Enfin nous y sommes, la 16ème étape du Giro 2021, l’étape Reine. 212 kilomètres dans les Dolomites, et près de 5 700m de dénivelé positif. Une journée infernale et décisive dans la lutte à la Maglia Rosa en prévision.
LE PARCOURS
Le peloton devra pleinement profiter des 12 premiers kilomètres de course, car la route va très vite s’élever ! Dès la sortie du village de Fratte, la fête pourra commencer.

Un première catégorie pour bien débuter cette journée ! 13 kilomètres à 7% de moyenne. L’échappée se formera ici selon toute vraisemblance. INEOS devra être extrêmement attentive et vérifier quels sont les hommes qui tenteront de s’extirper du peloton. Les prétendants au maillot bleu n’auront pas le droit de se louper.
Il y aura ensuite une longue portion descendante jusqu’au kilomètre 45. Les 3 derniers kilomètres de la descente comportent des portions assez techniques.
C’est ensuite une longue portion de faux plat montant qui attend les coureurs, portion qui les mènera au pied de la seconde ascension du jour au kilomètre 115.

14 kilomètres à 7.6% de moyenne. Si les 8.5 premiers kilomètres d’ascension semblent abordables, les 5 500 derniers mètres seront terrible à plus de 11% de moyenne. Verrons-nous dès ce moment là INEOS ou une autre équipe visser pour commencer l’essorage des équipiers ? Pour la première fois de la journée, nous passerons les 2 000m d’altitude.
Une descente d’une dizaine de kilomètres mènera directement les coureurs jusqu’à Canazei où la troisième ascension du jour débute.

Le Passo Pordoi sera la Cima Coppi de cette édition 2021, le point le plus haut atteint par le Giro. Culminant à plus de 2 230 mètres, il est long de 12km à 6.8% de moyenne. Des pentes plus régulières entre 6 et 7%, et moins violentes que le final du Passo Fedaia, il n’en sera pas moins difficile, rien que par l’altitude. Les prétendants au maillot bleu doivent quasi impérativement passer en tête au sommet.
La longueur et les pourcentages sont parfaits pour mettre en place un train avec un rythme élevé pour faire suffoquer ses adversaires. Et si ce n’est pas le cas, alors des hommes plus loin au général avec encore une vue sur le classement pourront tenter leur chance, à la manière d’un Froome en 2018.
Au sommet, il restera moins de 60 kilomètres à couvrir.
Suivra une descente d’une douzaine de kilomètres à -6% de moyenne avec de nombreux virages en épingle. Technique, elle peut tout à fait permettre aux meilleurs descendeurs de creuser de beaux écarts sur les moins agiles du peloton.

Les 20 kilomètres après la descente seront une succession de petites côtes et de courtes descentes jusqu’à Codalonga au kilomètre 186, le pied du Passo Giau.

Le Passo Giau sera la dernière ascension de la journée, et certainement pas la plus simple ! 10 kilomètres à 9.3% de moyenne, elle ne présentera aucun portion de repos. La montée sera violente et après tant de kilomètres dans la journée, les hommes à la limite pourraient bien finir par voler en éclat. Nous passerons pour la troisième fois de la journée les 2000m d’altitude
Au sommet, il restera 17 kilomètres à parcourir.
La majorité de ces 17 kilomètre sera en descente, mis à part une côte d’un kilomètre à 8 kilomètres de l’arrivée.
Une descente une nouvelle fois technique qui mettra les compétences des coureurs à rude épreuve. Il faudra redoubler d’attention pour ne pas commettre de faute si proche de l’arrivée.
A l’entrée dans Cortina d’Ampezzo, la route s’élèvera de nouveau pour les 750 derniers mètres (4.6% de moyenne). La dernière ligne droite de 400m se fera dans une petite rue pavée.

