzo n’y est pas, alors il y a fort à parier que Mollema en sera. Covi m’a impressionné en deuxième semaine, et bien qu’une grande inconnue plane sur sa condition en 3ème semaine (premier GT pour le jeune italien) j’ai envie de croire qu’il sera là demain. Je vais aussi jouer la carte du local de l’étape en la personne de Formolo. Il grimpe bien sur ce Giro, et doit en grande partie son retard à un problème mécanique dans l’étape de Montalcino. Une victoire d’étape est son nouvel objectif, et quel meilleur endroit qu’à la maison ? Je choisi aussi de couvrir Fabbro. Un choix risqué compte tenu du profile des 50 premiers kilomètres. Mais je pense que Bora mettra Grossschartner à sa disposition, tant que le maillot Ciclamino de Sagan n’est pas mis en danger au sprint intermédiaire par Cimolai. Enfin, Cepeda, car après tout, pourquoi pas.
- Nibali @ 30 (0.15%)
- Mollema @ 40 (0.1%)
- Covi @ 46 (0.1%)
- Formolo @ 20 (0.15%)
- Fabbro @ 45 (0.1%)
- Cepeda @ 60 (0.1%)