METEO
Comme si le profil de l’étape n’était pas suffisant, une météo horrible viendra se mêler à la partie. De la pluie (neige ?), des températures approchant les 0° dans les cols. La forte pluie rendra les descentes de Pordoi et Giau encore plus dangereuses. Il faudra redoubler d’attention.
LES PRETENDANTS
Comme on a pu le voir de nouveau lors de l’étape du Zoncolan, les leaders ne semblent pas intéressés par les victoires d’étape. Était-ce uniquement par peur de laisser trop de forces avant la troisième semaine, un manque d’équipier pour mener la chasse ou la peur des INEOS ?
L’étape de demain sera autrement plus difficile et l’enchaînement de cols, avec un départ sur un première catégorie, pourrait ne pas permettre aux échappés de prendre assez d’avance pour résister au retour des favoris.
Tout dépendra finalement du tempo du peloton dans la plaine entre la première difficulté et le pied du Passo Fedaia. Cette section nous permettra d’évaluer concrètement les chances de l’échappée.
Le Passo Fedaia est peut-être un peu loin pour lancer les grandes manœuvres chez les favoris, mais pourquoi pas voir des premières attaques dès le Passo Pordoi ? Les rampes seront moins démoniaques, et de nombreux leaders y réfléchiront à deux fois avant de prendre la roue d’un potentiel fuyard ! Probablement un quitte ou double, mais qui ne tente rien n’a rien, demandez à Froome.
Il faudra bien sûr être un excellent grimpeur mais encore plus un très bon descendeur demain. Les descentes seront décisives pour continuer à creuser les écarts.
Bernal et Yates ont semblé un ton au-dessus des autres sur le Zoncolan. Pour Bernal, cela fait bientôt deux semaines qu’il est au-dessus, mais Yates pourrait bien arriver à son pic de forme au meilleur des moments. Les deux hommes cochent toutes les cases pour jouer la victoire demain. Si les choses se passent comme lors de l’étape du Zoncolan, ces deux-là devraient pouvoir de nouveau s’isoler pour se disputer la victoire. Pour leurs adversaires, il conviendra de tenter avant !
Caruso est lui un très solide troisième pour le moment. Celui qui a dû prendre en catastrophe le rôle de leader pour la Bahrain se révèle être bien plus qu’un second choix ! Il est vrai que Damiano ne gagne pas souvent, mais je ne serai pas étonné de le voir terminer dans les premiers l’étape de demain !
Après avoir perdu 2 minutes dans l’étape de Montalcino, Ciccone a immédiatement redressé la tête. Sa montée du Zoncolan a été rassurante, et avec Nibali hors de la bataille au GC il est définitivement le leader chez Trek. Il a montré exceller sous la pluie, dans les cols long et difficile, ainsi qu’en descente. Tout comme Bernal et Yates, il coche quasiment toutes les cases de main. Ciccone est un attaquant et je pense que demain ne fera pas exception à la règle, comme lors de la 20ème étape du Giro 2019 où il était parti en contre-échappée à près de 120 kilomètres de l’arrivée. Quelle sera l’attitude du petit prince demain ?
En évoquant cette 20ème étape, il convient aussi de parler du vainqueur ce-jour là : Pello Bilbao. Un coureur qui excelle dans ces courses d’endurance au dénivelé monstrueux. Très bon grimpeur et probablement un des meilleurs descendeur du peloton, il passe totalement inaperçu sur ce Giro malgré un Tour des Alpes prometteur. Pello se réserve t-il pour demain ? Avec la perte de Landa en première semaine, on l’aurait imaginé en chasseur d’étape, mais ce ne fût pas le cas. les jambes semblent ne pas répondre, tout simplement.
Vlasov a craqué dans le Zoncolan, concédant plus d’une minute à Bernal et Yates. Un simple coup de moins bien ou le signe plus grave d’une forme pas encore (plus) présente ? Reverra t-on Astana tenter de piéger des coureurs dans les descentes demain ?
J’ai été assez surpris de voir Carthy distancé dans les forts pourcentages du Zoncolan, lui qui apprécie en général les pentes comme celles-là. Je m’attends à voir un Carthy complètement différent demain.
Pour Evenepoel, je pense que demain sera la journée la plus difficile pour lui. Les jambes semblent se faire lourdes, et il ne semble absolument pas à l’aise dans les descente, ce qui est totalement compréhensible. Je m’attends de nouveau à le voir perdre du temps demain et abandonner tout espoir de figurer sur le podium final.
Enfin, Bardet. Une nouvelle fois, sur le papier, l’étape semble convenir à Romain et ses qualités de grimpeur, descendeur et à tenir la distance dans des conditions difficile. Malheureusement, il ne me fait pas une très bonne impression depuis le début. En revanche, cela ne l’empêchera probablement pas de tenter. Lui et Ciccone pourraient trouver un terrain d’entente pour attaquer Yates et Bernal, n’étant pas forcément vu comme les prétendants les plus dangereux actuellement au classement final.
Comme ce Giro fait la part belle aux échappés, je vais tout de même en faire une sélection.
La Bora a perdu son leader en la personne de Buchmann. Les équipiers seront désormais libres d’aller à l’avant, et le grimpeur de poche Fabbro pourrait être l’heureux élu. Grossschartner et Aleotti pourrait aussi tenter leur chance. Chez UAE, Formolo a perdu tout espoir de bien figurer au GC, et devrait se tourner vers les victoires d’étape. Le verrons-nous à l’avant dès demain ? A la vue de ce qu’il montrait en montagne, il semble avoir les capacités requises pour s’imposer sur cette étape. Et bien sûr, l’éternel Cepeda car il y aura bien un jour où il viendra confirmer ce qu’on a vu sur le Tour des Alpes ! De très fortes chances de voir Bouchard, Hirt, Bouwan ainsi que la moitié de la Movistar à l’avant.
MES CHOIX
A la vue de la forme qu’ils affichent, difficile de ne pas partir sur Yates et Bernal à première vue. Un cran au dessus de la mêlée sur le Zoncolan, je ne les imagine pas exploser demain. En revanche, je ne les vois pas passer une journée tranquille, ils seront attaqués, et dans ce rôle je vois bien Ciccone. L’étape et les conditions lui conviennent, Giulio l’attaquant pourrait faire parler la poudre ! Fabbro et Cepeda mes deux choix échappée.
- Bernal @ 7 (0.4%)
- Yates @ 15 (0.25%)
- Ciccone @ 29 (0.2%)
- Fabbro @ 28 (0.1%)
- Cepeda @ 65 (0.05%)